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Critique de ATOS


Nous regardons ces " êtres intermédiaires " que sont la marionnette ou l'acteur et nous nous réfléchissons dans le miroir de leur " liberté contrôlée ".Georges BANU
" Nous, les marionnettes... le bunraku fantasmé du Théâtre du Soleil ", extrait.
Selon Ariane Mnouchkine au théâtre sont représentées les passions.
"Attaquer les passions à la racine, c'est attaquer la vie à la racine" disait Nietzsche.
Alors faire vivre et revivre nos passions c'est être entraîné à vivre et revivre ce qui nous saisit et nous traverse de l'intérieur .
Il nous faut peut-être certains miroirs pour survivre à toutes nos passions.
Tenter de les comprendre, si cela est possible, un peu. Déjà bien les entendre.
« Le Visage de la marionnette est immobile. Sur ce miroir passent les innombrables expressions de nos passions. le Visage immobile, l'espace n'en est que plus grand.
C'est à l'extase qui saisit le Visage qu'on aperçoit l'immensité des Dieux. »
Se porter à la rencontre, à l'entre-deux, et faire demeurer en nous, l'esprit de celles et de ceux qui nous « étrangent ».
Regarder notre étrange communauté. En jouer. La voir rejouer.
« La marionnette, l'esprit, le génie, le genre ambigu de la marionnette gagne, se répand dans le cours du fleuve comme dans le langage courant.
L'esprit d'indécision. le balancement. Pourquoi avons-nous deux jambes sinon pour penser d'un pied sur l'autre. Une pièce peuplée de marionnettes joue la vérité que dans la société nous voudrions dénier : à quel point nous reculons en avançant, et en menaçant nous fuyons et en fuyant nous menaçons, le dos est notre autre face, et d'un instant à l'autre nous pouvons changer de destin, de choix, de foi, de fidélité, de genre, de direction, de parti et même de sexe !
Ce qui demeure inchangeable c'est la douleur. »
Le théâtre est ce lieu.
Tambours sur la digue est une pièce , écrite sous forme de pièce ancienne pour marionnettes. Plus précisément pour des marionnettes du bunraku, théâtre classique japonais datant du XVIIe siècle.
Le sujet de la pièce : l'approche de la fin d'un monde, un déluge annoncé, une inondation, la colère d'un fleuve à qui on voudrait donner le visage d'un dieu. Une apocalypse, un déferlement d'humains dans un déchaînement de passions.
Pouvoir, argent, mensonge, amour, meurtre, rêve, espoir, trahison, tout se déchaîne.
Les eaux montent, les digues céderont, la crue de toutes les passions humaines anéantit un monde avant même que la colère du fleuve ne l'emporte.
C'est un monde tel que nous le connaissons.
« Ah les temps sont terribles ! Nous voilà recrutés par le malheur »
Voilà l'armée fébrile de nos ombres.

« Il faut sortir du palais de temps à autre et s'en aller dans le « Rien de spécial » comme disait ma grand-mère. Ne jamais oublier le début, c'est le secret. »...

Le début,... comment, où et pourquoi tout cela a-t-il commencé…

« Hier le boisseau de riz a quadruplé de prix. Et pourtant les gens de la ville s'enfoncent dans l'oubli .On n'entend pas un chien. le sang ralentit dans les veines.Des grands barreaux de lune tremblent sur l'eau noir du fleuve. Des bateaux fraîchement badigeonnés de pourpre et d'or dorment comme de grands chats luisants au ras des quais. On croit qu'il n'y aura pas d'inondation, on veut croire qu'il n'y a jamais eu de déluge dans l'univers. Maisons, palais, temples, veilleurs de nuit et de jour, guetteurs aux jambes fatiguées, écoliers, gens âgés, choses animées et inanimées.
Tout dort, vous dormez.
Le monde ne pense qu'à ne pas penser, mais la mort pense à tout le monde. »- le fleuve.

Écoutez « les tambours sur la digue »…. Ce choeur étrange qui bat au rythme de nos fleuves.
Astrid Shriqui Garain
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