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EAN : 9782898107863
Editions Les Malins (15/07/2023)
4/5   1 notes
Résumé :
L’anxiété, ça te dit quelque chose ? Si tu n’en as jamais entendu parler, c’est que tu vis dans une grotte perdue au fin fond du Botswana ! Tout le monde vit de l’anxiété sur une base régulière et à un niveau plus ou moins élevé : ça fait partie de la vie. Pourquoi alors parle-t-on d’épidémie d’anxiété chez les jeunes si cet état est normal ? Comment peut-on arriver à bien gérer cette anxiété ? À quel moment faut-il s’inquiéter pour sa santé mentale ? Quels sont les... >Voir plus
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Incontournable Documentaire Ado Mai 2023


La maison Les Malins commence à développer ses documentaires un peu plus. Nous connaissons leur "ABC des filles' et leur "Gros livre épais" ( pour les gars), qui reviennent en boucle chaque année, mais récemment, j'ai trouvé ce livre-ci. "Pas juste dans ta tête" traite d'anxiété, l'émotion, mais aussi ses sources, ses manifestations et ces conséquences quand elle devient envahissante.


Dans sa forme, il n'est pas complètement neutre comme les docus traditionnels. Une part est attachée au vécu de son autrice. Ce peut être intéressant pour apporter un angle personnel et plus complice en terme de narration. J'apprécie néanmoins que le volet information soit plus neutre, car il relève alors de faits, non pas d'interprétation. L'autrice emploie un ton amical, ponctué parfois d'anecdotes, et se sert du tutoiement, ce qui rend le tout moins formel et moins froid.


Surtout, ce qui me semble être une grande force dans l'oeuvre est l'impression que le livre est vraiment conçu et pensé pour le lectorat adolescent, non pas adulte. le documentaire jeunesse adolescent est jeune dans la famille documentaire jeunesse et je déplore cet fait. Les ados ne sont pas des adultes. Je ne dis pas cela pour les infantiliser, c'est une simple question de développement . Je pense que le "traitement" des oeuvres est donc à peaufiner pour mieux se coller à leur groupe d'âge. Par exemple, penser à vulgariser les concepts, pour mieux adresser l'information à des 12 à 17 ans, encore scolarisés et encore peu expérimentés dans certains domaines. Aussi, penser à parler des enjeux de leur groupe d'âge, qui sont très souvent différents que pour les adultes et s'ils sont similaires, peuvent se traduire différemment. L'anxiété est un bon exemple, car d'un strict point de vue de développement biologique, psychologique et social, nos ados sont dans un groupes différent des adultes. Ils sont aussi à l'âge des premières fois à bien des égards, leur perception seront donc différentes de l'adulte habitué et expérimenté. Enfin, d'un point de vie d'intérêts et de réalité sociale, ils sont d'une génération différente. Bref, tout ça pour dire que je suis ravie de voir des livres tenir compte des ados en tant que groupe d'âge et de mieux tenir compte de leur besoins, ce qui les intéresse et ce qui les concerne. C'est bien plus important qu'on le croit.


Dans le présent livre, plusieurs aspects m'ont plus. Je suis d'abord ravie de voir une rubrique traiter de la différence entre introversion on et extraversion. Si nous ne sommes ni tout l'un, ni tout l'autre, reste que nous avons une prédominance de l'un par rapport à l'autre, qui peut fluctuer légèrement dépendamment de certains facteurs. Pourquoi est-ce pertinent d'en parler ici? Parce que le monde occidental est généralement à la faveur des extravertis, considérés comme "plus sociables", "plus audacieux" et globalement perçus comme des meneurs. Déjà, c'est faux, ce sont des traits spécifiques, que peuvent donc avoir les introvertis, mais surtout, on tend à mettre la pression sur les introvertis à se reformater dans l'extraversion, comme si on pouvait aisément changer un trait de tempérament. Les pousser à avoir de gros groupes d'amis, de sortir souvent, de cultiver leur image, bref, tous ces aspects associés aux extravertis ( que ces derniers n'ont pas forcément non plus, d'ailleurs). Cette dynamique de perceptions et de pression sociale peut devenir une source de stress et joue sur l'anxiété. Aucune personne ne devrait se faire pousser, directement ou pas, à changer de tempérament. Savoir ce que sont réellement l'introversion et l'extraversion, qui n'ont rien à voir avec les traits sociable, meneur ou audacieux, mais bien avec la stimulation et l'énergie, permet de mieux comprendre la dynamique sociale autours de ces deux pôles. Et surtout, de mieux se connaitre.


Parmi les autres éléments fort pertinents, nous retrouverons de plus amples explications sur les formes d'anxiété, comme l'écoanxiété, l'anxiété de performance ( un grand mal dans les écoles de tous niveaux) ou encore le trouble d'anxiété généralisé ( communément appelle "TAG"). On aborde ses composantes, ses manifestations, ses conséquences et surtout les moyens pour mieux la gérer. J'aime énormément le fait qu'il est clair dans le livre qu'il ne faut pas non plus tomber dans le panneau de devenir anxieux " à essayer de gérer son anxiété", ça revient à faire de l'anxiété de performance, mais sur l'anxiété elle-même! On ne peut PAS complètement se prémunir de l'anxiété et ce , pour une raison toute simple: C'est une émotion. Il est impossible d'être jamais triste, en colère ou joyeux, pas plus que de ne jamais être anxieux. Et l'autre grande vérité, celle que des gens continuent de dénier, c'est le fait que TOUT LE MONDE vit de l'anxiété. Certes, à des niveaux variables, dans des formes variables, mais à moins d'un trouble ou d'une anomalie neurochimique, tout le monde vit de l'anxiété, tous les genres, toutes les ethnies, toutes les classe sociales, tous les types de personnalités. TOUT le monde.


Anxiété et stress sont également deux concepts distincts, et ils ont leur fonction propre, on l'abordera dans le livre. Pour reprendre l'allégorie courante à leur sujet: "Quand la menace est devant toi, c'est un stress, quand la menace est dans ta tête, c'est de l'anxiété", avec souvent comme exemple de menace le mammouth. Drôle d'exemple, mais toujours cocasse à entendre.


Dans le monde de l'intervention psychosociale, on parle souvent de "facteurs de risque" et de "facteurs de protection". Il en sera question ( peut-être pas dans ce deux termes là, mais je paraphrase ici). L'hygiène de vie, la gestion des réseaux sociaux, les sphères sociales, les activités physiques, les rêves et aspirations, les modèles ( au sens social), l'éducation, les besoins primaires ( sécurité, nourriture, toit, santé) et la scolarisation ( associé aux connaissances générales et aux perceptives d'avenir) constituent, selon leur degré de présence ou non, des facteurs de protection ou de risque. Ils n'induisent pas d'anxiété, ils influencent l'anxiété, nuance. Un facteur de risque ou de protection ne sont pas des causes, ils restent dans l'ordre de la possibilité de nuire ou d'aider.


Et là je place un ingrédient majeur abordé dans le livre qui devrait être abordé beaucoup plus dans les écoles dès le primaire, l'estime de soi. C'est le pilier de notre santé mentale et de notre perception de soi. Une bonne estime de soi implique aussi d'avoir confiance en soi, de s'estimer, se reconnaitre sa valeur, de reconnaitre ses besoins et ses limites. Donc, inévitablement, il faut parler d'estime de soi quand on parle d'anxiété, elles peuvent être étroitement corrélées, même si bien sur, les facteurs de risque et de protection ont leur part d'influences.


Dernier point, comme le titre l'indique, "c'est pas juste dans la tête". Être anxieux n'a rien d'une folie ou d'un cas isolé, encore moins d'une faiblesse ( j'emmerde la masculinité toxique, les coachs de vie et tout ceux qui prétendent le contraire!) . Qui plus est, il faut aussi comprendre que l'anxiété vient avec des conséquences somatiques, c'est-à-dire qu'elle génère des réactions physiques qui peuvent devenir perturbantes, donc "pas juste dans la tête". Maux de ventre, crises panique, problèmes de sommeil, sueurs froides, etc. Il existe une large palette de réactions physiologiques liées à un excès d'anxiété et encore une fois, c'est normal, les autres émotions aussi viennent avec des réactions physiques.


S'ajoute à ce tableau fort complet des illustrations, souvent cocasses, des tableaux et des appuis. Graphiquement, ça ressemble à un mélange de revue et de périodique. J'aime la mise en page et la structure pour cette raison.


Vous trouverez aussi des infos pertinentes, notamment la bibliographie et les numéros des organismes d'aide à la fin.


Je suis donc vraiment contente qu'on se penche à la fois sur la cas d'une émotion très mal connue et du documentaire ado en une fois. J'espère en voir pousser d'autres sur d'autres enjeux, de manière aussi complète, pour nos ados. Ce ne sont pas les sujets qui manquent et nos profs comme nos parents sont également en quête d'idées de lecture pour leurs ados sur des sujets comme la psycho, la société ou encore les enjeux sociaux.


Petit ajout qui pourrait néanmoins être intéressant à ajouter dans ce genre de livre: des témoignages. On illustrerait ainsi mieux la réalité terrain des ados, et surtout, la diversité liées aux personnalités, aux situations socio-économique et aux profils culturels. La diversité, on en a jamais assez!


Pour un lectorat adolescent, à partir du 1er cycle secondaire, 12-15 ans+**


**Je pense que même les 10-12 ans peuvent y trouver de très bons éléments.
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