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Critique de Zoeprendlaplume


Monstresse(s) est une anthologie publiée chez Noir d'absinthe, sous la direction d'Emilie Chevallier. La couverture est signée Émilie Léger.
12 plumes, 12 textes qui déclinent la monstruosité et ses facettes au féminin.

En voici la composition :
- Xavier L'homme, Gésines
- Maxence Madone, Adeline Mollette
- Sarah Kügel, Mosquita Muerta
- Dola Rosselet, Enracinée
- Gillian Brousse, La complainte de Saddie Burnell
- Népenth.S, Les griffes en dehors
- Émilie Chevallier, Une affaire de famille
- Charlène Ferlay, Violin Mantis
- Eli Boudeau, Paradis perdus
- Maëlig Duval, Oh lala, Lola !
- Kathrine Hasnaoui, La monstration
- Morgane Stankiewiez, Incouchement.

Je redoutais la lecture de ce recueil, tant je sais que la maison ne fait pas de cadeau : quand elle explore une thématique, elle ne plonge pas seulement dedans, elle en embrasse toutes ses facettes, pour explorer, questionner, faire douter, et amener le lecteur à s'interroger… on ressort rarement indemne des publications de la maison. Monstresse(s) est de celles-ci.

Le travail formel de chaque écrivain est remarquable. A chaque fois, j'ai trouvé l'écriture parfaitement adaptée au récit, tant dans le style, la narration et la forme. le recueil propose 12 textes variés, lui donnant déjà en cela un visage difforme, à l'image du Monstre. Imaginaire, SF, réalisme, cadre urbain ou désertique… la monstruosité est partout et prend toutes les formes : une petite comptine par ici, une petite fable par là, aux côtés de textes tantôt poignants, tantôt d'une froideur clinique et glaçante.

L'anthologie décline la figure du Monstre, au féminin. Oui, c'est dur. Violent, dérangeant, déstabilisant. Car toutes ces femmes ne sont pas devenues des monstres pour rien. La violence de leurs actes est proportionnelle à tout ce qu'elles ont subi, dans le silence, des années durant. Elles ne sont que l'expression, la partie immergée de l'iceberg qu'est la violence qu'elles ont vécue.

Alors, les textes interrogent la monstruosité, dans sa nature. Est-elle celle qui se manifeste de manière la plus visible ? Ou est-elle plutôt insidieuse, tue, acceptée, celle devant laquelle on détourne les yeux ?
J'ai ressenti de la compassion pour toutes ces femmes. J'ai souffert, fomenté avec elles leur vengeance. J'ai même applaudi parfois, laissant échapper un « bien fait » à l'encontre de leurs victimes. Ce recueil est souvent cathartique…

Un petit coup de coeur particulier pour la nouvelle Mosquita Muerta de Sarah Kügel, qui se déroule dans le désert; la touffeur ambiante fait gonfler la tension, et paysage et femme se mélangent pour créer une monstruosité dans tout son naturel, dépourvue de fards, avec une violence nue et crue.

Aucune fausse note dans cette anthologie, même si les textes sont variables, tant en longueur, les thèmes traités ou les tons. Cette apparente difformité colle bien à la thématique de l'anthologie… Mais on peut aussi considérer que chaque nouvelle est une facette de la figure protéiforme du Monstre. Ainsi, ensemble elles en dessinent la multitude de traits et reconstituent une partie de son visage. Une manière d'apprendre à le cerner. Dans tous les cas, Monstresse(s) est une anthologie de très grande qualité. Je suis passée par toutes les émotions, et le travail d'écriture m'a énormément plu.
Lien : https://zoeprendlaplume.fr/n..
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