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Critique de Zazette97


Après plusieurs romans tels que le célèbre "Testament à l'anglaise" ou encore "La maison du sommeil", "La pluie, avant qu'elle tombe" est le 8ème et dernier roman en date, paru en 2007 et traduit en français en 2009, de l'écrivain britannique Jonathan Coe.

Suite à la mort de sa tante Rosamond, Gill retourne dans le Shropshire pour assister aux funérailles et vider la maison.
Alors qu'elle pénètre les lieux, elle tombe sur des albums photo ainsi que sur plusieurs cassettes enregistrées par Rosamond peu avant son décès. Une note figure sur l'un des boîtiers : " Gill, Ces cassettes sont pour Imogen. Si tu ne la retrouves pas, écoute-les toi-même".
Imogen, la petite fille aveugle que Gill avait croisé autrefois, est introuvable. Aussi Gill entreprend-t-elle d'écouter les enregistrements qui renferment 20 descriptions réalisées à partir d'anciennes photos et qui en disent long sur le passé des uns et des autres...

Je ne connaissais Jonathan Coe que de nom mais, en voyant les avis postés ici et là sur ce roman, j'avais hâte de faire connaissance avec cet auteur !
"La pluie, avant qu'elle tombe" constitue le testament de Rosamond légué à la petite Imogen.
J'ai beaucoup aimé le schéma narratif de ce roman. Etant donné qu'il est question de 20 photos ni plus ni moins, le chapitrage s'est imposé naturellement. le récit n'en est pas pour autant linéaire car si les anecdotes se suivent, elles ne se ressemblent guère.
Bien sûr au départ, il est question pour Rosamond de décrire de son mieux les différents éléments qui composent la photo, l'occasion pour l'auteur de convoquer des images d'une infime précision et qui donnent assurément un certain relief au récit.
Les détails fournis par Rosamond n'ont rien d'anodin et concourent à dresser l'envers du décor, les différents niveaux de lecture de chaque photo pour soulever le climat glacial dans lequel baignent les différents personnages.
Les propos de Rosamond se révèlent teintés d'une mélancolie qui n'échappe pas à un certain cynisme, rien de plus normal lorsque l'on connaît les tenants et aboutissants de cette histoire traversée par 3 générations de femmes à qui le manque d'amour maternel fait cruellement défaut.
Mal aimées, irresponsables, lunatiques, toutes ont choisi de préférer un homme à leur propre enfant, pour s'en mordre les doigts, malheureusement trop tard, et céder la place à la suivante.
Et au milieu du jeu de quilles, Rosamond, cette femme qui essaiera toute sa vie de réparer les pots cassés, toujours à la recherche d'affection, et se voudra systématiquement mal reçue et manipulée. Une femme restée malgré tout sentimentale et à laquelle on ne peut que s'attacher.

J'ai été soufflée par la faculté de l'auteur à s'emparer d'un sujet aussi...féminin jusque dans sa sphère la plus intime, un don que je n'avais jusque là constaté que chez Stefan Zweig.
On sent également chez Jonathan Coe un goût accru pour le déterminisme dans cette façon de présenter ces différents destins comme liés par un sort indéfectible.
Dans la mesure où cette fatalité s'avère être le fil conducteur de l'histoire, cela ne m'a pas dérangée outre mesure sauf - et c'est là le seul bémol de ce roman selon moi - à la toute fin de l'histoire où il est question d'une énième coïncidence (ceux/celles qui l'ont lu se souviendront de l'épisode du chien !) que j'ai trouvée beaucoup trop grosse et qui selon moi était superflue.

Ce petit bémol mis à part, j'ai vraiment été enchantée par cette lecture !
Lien : http://contesdefaits.blogspo..
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