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Critique de Malise


Récit d'une jeunesse passée dans un quartier noir de Baltimore, récit d'un parcours fait de renoncements et de dépassements, parsemé de références musicales qui viennent souligner son propos et des noms des grandes figures du mouvement d'émancipation des afro-américains, le livre de Ta-Nehisi Coates témoigne de ce qu'est la vie d'un jeune garçon puis d'un jeune homme dans une ville raciste et un quartier où la violence fait loi. Mais il décrit aussi une relation père/fils faite d'admiration et de crainte, d'amour et de désamour.

Je ne peux évidemment pas le résumer à la citation que j'ai publiée et qui commence par "Mon père n'était pas un homme violent." Et pourtant... Comme tout récit de vie, celui-ci est traversé de paradoxes, tissé de contradictions dont la citation mentionnée ci-dessus n'est pas la moindre. L'auteur est donc sommé par ses parents de rejeter la violence de la rue, celle à laquelle le destine la doxa blanche qui voit dans chaque homme noir un danger potentiel, un être aux instincts primaires impossibles à canaliser. Mais voilà, si son père, fort de ses années d'études et de son engagement militant auprès des Black Panthers le nourrit de lectures engagées, de sermons destinés à ouvrir son esprit à la Conscience (de sa valeur, de l'histoire de son peuple etc.) il use aussi d'une ceinture pour parfaire l'éducation de ses enfants... Et, malgré toute la lucidité dont l'auteur fait preuve quant il décrit les mécanismes qui poussent ses copains de classe, ses voisins de quartier à revendiquer, assumer et, finalement, sombrer dans cette violence, il la légitime lorsqu'elle émane de son géniteur.
« Mes parents, écrit-il, estimaient qu'ils ne pourraient bientôt plus me dicter leur volonté, car leur éducation reposait en partie sur la menace physique. Mon père croyait en notre nature animale. »
La violence comme remède à la violence en quelque sorte. Mais je me garderai bien de juger, moi qui ne connaît pas la moitié des humiliations, des terreurs, des menaces que supportent ces familles qui vivent dans la crainte perpétuelle d'apprendre qu'un des leurs a été assassiné en vendant du crack ou suite à une bavure. Ta-Nehisi Coates lui s'en est accommodé et finira par aller faire ses études à l'université, loin de la rue.

Si j'ai souhaité attirer l'attention sur ce paradoxe (qui fonde ce récit à mes yeux), je n'oublie pas non plus que ce livre est aussi un important et nécessaire témoignage sur ce qu'est la vie d'une famille d'afro-américains à Baltimore dans les années 1980, au sein d'un état raciste et ségrégationniste contre lequel la lutte est toujours d'actualité.

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