AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Eric76


Eric76
28 décembre 2015
Nous sommes dans ce Paris du 19ème siècle finissant. Celui des becs de gaz et des bruits de sabots sur les pavés glissants. Celui des hauts de forme, des cols empesés et des froufrous. Celui des mansardes et des escaliers sombres et interminables. On se remet à grand-peine du désastre de Sedan. Dreyfusards et antidreyfusards s'étripent. Les royalistes revanchards menacent la République bonhomme et bourgeoise qui tourne au grand Vaudeville quand le Président Félix Faure meurt subitement en « galante compagnie ».
Ragon, héros désabusé de ce roman sombre et ébouriffant, est un flic peu banal. A lui sont échues toutes les enquêtes un peu tordues, tous les meurtres sanglants, moitié sacrificiels, moitié cabalistiques qui marivaudent avec le surnaturel. Elles s'enchainent dans le chaos, les unes après les autres, avec leurs lots de doutes, de souffrance et de confusion. Je vois Ragon vieillir, perdre ses dernières illusions, obtenir un peu d'avancement, et prendre du poids. Enormément de poids. Au point de devenir gros comme trois hommes. Il a une manière bien à lui de résoudre ces enquêtes tortueuses en allant chercher des indices dans les livres. Car pour Ragon, encyclopédie vivante et fou de cette littérature qui lui permet d'oublier les misères de sa propre existence, tout est dans les livres. Nous voyons ainsi apparaître quelques monstres sacrés comme Jules Verne, Maupassant, Flaubert, Baudelaire , quelques autres, devenir acteurs dans les investigations menées par notre éléphantesque Ragon.
Arrivé au milieu du roman et à la troisième ou quatrième enquête, la lassitude commence pourtant à s'installer chez moi. J'ai peur que ce feuilleton dramatique se poursuive ainsi jusqu'à la fin : une suite d'enquêtes bizarroïdes sans lien entre elles sinon leur baroquerie et le fait qu'elles soient toutes élucidées grâce aux livres.
Apparaît alors l'anagnoste, un surnom tellement dans le ton de l'histoire, qui convoque Ragon à un duel d'esprit. Tout s'éclaire soudainement, et toutes ces enquêtes menées depuis le début, toutes ces citations d'écrivains qui émaillent le livre, prennent un sens.
Le roman verse brutalement dans l'uchronie ; je me rends compte que l'histoire racontée depuis le début n'est qu'un vaste trompe-l'oeil, une illusion cachant une autre réalité.
Finalement, je ne suis pas si mécontent d'avoir achevé ce livre qui fait partie de cette mouvance littéraire répondant au doux vocable de « steampunck » (traduction littérale : punk à vapeur !!!).
Une réserve, si je peux me permettre ! J'aurai préféré que ce livre soit moins « très brillant exercice de style » pour gagner en supplément d'âme.






Commenter  J’apprécie          445



Ont apprécié cette critique (42)voir plus




{* *}