La traversée de Paris est plus lente que celle d'un département.
Comme on quitte un pays, une région, une ville, pour changer de paysage, voir du neuf, respirer un autre air, regarder des visages nouveaux, et se sentir loin de toute accoutumance, je change de quartier à l'intérieur de Paris, vais de l'un à l'autre après avoir épuisé l'un et espérant l'autre...
Saint Paul, ce chantier surréaliste, image type du fantastique social d'après-guerre au coeur de la Cité, s'en va morceaux par morceaux, pans de mur encore debout mais que rien ne retient, pas même les solives en arcs-boutants, plantés au milieu du sol blanc et des gravats.
J'ai faim.
Autour de moi la terre tourne, le paysage fait la roue, les rues en sont les rayons, et je suis attaché au moyeu, ridicule pantin probablement, le supplice de la roue, le pilori.
La faim donne le mal de mer.