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EAN : 9782746744592
267 pages
Autrement (11/01/2017)
3.72/5   56 notes
Résumé :
«Je me réveillais enfin, avide de comprendre.»À West Baltimore dans les années 1980, les gangs et le crack sont le seul horizon des gosses du quartier. Ta-Nehisi est voué lui aussi à devenir un bad boy. Mais son père Paul, ancien Black Panther passionné de littérature, lui fait découvrir Malcolm X et James Baldwin. C'est une révélation. L'adolescent rêveur, égaré dans les frasques d'une famille hors norme, se jure d'échapper à son destin.Épopée lyrique aux accents h... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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La dernière chronique littéraire qu'on avait consacré en 2016 concernait Ta-Nehisi Coates qui avec son essai "Une Colère Noire" avait été un des grands événements littéraires de l'an passé : il semble d'autant plus logique de boucler la boucle en commençant les chroniques sur les livres de 2017 avec le premier roman de cet auteur, dont la publication de ce Grand Combat chez Autrement un an après la parution d'une Colère Noire (le Prix du Meilleur Essai 2016 du magazine LIRE) est dans le prolongement direct de l'immense succès de celui-ci.

Ta-Nehisi Coates est un journaliste afro-américain, la quarantaine, né à Baltimore sur la côte Est des Etats-Unis, chroniqueur pour The Atlantic chroniqueur à The Atlantic, qui est devenu grâce à Une colère Noire , l'un des intellectuels les plus écoutés du moment.

Dans la lignée de cette si rageuse et percutante Colère Noire, l'auteur creuse le sillon de la question de la négritude aux USA avec ce grand combat, formidable roman d'apprentissage dans lequel il y raconte la naissance de sa conscience politique, héritée de son père ancien militant des Blacks Panthers dans le West Baltimore des années 1980.


Avec son narrateur ( l'auteur lui même) guidé par les principes éducatifs d'un père érudit qui l'a initié aux Blacks Panthers et aux mouvements d'émancipation des noirs, "Le grand combat", mélange de fiction et d'autobiographie décrit comme un jeune teenager un peu maladroit et pas forcément adapté aux grandes luttes de ce monde, va devoir apprendre à se battre dans la violence d'une amérique urbaine des années 80 gangrénée par la délinquance, le crack, et le sida , quitte à prendre les armes lorsque les belles paroles ne suffisent pas ou plus.

En réinvitant sa propre histoire avec le lyrisme et la flamboyance qu'il démontrait déjà dans UNe Colère Noire, Ta-Nehisi Coates livre une saga épique et urbaine dans lequel la débrouille et le hip-hop tiennent forcément les premiers rôles.

Un roman écrit avec les tripes mais aussi le coeur, qui en nous donnant quelques clés, et décrivant les tenants et aboutissements de la question raciale il y a plus de trente ans, permet d'apporter un éclairage sur la question raciale si complexe aux USA, malgré deux mandats d'un Barcak Obama qui n'a pas vraiment réglé les problèmes, malgré tous les espoirs placés en lui au début de son premier mandat.
Assurément un des incontournables romans de cette rentrée littéraire de janvier 2017 qui on l'espère devrait en compter un certain nombre.

Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Ta-Nehisi Coates nous raconte comment son père, ex-membre des Black Panther Party, a tenté de l'éveiller à la Conscience noire afin d'échapper au déterminisme social des gangs, de la misère et de la place de citoyen de seconde zone que l'Amérique réserve à leur peuple. Il l'initie aux oeuvres rares de figures noires marquantes qu'il réédite. Il lui enseigne les racines originelles. Mais Ta-Nehisi est alors un adolescent rebelle et mal adapté, poussé à la fois par l'exemple que tente de lui faire prendre son père et les codes de la rue où plane toujours une violence à la fois indéterminée et prévisible, comme une colère rentrée prête à exploser à tout moment.

Ma lecture je dois le dire a été assez laborieuse, car je n'ai pas perçu de vraie analyse sociétale. J'ai vu dans ce récit une tranche de vie parsemée d'anecdotes qui m'ont laissée froide. Je suis donc fort déçue par ce grand combat qui ne m'a pas ouverte davantage à la connaissance de la lutte des Noirs Américains. Il existe bien des lectures plus percutantes sur ce sujet et je ne vous recommande donc pas ce livre que je trouve très dispensable.
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Récit d'une jeunesse passée dans un quartier noir de Baltimore, récit d'un parcours fait de renoncements et de dépassements, parsemé de références musicales qui viennent souligner son propos et des noms des grandes figures du mouvement d'émancipation des afro-américains, le livre de Ta-Nehisi Coates témoigne de ce qu'est la vie d'un jeune garçon puis d'un jeune homme dans une ville raciste et un quartier où la violence fait loi. Mais il décrit aussi une relation père/fils faite d'admiration et de crainte, d'amour et de désamour.

Je ne peux évidemment pas le résumer à la citation que j'ai publiée et qui commence par "Mon père n'était pas un homme violent." Et pourtant... Comme tout récit de vie, celui-ci est traversé de paradoxes, tissé de contradictions dont la citation mentionnée ci-dessus n'est pas la moindre. L'auteur est donc sommé par ses parents de rejeter la violence de la rue, celle à laquelle le destine la doxa blanche qui voit dans chaque homme noir un danger potentiel, un être aux instincts primaires impossibles à canaliser. Mais voilà, si son père, fort de ses années d'études et de son engagement militant auprès des Black Panthers le nourrit de lectures engagées, de sermons destinés à ouvrir son esprit à la Conscience (de sa valeur, de l'histoire de son peuple etc.) il use aussi d'une ceinture pour parfaire l'éducation de ses enfants... Et, malgré toute la lucidité dont l'auteur fait preuve quant il décrit les mécanismes qui poussent ses copains de classe, ses voisins de quartier à revendiquer, assumer et, finalement, sombrer dans cette violence, il la légitime lorsqu'elle émane de son géniteur.
« Mes parents, écrit-il, estimaient qu'ils ne pourraient bientôt plus me dicter leur volonté, car leur éducation reposait en partie sur la menace physique. Mon père croyait en notre nature animale. »
La violence comme remède à la violence en quelque sorte. Mais je me garderai bien de juger, moi qui ne connaît pas la moitié des humiliations, des terreurs, des menaces que supportent ces familles qui vivent dans la crainte perpétuelle d'apprendre qu'un des leurs a été assassiné en vendant du crack ou suite à une bavure. Ta-Nehisi Coates lui s'en est accommodé et finira par aller faire ses études à l'université, loin de la rue.

Si j'ai souhaité attirer l'attention sur ce paradoxe (qui fonde ce récit à mes yeux), je n'oublie pas non plus que ce livre est aussi un important et nécessaire témoignage sur ce qu'est la vie d'une famille d'afro-américains à Baltimore dans les années 1980, au sein d'un état raciste et ségrégationniste contre lequel la lutte est toujours d'actualité.

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Le témoignage de Ta-Nehisi Coates, qui raconte son enfance et son adolescence à Baltimore dans les années 80, est une révélation, pour comprendre ce qu'était être un citoyen Noir aux Etats-Unis à cette époque. Aller à l'école la peur au ventre, être persuadé qu'il n'y a qu'une seule voie possible, la violence... Un roman social, mais aussi un roman d'apprentissage, à travers la découverte par un jeune garçon de la manière de construire son identité, grâce à l'héritage culturel de son père, éditeur investi d'une mission, faire perdurer les écrits des grands auteurs de sa communauté. Il y a encore beaucoup à découvrir dans ce roman, n'ayez aucune hésitation !
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"Des Black Panthers aux panafricanistes de NationHouse, d'un ghetto à l'autre, de l'obsession des marques au rap engagé, on suit avec grand intérêt le témoignage de l'auteur qui passe de l'enfance à l'adolescence, en pleine ère du crack, et tente, entre les coups et les balles, de se forger une identité. (...) C'est bien d'un parcours du combattant dont témoigne ce livre. Ta-Nehisi Coates, dont Toni Morrisson disait qu'il comblait le vide intellectuel laissé par la disparition de James Baldwin, a survécu et est devenu l'essayiste et écrivain que l'on sait. Grâce, nous dit-il ici, à des parents qui lui ont dévoilé la Connaissance et l'ont élevé comme un guerrier, au hip-hop qui « lui a sauvé la vie » et à une famille étendue qui l'a ancré dans un corps collectif ; « Je rends hommage à ce que ces hommes et ces femmes ont fait pour moi, à ces rites anciens qui nous ont sauvés d'une époque impitoyable. » "
Kits Hilaire (Extrait de l'article paru dans DM)
Lien : https://doublemarge.com/le-g..
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critiques presse (3)
Actualitte
24 octobre 2018
Armé d’une plume nerveuse et maniant aussi très bien l’ironie, y compris contre lui-même, Coates nous raconte une adolescence qui n’a pas été de tout repos.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Bibliobs
30 janvier 2017
Dans “le Grand Combat”, roman d'initiation, Ta-Nehisi Coates, l'un des inspirateurs du mouvement Black Lives Matter, retrace son éveil intellectuel et son enfance hors norme.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Telerama
11 janvier 2017
Plus narratif et prenant qu'Une colère noire, l'autobiographique Grand Combat est ancré dans les années 1980, à West Baltimore, où se déroula l'enfance de Ta-Nehisi Coates.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
"C’est mon instinct de cow-boy qui réagit le premier, la pensée que, en dépit de ma maladresse et de mes lunettes recollées, du sang rebelle coulait dans mes veines, et cette idée m’emplit d’une fierté stupide et enfantine. Tout le monde a besoin de mythes. Et ici, dans le Far West de Baltimore où nous avions perdu la foi, où régnait la loi barbare, quelle serait notre magie? Quels seraient les mots sacrés?" (p.126-127)
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C’était un vétéran du Vietnam et, pour Linda, il devait représenter l’exemple même du brave gars sur qui on pouvait compter. À cela près qu’il vira radical et rejoignit les rangs d’une jeunesse exaspérée par la non-violence intransigeante de ses aînés et les cahots du changement. Il devint membre du Black Panther Party et se retrouva à la tête de la section locale. Il perdit son emploi syndiqué. Il faisait des heures sup pour la révolution imminente. Pour finir, sa famille dut se tourner vers l’aide sociale.
(...)
Les Black Panthers apportèrent à sa quête virile une dimension politique. Ils vivaient en communauté, partageaient leurs chaussettes et leurs lits. Ils étaient des camarades, des frères d’armes qui avaient pour objectif le grand démantèlement, l’effondrement de la famille, la destruction d’une économie basée sur le profit et l’appât du gain. L’exclusivité n’avait pas sa place dans ce nouveau monde. Mon père s’en accommoda si bien que, bientôt, dès qu’une femme lui adressait un sourire, il semblait qu’elle pouvait commencer à compter ses jours de retard.

Aux yeux de Linda, les Black Panthers avaient transformé un vétéran digne et travailleur en un de ces assistés qui justifiaient l’existence des bons alimentaires et des logements sociaux.
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"Il nous portait à bout de bras, même si nous lui avions rien demandé.Je suppose que cela le grandissait à ses propres yeux. Cependant, il ne mesurait pas les implications de son héritage. En ce temps là, nous observions notre père et nous comprenions si peu de choses. Etre conscient ne signifiait pas seulement ingurgiter des livres obscurs à la gloire des notres. C'était un sentiment intime, la conviction profonde qu'il s'était passé quelque chose de grave dans nos vies."
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"Nous étions coupés en deux : un pied en Amérique, l’autre dans un pays en guerre. On nous demandait de nous comporter en individus civilisés, alors que le monde autour de nous était au bord du carnage. Bill avait perdu toute mesure. Être armé signifiait prendre les commandes de nos existences à la dérive. Un flingue, c’était une machine à explorer le temps et une ancre : c’était lui qui dictait les événements. Être armé, c’était être son propre maître, devenir autre chose qu’un homme dont la vie et la mort pouvaient simplement être saisies et jetées au hasard" (p.48-49)
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Pourtant, les grandes causes ne manquaient pas : Mandela, le Nicaragua, la lutte contre Reagan. Et nous nous entre-tuions pour des baskets cousues par des serfs, des blousons à la gloire d'équipes qui ne nous appartenaient pas, des casquettes arborant le nom d'Etats sudistes. Je sentais la chute, elle était partout. Le déferlement d'armes à feu bouleverserait l'ordre naturel. Des gamins qui avaient l'âge de regarder Les Aventures de Teddy Ruxpin tenaient entre leurs mains le pouvoir d'effacer une vie. Mais mon père avait juré de nous guider à bon port. Mes parents se liguèrent avec d'autres mères pour nous sauver. On nous envoyait dans des colonies de vacances scientifiques et on nous inscrivait à des cours de musique. On nous bombardait de livres volumineux.
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Videos de Ta-Nehisi Coates (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ta-Nehisi Coates
Alors que la candidature de Donald Trump inquiète une partie de l'Amérique d'un retour du conservatisme au pouvoir, la question des droits civiques revient sur le devant de la scène. le journaliste et écrivain Ta-Nehisi Coates nous partage son expérience des inégalités raciales outre-Atlantique.
Pour en parler, Guillaume Erner reçoit Ta-Nehisi Coates, écrivain et journaliste américain.
Photo de la vignette : Bennett Raglin / GETTY
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