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Critique de fanfanouche24


"J'ai pu me faufiler dans le monde du travail en restant une sorte d'éternel étudiant. le monde du livre, dans lequel j'ai travaillé, m'aida à grappiller de courts mais vifs apprentissages. La réalité s'estompe un peu au contact des livres. Etre en librairie m'a permis d'approcher des gens, de prétendre à des idées et de croiser des milieux dont je n'imaginais même pas l'existence. "(p. 153)

J'ai découvert il y a un bon nombre d'années Patrick Cloux avec un merveilleux livre sur un des milieux professionnels qu'il a exercé lui-même : Libraire, avec "Mon libraire, sa vie, son oeuvre"... qui est une ode des plus enthousiasmantes à une profession unique, et aux libraires préférés de l'hexagone, de l'auteur... Depuis, j'ai suivi fidèlement ses écrits, et sa prose poétique et vivifiante...
C'est encore le cas avec un de ses tout derniers opus, où il parle toujours avec une grande simplicité et bonhomie de ses coups de coeur qui l'ont aidé dans une enfance aride: la littérature et l'art, mais pas l'officiel, le rigide, le conventionnel, mais celui , en marge, qui enchante les bords de chemins buissonniers !!

Les rencontres humaines, culturelles déterminantes, les apprentissages du Merveilleux, de l'insolite... aux pays de la littérature et des Arts... qui ont consolé, construit notre poète- libraire d'une enfance aride, nue...

Ce qui m'interpelle le plus ce sont ses attirances, ses préférences pour des artistes marginaux, méconnus... qui le plus souvent ne se considéraient pas comme tels !

L'impression de me promener en compagnie de vieilles connaissances, comme Philippe Dereux qui "en magicien de l'ordinaire constituait ses premiers tableaux d'épluchures" [ artiste incroyablement inventif, découvert personnellement il y a quelques années à la Halle Saint-Pierre- Musée d'art naïf à Paris]

Patrick Cloux, issu du monde ouvrier [père en usine, militant communiste] nous livre en vrac ses chocs avec une culture dite "populaire" dissidente, mais combien imaginative, inclassable, hors cadre, l'Art des Rues et Art vivant sous toutes ses formes !... d'Art naïf, de ses multiples coups de coeur, dont son premier choc avec l'oeuvre et les écrits de Jean Dubuffet !

Très heureuse de m'être commandé ce texte qui me donne la très réconfortante sensation d'être en présence d'un camarade familier et complice : le Bonheur de transmettre des coups de coeur artistiques ou littéraires; les livres, les écrivains dissidents, l'Art des rues, le sens du Merveilleux, qui se moquent des cénacles et des élites !

une publication à savourer, lire lentement ... il est question d'art populaire, d'art vivant en dehors des académismes et des rails habituels...
"Cet art est libre comme l'air ", ces "Inspirés des bords de route" [ Jacques Lacarrière]

Ouvrage à lire lentement tant il est dense, nourri de tant d'artistes, de créateurs atypiques.... Ce livre est un panorama multicolore ... qui dit magnifiquement et joyeusement que l'amour du Beau, de l'art , l'Imaginaire ne sont pas que des questions d'élites, ou de classes sociales privilégiées, ou des conditionnements culturels habituels... Cette lecture inaugure de la meilleure façon un film qui va sortir en ce mois de janvier 2019, sur le Facteur Cheval... que je m'empresserai d'aller voir !! Comme un prolongement à cet ouvrage "hors-catégorie"...

J'achève cette très belle lecture, dont j'aurai encore beaucoup à dire... mais il y a trop ... dont tant de noms inconnus, que j'ai envie de rencontrer dont le cinéaste , Jean-Jacques Brunius, avec son court-métrage "Violons d'Ingres"...qui m'intrigue... et tant, tant d'autres nouvelles connaissances, en perspective... Je vais me permettre de transcrire un long extrait qui donne fort bien le ton de " ce livre, véritable caverne d'Ali-Baba"... ! :


"Je tiens à mes irréguliers. A mes encombrés, à mes encombrants. Ils ne s'occupent que de leurs passions, vivent gentiment à l'écart, s'établissent en angle-mort, assez loin des préoccupations soi-disant sérieuses de la plupart des gens. Toute leur force est en eux. Ils parviennent à viser juste en tirant de biais, ce qui est déjà un bel exercice. Nos frontaliers de l'art de faire réinventent sans cesse un imaginaire puisé à leurs fonds propres. On les a tant et tant promenés eux aussi que j'en fais implicitement partie. C'est ma chance. Je suis un arriéré. Ce qui me tient et me saisit si fort chez la plupart d'entre eux c'est leur véritable honnêteté, celle d'être à la fois des marginaux inventifs et de vivre leurs étranges propositions à plein temps. Ce sont des êtres rétifs à la sociabilité ordinaire. A l'analyse. Au Marché. Aux discours lénifiants où s'enracinent les fourches caudines du savoir. Ils inventent un autre droit coutumier. Chez eux l'amitié choisit ses saisons à leur rythme. Ils sont riches ou pauvres, mais demeurent insolvables. (...) Leur valeur vient surtout de leurs écarts. (p. 243)
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