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Critique de Darkcook


Un Agatha assez différent... Pour une fois, j'ai préféré l'adaptation avec David Suchet. Cela dit, le roman possède ses qualités qui lui sont propres, et quelques défauts.

D'abord, un Poirot atypique car situé en 1969, avant-dernier Poirot écrit par Agatha (suivi par Une mémoire d'éléphant en 72... Poirot quitte la scène ayant en réalité été écrit en 1940)... On est donc dans la même ambiance anglaise mondaine qu'on chérit tant, mais la sagesse shakespearienne d'Agatha, de Poirot et du reste de la galerie s'est muée. Elle se teinte désormais d'une nostalgie perpétuelle pour des temps plus simples, moins fous, en réalité, les années 1920-30, l'âge d'or de la vie de Poirot, période auréolée d'insouciance. Dans le Crime d'Halloween, le constat de la décadence post-seconde guerre mondiale est plus que jamais présent, et le monde tel qu'il est devenu, surtout avec l'évolution des moeurs dans les années 60, dépasse ces personnages, avatars d'Agatha, qui gardent tout de même leur éternelle sagesse, quoiqu'amers. On sent plus que jamais le côté conservateur, voire ici réactionnaire, d'Agatha Christie, pas dans le mauvais sens j'entends, car ses questionnements sur la jeunesse de 1969 sont emplis de cet éternel bon sens. C'est un roman mélancolique, qui regrette, à raison, les décennies précédentes, et regarde d'un oeil triste les changements qui s'effectuent...

L'ambiance automnale est parfaitement appropriée, et les passages de promenade (enfin, d'investigation!) dans le somptueux jardin de Michael Garfield nous transportent... Clairement, le ton est plus sombre qu'à l'accoutumée.

Car l'horreur est bien là, suggérée par le titre, c'est d'infanticide qu'il s'agit cette fois, crime impensable dans l'espiègle et léger whodunit d'origine!! Et les tueurs en série complètement dingues sont régulièrement évoqués par les personnages, là encore, signe de la fin définitive d'une ère où tout était rationnel, rassurant, où les repères étaient là, pour désormais des lendemains où la peur et le cauchemar règnent.

Un Poirot particulier en somme, et je le redis, j'ai préféré l'épisode télévisé, dépourvu de ce discours, qui reste ancré trente années avant, et bénéficie d'une ambiance halloweenesque géniale, d'acteurs au poil, et d'un magnifique jardin!! Après, ce passéïsme m'a quand même plu, il était légitime, émouvant, avec toujours cette intelligence et ce recul absolu qui distinguent notre chère Agatha...

Si elle nous fait plaisir avec des références à Lady Macbeth, Narcisse, Agamemnon, Iphigénie, et si beaucoup de passages et de formules sont d'une réussite incontestable, je trouve tout de même qu'on la sent sur le déclin. Mais encore une fois, un Agatha bon, c'est un très bon livre!!
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