Le chat du jeu de quilles, tome 3 : Qui est le cerveau ?

Je ne suis pas aussi gourmand que Manon (normal, la gourmandise c'est un truc de fille...) mais je ne veux pas me montrer impoli. Alors je m'empare à mon tour d'un morceau de gâteau.

Comment cet homme a-t-il été assassiné ? demande-t-elle sans lever les yeux de sa tasse.
— On l’a étranglé.
— Quand ça ?
— Hier. Juste après qu’on ait retrouvé Manon. — Quelle coïncidence !
— Je ne crois pas que ce soit une coïncidence, Rose-Marie. Quelqu’un est venu le faire taire. Pour qu’il ne dise pas ce qu’il savait aux gendarmes.
— Quelqu’un d’autre aurait commandité l’enlèvement de Manon ?
— Tout juste.
— Dire qu’il y a des gens qui fantasment sur le calme de la campagne… C’est tout sauf calme, ici !

Dans ce coin de France, les champs restent à taille humaine, les haies nombreuses, sans parler des murets en pierre sèche qui slaloment au gré des ruisseaux et des obstacles qu'ils rencontrent. En ce début d'automne, les arbres commencent à se parer de couleurs lumineuses. Quelques mûres restent accrochées aux buissons de ronces, les dernières figues s'écrasent au sol.

Le chat, qui ne perd pas le nord (ni l'appétit) en profite pour se rappeler a mon bon souvenir en se frottant a ma jambe.
"OK, OK... Donne-moi deux secondes et je remplis ta gamelle."
Un miaulement impatient me répond. A croire que deux secondes d'attente, c'est encore trop. M’énerve, ce chat.
"Ta gueule ! fais pas chier !
- Pardon ? c'est a moi que tu parles, comme ça ?
Pourquoi Manon sort-elle justement de la salle de bain a se moment-la ?

Il fait doux. Un vent léger souffle, que je ne peux m'empêcher d'inspirer.
« Le vent d'autan ! dis-je à Manon.
-- Alors Célestin va être dehors.
-- C'est possible, oui. On va peu-être même le croiser. »