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Critique de Scribe


Scribe
26 septembre 2021
L'homme qui riait sous les bombes de Benoît Christal
Dans ma sélection de Babelio masse critique du mois dernier, j'avais sélectionné le livre de Benoît Christall'homme qui riait sous les bombes. Je remercie Babelio de m'avoir choisi et les éditions du Rocher de me l'avoir adressé. Pourquoi avoir choisi ce livre : l'homme qui rait sous les bombes de Benoît Christal me direz-vous ? Pour plusieurs raisons : je venais de finir le livre L'insolente de Kaboul de Chékéba Hachemi , et j'étais très attiré par ce premier roman du grand reporter Benoît Christal qui a couvert comme il est dit en page quatre de couverture : «  les révolutions arabes, la guerre contre Daech en Irak, en Syrie, et suivi les minorités chrétiennes et yézidies à Erbil, Dohuk, Qaraqosh. » Puis l'envie de me plonger dans l'histoire tourmentée de l'Irak à la Syrie entre 2014 et 2017, dans ce roman haletant au coeur de l'enfer ! Benoît Christal ouvre son livre sur une chronologie de mars 2011, l'arrestation et la torture d'une quinzaine d'adolescent, ayant écrit sur les murs de la ville de Deraa des slogans hostiles à Bachard el-Assad. La création de l' Armée Syrienne Libre par les déserteurs de l'armée syrienne ; en janvier 2012 la création en Syrie du Front Al-Nosra par l'organisation terroriste Al-Qaïda. Suivront des rappels pour les années 2013 à 2019 avec l'offensive des forces Kurdes au Nord de la Syrie et la mort du calife de Daech lors d'une opération militaire américaine à Baricha. Un bilan ; celui de la guerre civile syrienne qui a fait 380 000 morts et déplacer 2,5 millions de Syriens vers l'étranger et 6 millions à l'intérieur du pays ; deux cartes géographiques ; celle des forces en présence en Syrie et la représentation des zones revendiquées par le gouvernement kurde.
Ce roman, l'homme qui riait sous les bombes commence le 13 novembre 2015 à 17 heures à Sinjar, en Irak. «  le général Wahid Kovli scrute chaque détail de la petite mosquée accrochée aux contreforts du mont Sinjar, dernière position de Daech . Ses hommes pilonnent la position depuis une demi-heure et se lancent à l'assaut. L'ordre Zéro Hour vient d'être transmis. » Immédiatement nous sommes au coeur de l'action «  on n'avance pas assez vite ! Combien d'hommes sont mobilisés ? 7000 ? 7500 ? Où sont les frappes aériennes promises ? Ecoutez-moi bien les gars ! Crie le général. Ce combat, les terroristes ne peuvent le remporter. Ici Kovlil ! Cette frappe aérienne, c'est pour aujourd'hui ou pour demain ? Vous dormez dans votre bureau ou quoi ? » Sans frappe aérienne, les hommes du général Kovli se lancent à l'attaque de la mosquée. La victoire est totale. Dans un véhicule s'approche des lignes en provenance de Dohuk nous prenons connaissance avec un journaliste Kurde, traducteur et fixeur Bakhtyar Haddad , accompagné d' Alex journaliste Français et son cameramen Morgan. Un fixeur c'est quoi ? C'est celui qui traduit, conduit, guide, renseigne et permet à un journaliste étranger au pays de se déplacer dans une zone en sécurité. Terme à relativiser lorsque l'on se trouve dans une zone de guerre. Cette victoire stratégique que le général Kovli veut fêter avec ces Français et son ami Bakhtyar la menace, Bakhtyar la légende, ne sera jamais célébrée comme il se doit. « Nous sommes le 13 novembre 2015, un groupe de Rock entame sa chanson le baiser du diable. Deux hommes sans cagoules devancées par des éclairs intenses et des flashes lumineux surgissent des deux côtés du bar du Bataclan.Les premiers corps tombent. »
Le décor est maintenant planté. Nous allons suivre pas à pas les différentes destinées de différents personnages décrits avec soin dans leur situation et dans des dialogues qui sonnent justes. C'est là que l'on reconnaît l'écriture d'un grand reporter, celle d'une écriture efficace ! Au fur et à mesure des 41 chapitres de ce livre, l'on est captivé par ces récits, ces tranches de vies.
On lit également, en quatrième page de couverture , «  un récit profondément humain, qui fait la part belle à l'amitié » . Oui, c'est surtout cela que vous aurez en mémoire lorsque vous refermerez ce livre . L'amitié, celle de l'auteur pour Bakhtyar Haddad, mais aussi, celle d'Alex avec Nadia rescapée du Bataclan , amie du frère d'Alex, et pour laquelle il devra mentir. Des rencontres : celle avec le Général Wahid Kovli qui malgré son courage et la force de ces convictions
clés du succès de la guerre contre Daech sur le terrain, n'a vu sa réputation traverser les frontières, qu' aujourd'hui avec ce livre. Avec Mike un journaliste ou un membre des services secrets Américains, je vous laisse le découvrir.
Un livre qui nous interroge aussi sur l'absurdité de la guerre et son cortège post-traumatique ou Benoît Christal y décrit avec beaucoup de soin, les peines, les douleurs, les souffrances vécues, physiques, émotionnelles, psychiques.
L'homme qui riait sous les bombes vous le retrouverez en photographie à la page 396 . C'est Bakhtyar Hadad. C'est le véritable héros de ce livre, dit Benoît Christal, «  mon ami, mon compagnon d'aventures durant plusieurs années. Attachant, drôle, intuitif, un peu dingue, toujours généreux, il faisait dit-il profession d'expliquer au public français l'histoire tourmentée de son pays . Il était au premier rang de la guerre contre Daech non seulement idéologiquement comme journaliste mais les armes à la main pour défendre les siens. le public n'a connu son nom que le jour de sa mort le 19 juin 2017, fauché par une mine aux côtés des journalistes Véronique Robert et Stéphan Villeneuve à Mossoul. »
«  Bakhtyar était bien l'homme qui riait sous les bombes , qui défiait la mort par amour de la vie »
comme le dit un autre journaliste Thierry Oberlé. «  Ce roman a été écrit pour rendre hommage à son esprit de résistance et ne jamais oublier ceux qui sont tombés et qui furent nos amis » conclu Benoît Christal. Clôturant la lecture de ce livre et de ces dernières lignes, il m'est revenu en mémoire l'acte du souvenir : «  Ils ne vieilliront pas comme nous qui leur avons survécu; Ils ne connaîtront jamais l'outrage ni le poids des années. Quand viendra l'heure du crépuscule et celle de l'aurore, Nous nous souviendrons d'eux ! » Vous n'oublierez pas l'homme qui riait sous les bombes ! Bien à vous.
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