Op-center, tome 7 : Diviser pour régner

La révolution est toujours légitime conjuguée à la première personne, comme quand on dit “notre” révolution. Elle n’est contestable qu’à la troisième, comme dans “leur” révolution.

Seulement, à l’aube du xxe siècle, le temps des guerres était révolu. À long terme, elles n’engendraient que des souffrances et, à long terme, que des haines. Le monde était devenu trop petit, trop peuplé pour les bombes. Si répugnant que cela puisse paraître, il fallait opérer un changement. Pour le bien du pays et de ses enfants. Pour le bien de ses propres enfants.

Une Amérique telle que décrite jadis par Theodore Roosevelt. N’hésitant pas à manier le bâton s’il le fallait. Mais capable aussi de parler avec douceur. Une Amérique qui sache faire usage de la diplomatie comme de la pression économique. Qui soit résolue à recourir éventuellement au chantage et à l’assassinat politique plutôt que de s’aventurer dans des mini-guerres aussi médiatiques qu’impopulaires.

Les politiciens redoutaient que les dirigeants de l’ancien service de renseignements soviétique n’aident les communistes chassés du pouvoir à reprendre celui-ci, voire ne tentent de s’en emparer eux-mêmes. Pour ces raisons, le nouveau régime installé au Kremlin avait créé un service de renseignements autonome, en dehors de Moscou, hors d’atteinte immédiate du MBR. On avait choisi de le baser à Saint-Pétersbourg. Et, suivant l’adage que l’on n’est jamais mieux caché qu’en pleine lumière, leur Op-Center avait été installé dans l’un des lieux les plus visités de Russie : le musée de l’Ermitage.

Quand Jules César s’est fait tuer par les républicains au sénat, c’était son plus vieil ami, son ami le plus proche qui avait ourdi l’assassinat.

Ils ont branché sur la ligne un modem pour transférer un appel depuis un autre endroit. On appelle ça du piratage téléphonique. C’est la technologie qu’utilisent les petits malins pour appeler d’une cabine avec une carte d’appel ou un numéro de compte bancaire. Il suffit juste d’avoir quelque part accès aux câbles de la ligne.

Bon nombre de pays membres ne redoutaient qu’une chose : que l’Amérique se serve de l’organisation internationale pour mieux les espionner.

Son vieux savait communiquer, bâtir une stratégie, gagner. C’était un leader-né. Mais le père de Maurice, comme tous les prolétaires dans sa famille, était resté sous la coupe de la bourgeoisie. Ils n’avaient pas le droit de fréquenter les bonnes écoles, même s’ils en avaient eu les moyens. On leur interdisait l’accès aux postes élevés dans la banque, les communications, la politique. Ils avaient de drôles d’accents, des épaules musclées, des visages tannés, et on ne les prenait pas au sérieux.

Son passé de maire de Los Angeles (synonyme de fréquentation des stars de cinéma) mais aussi dans les milieux de la finance et de l’espionnage faisait de lui le convive idéal. Capable de dialoguer avec des généraux, des hommes politiques d’envergure internationale, des diplomates, des journalistes, des sénateurs et leurs épouses, de les informer et les distraire sans jamais commettre d’impair – un détail qui était essentiel.