Parfois, j'y croyais : un véhicule derrière moi, un passant qui empruntait la même route, me faisaient croire, que oui, j'étais suivie. Je me perdais pour essayer de les semer, et constatais au final qu'ils n'étaient pas après moi.
De toute façon, je ne comprenais pas pourquoi j'étais suivie par cette psychiatre. Rien que le terme " être suivie" me faisait peur. C'est flippant d'être suivie ! J'étais suivie et pourtant, dans mon rétroviseur, jamais je ne l'avais remarqué. C'était un suivi des plus discrets.
"J'avais du mal à digérer qu'on soignât une anomalie que l'on ne nommait pas, par des poisons dont on ne connaissait pas grand chose."
" Deux ans de consultations avec une unique réponse à n'importe laquelle de mes questions, la panacée universelle : les cachets ! "
Nous n'étions plus capables,
hypnotisés par ce que la masse voulait faire de nous
des êtres incapables de conscience.
Dans un asile psychiatrique, la différence entre un interne et un interné n'a que l'épaisseur d'un accent aigu.
Je lui tendis l’ordonnance et me levai pour signifier la fin de notre entretien, les raccompagnant bras ouvert vers la porte de sortie.
"Aider tous ces gens, m'avais donné, une décennie durant, le prétexte d'oublier de prendre soin de moi et la paille dans leurs regards m'était plus facilement observable que la poutre qui obstruait mon objectivité sur moi-même."