AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782375681374
308 pages
Editions du chat noir (01/04/2020)
3.97/5   53 notes
Résumé :
Après avoir fait le choix de sauver la vie d’un vampire, Nathanaël est contraint de fuir son village. Réfugié au plus profond de la forêt où ces créatures gardent les ombres, il est adopté par l’une d’entre elles qu’il nomme Kael, scellant ainsi son destin. Malgré sa nouvelle condition d’animal domestique et le silence permanent de son maître, Nathanaël observe la communauté qu’il intègre et dont il ignore tout. Pour la première fois, il apprend à contempler ces esp... >Voir plus
Que lire après Les chaînes du silenceVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (34) Voir plus Ajouter une critique
3,97

sur 53 notes
5
13 avis
4
12 avis
3
6 avis
2
2 avis
1
0 avis
Première immersion dans la plume de Céline Chevet, gagnante du PLIB de l'année dernière avec « La fille qui tressait les nuages » (que je n'ai pas lu, car deux copines m'ont expliqué quelques passages et je pense que ce sera un blocage). Cette nouvelle histoire semblait davantage me correspondre, en particulier avec cette immense forêt remplie de vampires. de plus, j'étais émerveillée par la couverture représentant ces deux silhouettes au milieu d'arbres immenses, faisant face à ce cerf géant… Finalement, cet ouvrage fut plaisant et intéressant. Bien que simple, j'ai apprécié sa construction : on distingue deux récits qui s'entremêlent et évoluent de façon simultanée sans pour autant perdre le lecteur ou être rébarbatif.

D'un côté, on suit les aventures d'une enfant et d'un Vampire. Ensemble, ils cheminent à travers la végétation hostile, croisant la route d'humains plus ou moins intentionnés, de buveurs de sang et de monstres titanesques. le lien de ce duo est particulier : le Vampire tolère la présence de la bambine, mais la laisse se débrouiller face au danger. de son côté, la fillette voue une admiration sans faille à celui qu'elle appelle « Maître » et semble déterminée à le suivre, même si elle ignore où ils se rendent. Tous deux ne se parlent pas toutefois, il y a quelque chose de très fort qui va constamment évoluer au fil des chapitres. Leur relation m'a paru très intéressante, fragile, étrange, fascinante, dérangeante et mystérieuse.

Le fil rouge de cet étrange binôme semble être le second récit : le journal intime de Nathanaël, un trentenaire ayant vécu toutes sortes de péripéties en rapport avec les êtres de la nuit. Avec un petit côté torturé et mélancolique digne de Louis (« Entretien avec un vampire » d'Anne Rice), le jeune homme va retracer ses mésaventures, avec sa première confrontation avec les vampires ainsi que ses découvertes. Grâce à lui, on en saura davantage sur leur mode de vie, leur façon de communiquer très insolite, leur quotidien, leurs rites, leur perception des autres races, leur manière de grandir, etc. C'est tout simplement captivant ! Avec brio, l'auteure n'a pas cédé à la facilité : ses personnages ne sont pas manichéens, mais bien complexes et nuancés. Chacun a ses forces, ses failles et agira selon ses convictions… le trio principal (Kael, Téméra et Nathanaël) a directement suscité mon intérêt, si bien que je dévorais les pages avec satisfaction. Je ne me suis pas attachée à eux, mais je désirais connaître leur destin.

C'est assez contemplatif et paisible. Ainsi, on ne peut pas dire qu'il y a beaucoup d'action dans ce roman qui a tendance à proposer beaucoup de réflexions ou de dialogues. Toutefois, je ne me suis pas ennuyée pour autant. Certains passages étaient remplis d'horreur ou de tension, tandis que l'ambiance ainsi que les mystères rendaient la lecture immersive ! J'avais envie d'en savoir plus sur ces différents narrateurs et sur l'univers inquiétant inventé par Céline Chevet. Cette dernière a su revisiter le mythe du vampire de façon originale, notamment dans la façon dont les buveurs de sang communiquent. Je pense néanmoins que l'on aurait pu creuser davantage certains rites malheureusement encore secrets (par exemple, quel est le fameux « autre chose » que deviennent les vieux vampires ?). de plus, j'ai été déçue par la place des Monstres. Ces derniers auraient pu être davantage développés ou être davantage présents dans le scénario. Hormis deux/trois interventions, je me suis demandée leur utilité si ce n'est représenter un danger supplémentaire.

Quête identitaire, différence, tolérance, violence, tragédie, obscurité et onirisme seront des thèmes mis en avant dans « Les chaînes du silence ». J'ai globalement apprécié ce titre dont je reconnais volontiers les atouts et les points faibles. Je suis curieuse de découvrir « Sous les sabots des dieux » que je me suis procurée et dont j'ai lu de bons avis du côté des jurés du PLIB…
Lien : https://lespagesquitournent...
Commenter  J’apprécie          152
Quel roman… atypique et surprenant. Quelle belle surprise, je vous garantie que ceux qui osent dire que la littérature francophone n'a plus rien à offrir n'en n'ont pas fait le tour…
Ah ! J'aime ces romans qui me laissent coite et empêtrée dans mes émotions.

Tout d'abord l'écriture de Céline Chevet est fine, fluide, délicate, quasiment poétique. On sent l'emprunte japonaise de l'autrice notamment à travers les descriptions des forêts et des bêtes, une forme de lyrisme imprègne le roman. Elle maîtrise bien sa temporalité en scindant sa narration en deux niveaux. le passé émerge dans le présent grâce au journal de Nathanaël que l'humaine lit au Vampire. Ainsi nous suivons deux duos de protagonistes, ceux du passé Kael et Nathanaël, et, ceux anonymes du présent, le Vampire et son humaine.

Le journal relate la récit principal tout en donnant du volume et une justification au Vampire, il alimente, en outre, son mystérieux objectif. le tout fonctionne plutôt bien, cependant et, s'il ne devait y avoir qu'un seul bémol, j'ai trouvé que le Vampire peinait à prendre consistance malgré l'humaine et l'histoire narrée dans le journal qui prédit presque l'avenir potentiel du duo du présent. le fil rouge, celui qui prend aux tripes, est donc bel et bien la vie de Nathanaël et Kael.

La relation de ces derniers sous-tend tout le roman et, si l'on sait que cela va se finir en tragédie dès le début, loin de rendre le cheminement superflu, celui lui confère plus de profondeur et de contraste et permet au lecteur de s'attacher davantage aux liens décrits entre les deux protagonistes principaux puisqu'il en connait la fin dramatique. Leur histoire c'est le parcours initiatique de l'apprentissage de l'autre, le mariage constant des contrastes qui tantôt s'apprivoisent et tantôt se confrontent. Une ode à assumer toutes les formes d'amour et à l'empathie.
Les personnages sont travaillés profondément, leurs émotions comme leurs psychés sont complexes et changeantes leur donnant autant de réalisme que d'épaisseur. Toutes les étapes de l'attachement sont présentées, l'apprivoisement factuel, l'habitude puis la familiarité qui amène la compréhension et la compréhension qui engendre l'attachement avec les travers que les relations connaissent : le désir de faire de l'autre un autre soi-même dans l'égoïsme du moment, la colère et le rejet que le refus de l'autre provoque et, enfin, lentement, l'acceptation que la différence de l'autre soit l'humus de l'attachement et de l'amour…

Dans tout ce magnifique fatras d'émotion deux idées principales se dessinent. La solitude rend déviant mais le devenir n'est pas un mal en soi, il permet en sortant d'un carcan sociétal établi d'appréhender le monde avec une nouvelle vision des choses. L'empathie est présentée comme LE pont vers l'autre et donc vers une forme d'universalité qui manque cruellement au monde du roman et à notre monde.

Car si les personnages sont inclus dans des sphères spécifiques, l'univers du roman est assez flou pour ne pas pouvoir savoir ni de quelle époque ni de quelle contrée il s'agit. Cela en fait une représentation pouvant coller à un univers suffisamment familier du lecteur ce qui est important pour l'autre message du roman dont je parlerai plus tard.

L'archétype du vampire et la façon originale dont il est traité ici est une autre grande qualité du roman de Céline Chevet. Ce mythe en devient fade la plupart du temps à force d'être mâché et remâché mais ici l'autrice a pris le partie de le situer dans une communauté avec des codes très particuliers et qui sortent de l'ordinaire. Elle lui a conféré une image complètement différente du vampire guimauve énamouré de la bit-lit et du vampire bestial qui tue tout ce qui passe. Cela fonctionne du tonnerre, on n'en n'est que plus curieux de ce duo humain/vampire atypique qui tente de s'apprivoiser malgré tout ce qui les oppose… J'apprécie également la dénonciation de ce travers de l'humain de vouloir et de penser que tout, absolument tout, fonctionne et raisonne comme lui. Cet anthropomorphisme est finalement la première réponse instinctive à tout pour essayer d'appréhender la différence mais aussi ce qui l'autorise à tout détruire quand il s'aperçoit que ce n'est pas le cas…

Et justement, cette errance dans les harmoniques des sentiments et de l'attachement, bien qu'elle soit l'essence même du roman, n'est que l'arbre qui cache la forêt. En effet, ce livre c'est également un pamphlet écologique pour la nature et son parfait équilibre. L'autrice dénonce que lorsque l'humain extermine une partie de son écosystème, il perd son humanité et fini par développer une forme de cannibalisme, s'autoriser à détruire les autres espèces est le premier pas pour s'autoriser à se détruire entre semblables. Cette farouche ode à la nature véhicule le message que l'acceptation de l'autre et de la différence est une base essentielle de l'écologie.
De là à dire que, par extension, écologie et empathie sont étroitement liées comme étant les deux mamelles qui nourrissent et rendent l'humanité pérenne, il n'y a qu'un pas…

En conclusion, nous avons ici un roman vampirique atypique et surprenant, une triste balade mélancolique où se mêlent la douceur des beaux sentiments et l'amertume des larmes de ce qui se perd bien trop vite. C'est un merveilleux conte et un conte merveilleux qui laisse à la fois contenté d'amour et frustré de tendresse, qui baigne dans l'universalité et l'immortalité de l'amour mais aussi l'éphémère de la vie. C'est un roman du sublime tout en délicatesse qui se base sur l'émotion plus que sur l'action. Il y a une forme de romantisme tragique dans ces relations et notamment celle de Kaël et de Nathanaël. Mais c'est surtout une ode à la perfection de l'équilibre de la nature et une farouche dénonciation de l'inconscience humaine qui oeuvre paradoxalement consciencieusement à la détruire. Ce roman, comme un conte ou une fable, peut offrir une morale à qui voudrait bien la recevoir, celle que l'empathie sauvera le monde ou que son manque finira de l'achever. Sublime. Un roman réussi du point de vu littéraire, un roman engagé du point de vue idéologique. Je le recommande chaudement !
Lien : https://labougiedevinayaka.w..
Commenter  J’apprécie          70
Dans ce roman, nous allons suivre deux histoires : celle de Kaël et Nathanaël ainsi que celle d'une fillette et d'un Vampire.

Nathanaël est un jeune humain qui, après avoir sauvé une Vampire et son fils, va être contraint de fuir son village. Seulement il va devoir traverser la forêt où règnent les Bêtes et les Vampires où il va être attaqué. Mais par chance la femme Vampire qu'il a sauvé au préalable, peut lui offrir une protection… Au prix de sa liberté. Car dans ce monde certains humains deviennent les esclaves de ces créatures. Ce qui arrive donc au jeune homme. Il devient « l'animal domestique » de Kaël. L'humain a osé donné un nom au vampire !! Chose qui n'est pas du tout acceptable chez ces créatures. Porter un nom est un signe de limite, d'emprisonnement. Pour les vampires il y a une notion d'infini à ne pas porter de prénom, pas de limite, la liberté ! Ce fut une terrible erreur de la part de Nathanaël… Enfin tout dépend de notre vision des choses. Puisque finalement dans ce roman, nous allons découvrir une magnifique histoire d'amitié impossible entre un maître et son esclave, entre un homme et une créature ! Tous les deux vont apprendre l'un de l'autre, découvrir des univers et leurs mondes respectifs. Mais jusqu'où tout cela mènera l'homme et le vampire ?

Cette histoire entre Nathanaël et Kaël nous est racontée par une petite fille, elle aussi esclave d'un Vampire. Ce dernier est en possession du journal de Nathanaël où tout est dit. le Vampire recherche Kaël à tous prix. Il a besoin de le rencontrer mais je ne vous dis pas pour quelle raison. A travers cette quête, ce voyage, la petite fille va également se rapprocher de son maître, vouloir lui donner un prénom… Mais le Vampire connait l'issue et il se montre très ferme avec elle.

On va donc alterner entre ces deux histoires et se laisser porter par la plume poétique et sensible de Céline Chevet. Avant de lire ce roman, j'ai pensé au roman Apostasie de Vincent Tassy. Idem pendant ma lecture des premiers chapitres. Quelque chose me rappelait l'univers bien particulier de cet auteur. Puis finalement je me suis complètement détachée de cette pensée pour me plonger pleinement dans l'univers de Céline Chevet. Est-ce la façon d'aborder le thème du vampire, de la nature ou des sentiments ? Ou bien le prénom d'un personnage que l'on retrouve dans un autre roman de l'auteur… Mais je suis autant séduite avec Les chaînes du silence qu'avec Apostasie. Deux livres bien différents l'un de l'autre mais qui me marqueront chacun à leur façon. Quoiqu'il en soit ces deux auteurs traitent le mythe du Vampire de façon bien différente et ce qu'il me plait dans ces deux romans.

J'ai passé un moment de lecture formidable, magnifique ! Bien que ma lecture ait duré dans le temps (l'époque n'étant pas propice à une lecture très active pour moi…), je prenais un réel plaisir à me plonger à nouveau dans ce roman. C'est un univers dans lequel je me sentais merveilleusement bien. Bien qu'il soit tout de même sombre, les relations entre les Hommes et les Vampires m'ont touchées. La description de la nature aussi est très importante dans ce récit et cela donne quelque chose de très beau à un univers pourtant bien sinistre.

J'ai aimé cette vision du vampire ! Une revisite du mythe du Vampire que je n'avais jamais rencontré jusque-là. Je l'ai trouvé terrifiante mais fascinante et attirante. Il y a bien sûr quelques similitudes avec les vampires « classiques » que l'on connait mais d'autres traits sont nouveaux : dans leur façon de se déplacer, leur physique atypique, le fait que ce ne soient pas des humains vampirisés… Ils ne font pas usage de la parole et encore moins avec les humains ! S'ils ont besoin de se faire comprendre, ils usent de tintements, de bruits sourds directement projetés dans l'esprit de l'Humain. La Femme vampire à un rôle important dans cette communauté que je vous laisserai découvrir en lisant ce roman. Ici pas de transformation, pas de buveurs de sang jusque mort s'en suive.

En ce qui concerne l'époque à laquelle on pourrait se trouver, difficile à dire ! Certains éléments pourraient nous faire penser au Moyen-âge tandis que d'autres nous ramèneraient à une période plus récente. J'ai vite arrêté de me poser la question. Finalement cela n'avait aucune importance.

Je pourrais également vous parler de « l'entre-monde ». Cet univers naturel réservé aux créatures, aussi beau qu'inquiétant et quelque peu vampirisant à sa façon !

J'ai également retrouvé la petite patte de Céline Chevet avec quelques scènes sans pincette, dérangeantes et glauques. Mais de façon bien minime par rapport à la beauté de ce roman.

Pour conclure, Céline Chevet nous plonge dans un univers bien différent de « La fille qui tressait les nuages » mais qui m'a tout autant chamboulé. Si vous aimez les histoires de vampires, les grands espaces, les histoires d'amitié, d'amour et d'espoir, les illusions, les désillusions, ce livre est fait pour vous !

Bien entendu, il s'agit d'un nouveau coup de coeur que je vous recommande chaudement.
Commenter  J’apprécie          20
Un livre que j'étais TRÈS impatiente de découvrir !
Après avoir sauvé la vie d'une vampire et de son enfant, Nathanaël est forcé de fuir son village, et de se réfugier au fin fond de la forêt, dans un village où vivent des vampires. Là-bas, il va être mis au service de l'enfant vampire qu'il a sauvé, en tant que « animal domestique ».
Nous allons également suivre le voyage d'un vampire et d'une petite fille, qui sont à la recherche de Kael, le vampire, en sa basant sur les souvenirs que Nathanaël a consigné dans son journal. Pourquoi cherchent-ils ce vampire ? Et qu'est-il advenu de l'être humain ?
Deux narrations, deux parcours différents...
Avec Les chaînes du silence, Céline Chevet m'embarque une nouvelle fois dans son univers, et c'est de nouveau un pari réussi ! J'ai découvert cette auteure grâce à son roman précédent chez le Chat Noir : La fille qui tressait les nuages, grosse GROSSE claque !!
Entre ma lecture de la fille qui tressait les nuages et de Les chaînes du silence, j'avais également acheté le Ventre (chez Juno Publishing) et Les fantômes de Cassiopée (aussi chez Juno Publishing) MAIS je n'ai toujours pas pris le temps de m'y plonger ! Ce n'est que partie remise.
Pour en revenir à Les chaînes du silence, j'étais donc impatiente de m'y plonger, attirée par le résumé, la couverture, et tout le reste ! Nous suivons donc en parallèle deux histoires, chacune avec une paire formée d'un vampire et d'un être humain. Les deux relations sont sombres, torturées, et très intrigantes. Les personnages se dévoilent au fur et à mesure, on s'attache à eux, malgré le caractère très mystérieux des vampires. En outre, l'univers dans lequel évolue ces personnages est plus qu'intrigant et fascinant, il est peuplé d'humains et de vampires, mais aussi de Bêtes – des créatures animales immenses au statut quasi mystique. Et là, je dois avouer que j'étais dans une petite ambiance Princesse Mononoké, ce qui est loin de me déplaire !
Pour ce qui est de l'époque, on se situe dans une sorte de Moyen-Âge : il y a peu de grandes villes, nous voyons essentiellement des villages, et les outils utilisés sont par exemple des forges, des presses mécaniques, il y a des tavernes et une certaine mentalité parfois un peu « arriérée » ; on ne peut pas dire que les moeurs soient douces pour les personnes qui divergent de la norme. Mais bon, il n'y a pas grande différence avec l'époque actuelle, vous me direz ! Et je m'excuse auprès du Moyen-Âge, qui a vu certaines avancées spectaculaires au niveau des inventions ou des constructions. Je dirais donc que les gens sont – comme ils l'ont toujours été – pas très ouverts, et que l'effet de meute les poussent donc à se conduire comme des êtres (un peu) retardés sur certains sujets. A contrario, la société des vampires est de loin beaucoup plus évoluée, même si ils ont également des préjugés. La relation qui se développe entre Nathanaël et Kael déroge à un bon nombre de leurs traditions et de leurs manières de vivre, y compris dans le fait que Nathanaël est donné un nom au vampire. Les vampires restent très mystérieux tout au long du récit, mais ils se dévoilent malgré tout petit à petit, que ce soit au niveau de leurs habilités, de leur mode de vie ou de leur relation avec les humains. le fait de suivre Nathanaël et la fillette permet de se rendre compte de cette relation ambiguë avec les vampires, même si ces deux personnages sont très différents.
La relation de ces deux vampires avec la fillette et Nathanaël a été la rupture avec un bon nombre de traditions et des liens qui existaient précédemment, mais c'est aussi l'occasion de voir qu'une nouvelle voie peut s'ouvrir, même si c'est très timidement. C'est une nouvelle vie qui commence, ardue et difficile, mais l'acceptation et la tolérance est souvent ardue à atteindre...
Comme pour La fille qui tressait les nuages, j'ai été engloutie très rapidement par Les chaînes du silence, et j'en aurais voulu (beaucoup) plus ! Que ce soit l'histoire, les personnages, l'écriture ou cette revisitation du mythe du vampire, tout est parfait.

(Voir mon avis sur mon blog.)
Lien : http://chezlechatducheshire...
Commenter  J’apprécie          60
J'ai craqué pour le nouveau roman de Céline Chevet à la Foire du Livre de Bruxelles : je l'ai acheté le vendredi, et heureusement, parce que quand je suis repassée le dimanche pour le faire dédicacer, tout le stock était épuisé ! J'avais pressenti qu'il aurait du succès et pour cause : le précédent livre de Céline, La fille qui tressait les nuages, avait été une très très belle surprise pour moi et pour beaucoup d'autres lecteurs. le résumé de ce roman-ci m'inspirait un mélange entre Apostasie et Les Songe d'Adam, et j'avais hâte de découvrir les vampires de Céline, présentés sous cette magnifique couverture intrigante, qui m'a fait penser à Princesse Mononoké en plus sombre.

Deux histoires s'y déroulent en parallèle. On suit le voyage d'un vampire et d'une petite fille qui le suit comme son ombre. Ils sont à la recherche du vampire Kael et tentent de trouver des indices sur son emplacement actuel dans le journal de Nathanaël. Celui-ci est un humain qui a vécu des années au sein d'une communauté de vampires, avec Kael pour Maître. Pourquoi cherchent-t-ils ce vampire et parviendront-ils à leur objectif ?

L'univers proposé est fascinant. Il est habité par des humains, des animaux, mais aussi des vampires et des Bêtes, créatures animales plus fortes, plus imposantes, presque mystiques. L'époque m'a fait penser à un Moyen-Âge tardif, avec des outils toujours fabriqués à la forge, des livres imprimés sous presse mécanique, des remèdes à base de plantes, des tavernes… et une mentalité de village assez retardée (on chasse toujours les monstres et les traitres avec des fourches, des torches et des fusils, il s'y passe toujours des choses étranges dans les recoins sombres, et on a toujours recours à des tortures immondes pour donner la mort).

La nature y a une place particulière, à la fois belle et cruelle, guérisseuse comme assassine. On marche aux côtés de nos deux duos, cheminant parmi des paysages magiques et apaisants. Quand on plonge plus avant dans les profondeurs de cette nature, on croise des villes de vampires, à l'architecture très particulière. Et le plus intrigant reste l'entre-monde, lieu secret et mystérieux au travers duquel les vampires voyagent lorsqu'ils disparaissent…

Les vampires y sont particuliers : ils vivent entre eux, en communauté matriarcale et sont supérieurs aux humains, ils ne portent pas de nom (ce serait les rabaisser, les « humaniser » que de leur en donner un), et ne prennent pas non plus la peine de parler aux Hommes, tout juste font-ils connaître leurs désirs via un petit tintement dans la tête de ceux-ci quand ils s'abaissent à communiquer avec eux. Ils ont de mystérieux pouvoirs et des habitudes de vie qu'on va petit à petit découvrir grâce à l'immersion de Nathanaël en territoire vampirique.

J'ai adoré suivre les personnages de ce roman. Les deux humains abandonnent complètement leur vie, la fillette volontairement et Nathanaël un peu moins, pour être aux côtés de leurs maîtres. Les deux vampires vont eux aussi expérimenter ce qui n'est pas du tout normal pour leur espèce : s'attacher à leur repas et commencer à les considérer comme plus que ce qu'ils sont, voire tisser des liens avec eux. le livre nous conte leur histoire, car elle est le début d'une nouvelle ère qui va changer le cours des choses. Bien que d'abord perçue comme une faiblesse par tous, leur différence va devenir une force et un atout. Un très beau message de tolérance et d'acceptation de soi. ❤

Si j'ai beaucoup aimé le duo de Kael et Nathanaël, c'est quand même la petite fille qui m'a le plus touchée, dans sa fragilité, comme dans son obstination à suivre son maître et à le satisfaire. Elle a un idéal de bonheur particulier, et sacrifie énormément pour le voir se réaliser. J'ai aussi beaucoup aimé le personnage de Courage, unique en son genre. Seul petit regret : ne pas avoir pu explorer un peu plus le côté « Bêtes » du roman. On en apprend énormément sur les vampires, mais les autres créatures de la forêt sont un peu délaissées, et j'aurais aimé soit un retournement de situation les incluant ou en savoir plus sur elles.

J'ai trouvé la double narration très originale et prenante. Elle donnait un rythme intéressant au récit et des pistes de réflexion tout au long de la lecture. J'aurais peut-être juste aimé que la fin des extraits du journal soit plus marquée, je lisais parfois un peu trop loin en croyant qu'une narration continuait alors que c'était l'autre qui avait repris. J'ai trouvé la fin du roman très juste et touchante, mais je n'en dirai pas plus ! 😉

Un coup de coeur pour ce roman vampirique étonnant : une double narration prenante, deux duos de personnages atypiques et touchants, une nature omniprésente, apaisante et effrayante à la fois, tout comme les créatures qui l'habitent, un univers fascinant à découvrir de toute urgence !
Lien : https://livraisonslitteraire..
Commenter  J’apprécie          30

Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Pourtant, en entendant ces hommes et ces femmes qui prêchaient le vivre ensemble, le respect, l'équilibre entre prendre et donner, je ne pouvais qu'admettre leur sagesse. Si nous entamions une guerre contre la Nature, je craignais que nous soyons perdants, même en cas de victoire...
Commenter  J’apprécie          30
- Je n'ai jamais donné de nom à mon maître, murmura-t-elle entre les râles du combat. J'aurais peut-être dû... On oublie parfois ce qui est le plus important....
- Qu'est-ce qui est le plus important ? lui demandai-je le souffle court.
-D'aimer. Quelle que soit la forme.
Commenter  J’apprécie          30
La vie laissait place à la mort, puis la mort fleurissait à son tour. Là où les vampires retournaient au néant, les Bêtes, elles, témoignaient du temps qui passe. Il y avait pourtant une déférence mélancolique dans l'attitude de l'homme, un soupir tragique entre ses lèvres, car les cimetières de Bêtes n'étaient d'ordinaire pas visibles et se cachaient dans les méandres d'une nature envahissante. Celui-ci se dévoilait à la vue de tous, tel un avertissement. Le monde change, soufflait-il entre ses pétales agités par le vent.
Commenter  J’apprécie          10
J'ai troqué mon existence paisible pour une nuit sans fin.
Si c'était à refaire, je le referais sans hésiter.
Commenter  J’apprécie          70
Mensonges ! Ne vivons plus dans l'illusion. Il n'y a ni Dieu ni Diable ; l'Homme n'est qu'un animal parmi les autres. Et à ceux qui prônent que le vampire est son antagoniste, détrompez-vous. Il est son maître.
Commenter  J’apprécie          30

Videos de Céline Chevet (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Céline Chevet
A l'occasion des Imaginales 2021, Céline Chevet est revenue sur l'écriture de sa saga, Sous les sabots des dieux, aux éditions du Chat Noir.
autres livres classés : vampiresVoir plus
Les plus populaires : Imaginaire Voir plus


Lecteurs (146) Voir plus



Quiz Voir plus

Vous avez dit vampires ?

Qui a écrit "Dracula" ?

Oscar Wilde
Bram Stoker
Arthur Conan Doyle
Mary Selley

15 questions
2053 lecteurs ont répondu
Thèmes : fantastique , vampiresCréer un quiz sur ce livre

{* *}