« Lorsque j’avais décidé de devenir écrivain, à la fin du lycée, je m’étais peu à peu forgé une conception du monde lugubre et empreinte de scepticisme, avec l’aide précieuse de MM. Cormac McCarthy, Philip Roth et Don DeLillo. Pour moi, un véritable romancier ne pouvait être qu’un triste sire solitaire, même s’il recevait de gros à-valoir et passait ses vacances dans des hôtels de luxe en Europe »
J'avais toujours aimé les livres, aussi l'organisation de la bibliothèque s'apparentait-elle plus à un privilège qu'à une corvée. Les rayonnages regorgeaient d'éditions rares et de titres dont je n'avais jamais entendu parler.
On ignore ce qu'est la souffrance avant d'avoir reçu une blessure si profonde qu'elle relègue toutes les autres au rang de simples égratignures.
Je crois que, pour la plupart d'entre nous, devenir adulte signifie hélas acquérir la faculté d'enfermer ses rêves dans une boîte et de la jeter dans l'east River.
Le souvenir des choses passées n’est pas nécessairement le souvenir des choses telles qu’elles furent.
La télévision n'était pas encore devenue ce qu'elle est aujourd'hui, à savoir un interminable défilé de programmes où des tocards de tout poil sont obligés de chanter, de se faire insulter par des présentateurs vulgaires ou de s'aventurer dans des bassins remplis de serpents. Les émissions américaines ne s'étaient pas transformées en histoires contées par des idiots, pleines de bruits et de rires en boîte.
Tout en berçant l’enfant, elle m’a expliqué que c’était son petit-fils, Tom, et que sa fille Tricia lui avait demandé de le garder pendant qu’elle allait à Rhode Island rejoindre un homme rencontré sur Internet. Cela faisait maintenant deux mois qu’elle était partie.
Un grand écrivain français a dit un jour que le souvenir des choses passées n'est pas nécessairement le souvenir des choses telles qu'elles furent. Il avait sûrement raison.
« Quelqu'un a dit un jour qu'une histoire n'a en réalité ni début ni fin ; ce ne sont que des moments choisis subjectivement par le narrateur pour aider le lecteur à situer un événement dans le temps. »
Et plus je m'évertuais à donner de la consistance aux personnages que mon enquête avait fait resurgir, plus ils m'apparaissaient comme des ombres sans substance s'agitant dans une histoire dont la chronologie et le sens s'obstinaient à m'échapper. J'avais devant moi les pièces d'un puzzle impossible à reconstituer.
Paradoxalement, plus je plongeais dans le passé, plus le présent prenait de l'importance à mes yeux. J'avais l'impression de descendre dans un puits et de voir le cercle de lumière diminuer au-dessus de ma tête _ ce cercle devenu un élément vital me rappelant sans cesse que je devais remonter à la surface, où existait le monde auquel j'appartenais. Là était ma place.