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Critique de Lamifranz


Cinquième et dernier volume de la saga des « Colonnes du Ciel » [qui comprenait, pour ceux et celles qui ont loupé les épisodes précédents : « La saison des loups » (1976) « La lumière du lac » (1977) « La Femme de Guerre » (1978) et « Marie-Bon Pain » (1980)], « Compagnons du Nouveau-Monde » est un livre de transition, en ce sens qu'il termine un cycle, celui des « Colonnes du Ciel » et qu'il en annonce un nouveau qui sera « Les Royaumes du Nord ».
En 1977, Bernard Clavel épouse Josette Pratte, une romancière québécoise de 28 ans sa cadette, et son oeuvre va prendre un autre tournant : si son Jura natal occupe toujours l'essentiel de son inspiration, le pays de sa femme, avec ses grandes étendues, ses potentialités d'aventures, ses immenses territoires à défricher lui donne un nouvel élan, et surtout un nouveau cadre à ses romans. Clavel, on le sait, n'aime pas être confiné : il a besoin de grand air et d'espace : les histoires qu'il nous raconte sont souvent en plein air, rarement dans les huis-clos d'un appartement, il étouffe, cet homme, et le fait d'avoir exercé mille métiers, d'avoir été un errant, en a fait un personnage atypique, ennemi du parisianisme. Son oeuvre éclectique lui a valu d'être catalogué comme « écrivain de terroir », ce qui est, quand on connait son oeuvre, extrêmement restrictif : Clavel est essentiellement un conteur. Un conteur de destinées humaines. Qu'il les place dans son Jura natal, ou la Franche-Comté voisine, ou bien dans des territoires bien plus éloignés, ce qu'il nous proposent ce sont des aventures à taille humaine, souvent tragiques et douloureuses, et souvent traversées aussi par des beaux rayons d'espérance, et parfois même de bonheur.
Le bonheur justement, Bisontin-la-Vertu, le touche du doigt. Avec Marie-Bon-Pain iles ont traversé toutes les horreurs de la guerre et semblent à présent avoir mis le pire derrière eux. Mais Bisontin, Compagnon du devoir, est toujours tenaillé par le démon de la route. A regret il quitte Marie et, avec son ami Dolois-Coeur-en-Joie (un Porthos mâtiné de Raimu), prend le chemin de Saint-Malo où des Jésuites affrètent un bateau pour le lointain Canada. C'est ainsi que nos amis, accompagnés de Séverine, dite Jarnigoigne, une petite Bretonne qui a trouvé le chemin de son coeur, prennent la mer pour la Belle-Province. Une fois arrivés, ils auront maintes fois l'occasion de regretter le bonheur relatif qu'ils ont laissé derrière eux : ici aussi la vie est difficile : le climat est bien rude, les nouveaux venus ne sont pas toujours bien accueillis, l'emprise de la religion est extrêmement pénible (Clavel nous décrit un Jésuite particulièrement antipathique le père Therrien, qui reçoit le surnom agréable de Face d'Ortie, véritable tyran local), enfin la menace constante des autochtones, les féroces Iroquois.
Aventures de toutes sortes, donc, dans des décors somptueux : Clavel se régale – et nous régale – en nous décrivant ces grands espaces qui changent au fil des saisons, ce Saint-Laurent mythique, fleuve national, comme l'est le Nil en Egypte, et ce peuple industrieux, habitué à se battre corps à corps avec les difficultés du climat, du pays, et de ses habitants.
Ce pays a tellement conquis Bernard Clavel qu'il va y placer sa saga suivante : « le Royaume du Nord » où l'on suivra d'autres aventuriers cherchant à coloniser des terres à la pointe extrême du grand nord, là où un jour doit arriver le chemin de fer… Une autre épopée en perspective.
Ce cinquième tome des « Colonnes du Ciel » est dédié par Clavel à son ami Gilbert Cesbron : hommage d'un grand humaniste à un autre grand humaniste, et d'un grand écrivain à un autre grand écrivain.
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