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Critique de OverTheMoonWithBooks


Sur une île quelque part dans notre monde, à un moment donné de notre époque, les cadavres de trois hommes noirs âgés d'une vingtaine d'années sont retrouvés gisant sur la plage.
Un élément perturbateur qui est quasiment devenu un fait divers banal de nos jours. Tel est en tout cas le point de départ de ce roman de Philippe Claudel. Un roman social, sociétal et aux relents naturalistes forts et perturbants.

Il y a une première fois à tout, et L'Archipel du Chien est le premier roman que je lis de l'auteur. J'avais lu l'adaptation du Rapport de Brodeck en 2 tomes adapté brillamment par Manu Larcenet, mais après m'être fait une idée du fond de l'oeuvre de Philippe Claudel, j'avais envie de découvrir la forme. Et de ce point de vue je n'ai pas été déçue, l'écriture du romancier est magnifiquement travaillée à la fois acerbe et poétique avec des images fortes et des miroirs tendus sur les parts les plus sombres de l'âme humaine.
J'ai été bluffée et tout de suite embarquée par la force et la beauté de l'incipit qui vaut à lui seul la lecture de ce roman. J'ai aussi beaucoup aimé les portraits de personnages tour à tour touchants ou saisissants de vérité. Que ce soit le cynisme, la lâcheté, la cupidité, la fourberie ou autre petitesse ordinaire, Philippe Claudel passe tous ses personnages au scalpel.
On retrouve des procédés littéraires présents dans le Rapport de Brodeck avec l'indétermination (de temps, de lieu et parfois des personnages désignés par des surnoms ou des fonctions) qui contribue à l'universalité du propos. C'est un procédé inhabituel mais qui fonctionne bien et n'enlève rien à la force du récit bien au contraire car il semble qu'ainsi Philippe Claudel ne cantonne pas son propos à des archétypes.

Ce que j'ai regretté en revanche c'est le côté trop prévisible de certaines scènes et le fait que vers le milieu du récit l'auteur semble faire des digressions et l'évènement de départ devient un prétexte pour parler du reste des habitants de l'île et de ce que cache leurs "sourires de convenance". Et j'avoue que dans ces décennies où les infos nous gavent de ce type d'info (certes véridiques et révoltantes), j'ai ressenti comme un trop plein. Peut-être qu'avec l'âge je deviens trop sensible mais ce trop plein de pessimisme et de roman qui vous envoie en pleine gueule que parfois le quotidien de certaines personnes est qu'au bout du tunnel c'est le train qu'on voit ... Non trop de noir pour ma sensibilité.
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