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Critique de Saiwhisper


Le mois dernier, j'ai lu pas mal d'échos autour du roman « Sous les sabots des dieux ». Pour certains lecteurs, ce fut un coup de coeur tandis que, pour une petite minorité, le ressenti fut plus mitigé. Or, en tant que juré du PLIB, je souhaite découvrir un maximum de titres sélectionnés afin de voter pour mes favoris. J'étais donc curieuse de découvrir ce premier roman d'une duologie se déroulant en Corée, au VII ème siècle. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que j'ai été charmée par le contexte historique ! La Corée est peu représentée en littérature. Quand on parle de l'Asie, on songe davantage au Japon… À mes yeux, le choix du lieu et de la période furent donc originaux. de plus, on sent que l'auteure s'est bien documentée et qu'elle est passionnée. Avec plaisir, j'ai découvert cette ère dépaysante, les figures historiques, les croyances, les moeurs, les classes sociales, les différentes religions (ex : la montée du Bouddhisme), etc. Certes, je reconnais avoir été un peu perdue par moments, en particulier en raison de certains mots ou des noms à sonorité asiatique cependant, cela n'a pas nui à mon ressenti ni à l'avancée du scénario.

Bien que l'on suive principalement le point de vue d'une jeune prêtresse du nom d'Haneul, la narration est omnisciente. On va ainsi connaître les pensées, les projets ainsi que les ressentis d'une multitude de personnages secondaires plus ou moins importants. Par exemple, on notera Dokman (un écuyer rêveur dont Haneul est amoureuse), le mystérieux Prince Mok (le fils d'une concubine à la personnalité complexe), son frère Beopmin, la Reine, la mère d'Haneul, sa soeur jumelle Min Jee (qui est en fait tout le contraire de l'héroïne), l'amant de celle-ci, des soldats envoyés sur le front et bien d'autres… Je ne vais pas vous mentir : j'ai pris des notes pour ne pas me perdre ! Toutefois, seule une dizaine de protagonistes seront réellement à retenir. de ce fait, si vous n'avez pas pour habitude de vous emmêler les pinceaux dès qu'il y a plus de cinq personnages, alors cela devrait passer… J'avoue avoir ressenti plusieurs émotions face aux narrateurs néanmoins, ma préférence va clairement au prince bâtard ! Cet anti-héros a su éveiller ma curiosité avec son tempérament froid, débrouillard, sarcastique, fier, puissant et colérique. J'ai apprécié le lien particulier qu'il va crée avec Haneul. Or, il est à noter que l'on ne partira pas sur le schéma classique du bad-boy faisant craquer la belle héroïne en se querellant avec elle. Céline Chevet va opter pour une direction surprenante, originale et complètement frustrante pour moi ! J'avoue que cette décision a radicalement modifié ma perception du livre, jusqu'à me faire douter. D'un côté, je suis horriblement en colère que les choses se soient passées ainsi… Toutefois, ce choix est osé et, d'une certaine façon, me fait songer au roman « le dieu oiseau » d'Aurélie Wellenstein… Ce qui me plaît beaucoup !

Haneul est également source de débat. En effet, la demoiselle est une personne naïve, pieuse, courageuse, rêveuse, utopiste et protectrice envers ses proches. Elle va tout faire pour avancer selon ses convictions, ses devoirs et son don. Comprendre et suivre ses décisions fut intéressant toutefois, je l'ai trouvée bien trop crédule pour m'attacher à elle ! Sa soeur, bien plus autonome, libertine, forte et manipulatrice m'a fait meilleure impression. Hélas, Min Jee est peu présente et sera sans doute exploitée dans le second opus de la série. À plusieurs reprises, j'ai eu envie de gifler la jeune chaman ou de l'avertir de son côté trop ingénue… Néanmoins, j'ai tout de même été charmée par l'écriture de son personnage. Haneul a une position spéciale : elle est à la fois privilégiée d'être une servante des Dieux, mais ce statut est également dangereux et bancal. Au moindre faux pas et s'en est fini d'elle ainsi que de sa famille ! J'ai aimé toute la touche fantastique autour des rituels, en particulier les visions des prêtresses. Ces dernières sont toujours étranges, métaphoriques, oniriques, floues et déstabilisantes. Pour les comprendre, puis les analyser, Haneul devra être attentive et observatrice. de plus, elle devra utiliser ses savoirs personnels, ceux qu'on lui a inculqués, mais aussi ceux en rapport avec la politique du pays ! Car, dans ce monde, la religion et le mysticisme s'entremêlent aux stratégies, à l'ambiance, au pouvoir, à l'influence, aux complots, aux alliances et à la guerre… Dire la vérité n'est pas forcément la bonne solution…

En tournant les dernières pages de cet ouvrage, j'avoue avoir été perplexe. Certes, j'ai globalement apprécié le voyage et j'ai encore une fois été transportée par la plume de Céline Chevet, mais j'ai également été divisée par mon ressenti sur Haneul, par un passage un peu trop long mettant en avant un aspect militaire, par le nombre de personnages, par le manque de développement de certains individus à fort potentiel (ex : Min Jee), par le devenir de mon Mok et par le fait que je me demande où l'auteure va aller. Je lirai la suite avec curiosité, en espérant que le final répondra à mes attentes !
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