«Le nom délimite, cloisonne, fige. Il crée des barrières qui éloignent du Tout. Kael est bien malchanceux d'en avoir reçu un», songea le Vampire, placide.
L'autre inclina légèrement la tête. Un tintement cristallin retentit alors.
«Mais le nom offre également une existence définie et propre à toute chose qui compose le monde.»
J’ai troqué mon existence paisible pour une nuit sans fin. Si c’était à refaire, je le referais sans hésiter.
Cette femme était un hiver sans fin, son visage semblable à la surface d'un lac gelé, ses yeux comme deux stalactites qui se plantaient dans le coeur aussitôt la paupière entrouverte, sa bouche ne soufflait qu'un blizzard désarmant et son âme était pétrifiée sous une montagne de glace.
J'avais fait ce que ma conscience m'avait dicté. C'est ainsi que doit vivre un homme, non ? Sans regret.
Si nous entamions une guerre contre la Nature, je craignais que nous soyons perdant, même en cas de victoire...
J'ai troqué mon existence paisible pour une nuit sans fin.
Si c'était à refaire, je le referais sans hésiter.
- Je n'ai jamais donné de nom à mon maître, murmura-t-elle entre les râles du combat. J'aurais peut-être dû... On oublie parfois ce qui est le plus important....
- Qu'est-ce qui est le plus important ? lui demandai-je le souffle court.
-D'aimer. Quelle que soit la forme.
Pourtant, en entendant ces hommes et ces femmes qui prêchaient le vivre ensemble, le respect, l'équilibre entre prendre et donner, je ne pouvais qu'admettre leur sagesse. Si nous entamions une guerre contre la Nature, je craignais que nous soyons perdants, même en cas de victoire...
En nous enchaînant l'un à l'autre, nous nous étions libérés. Il était né de cette délivrance un lien immuable qui façonna les années suivantes de la plus sincère et de la plus pure des manières.
Mensonges ! Ne vivons plus dans l'illusion. Il n'y a ni Dieu ni Diable ; l'Homme n'est qu'un animal parmi les autres. Et à ceux qui prônent que le vampire est son antagoniste, détrompez-vous. Il est son maître.