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Critique de Tachan


N'étant pas forcément friande du design très lolita de l'héroïne, j'ai failli passer à côté de ce titre. Quelle grossière erreur cela aurait été, car sous ses dehors un peu racoleur, WanDance déborde en fait de finesse est une très jolie histoire sur la découverte de soi qui m'a conquise dès le premier tome.

Je découvre avec ce titre la jeune autrice Coffee, dont le premier manga a été publié en 2015 au Japon. Celle-ci a un trait énergique des plus affirmé, très moderne et dans le vent, dont elle se sert pour traiter de thématiques variées comme le sport ou la différence.

Avec WanDance, elle nous emmène dans l'univers de la danse post-moderne, la danse de rue, aux côtés de deux héros atypiques, tout d'abord une petite nymphette toute fine qui pourrait sortir d'un manga de Leiji Matsumoto, puis un grand garçon baraqué qui gère mal sa grande carcasse et est bègue. C'était assez inattendu. La surprise est au rendez-vous dès les premières pages et malgré un cadre assez classique, la vie lycéenne, l'autrice parvient à nous faire souffler un vent de liberté.

Mon gros coup de coeur vient en premier lieu du héros, le maladroit Kaboku, Kabo pour ses potes, un grand échalas qui a du mal à aligner deux phrases sans bégayer parce qu'il est bègue. Je crois que c'est la première fois que j'en croise un dans un manga, qui plus est dans le rôle du héros, et j'ai apprécie que l'autrice nous détaille peu à peu au fil des chapitres tout le spectre de ce trouble du langage. Cependant, elle n'enferme pas son héros dans sa particularité et au contraire, nous montre un jeune garçon qui lutte au quotidien pour s'intégrer. Ses amis sont conscients de cela et s'ils le chambrent parfois, ils sont également totalement ouvert à sa différence, ce qui fait un bien fou !

Cependant, Kabo a du mal avec la vie qu'il mène et il souhaiterait s'exprimer encore plus. Il a alors le coup de foudre pour une de ses camarades, Wanda, ou plutôt pour le moyen d'expression que celle-ci utilise : la danse de rue et ses improvisation, qui lui ouvrent de tous nouveaux horizons. Il découvre potentiellement un biais pour s'exprimer sans avoir à parler, lui pour qui c'est si dur. Nous allons alors assister à la lente transformation d'une chenille en un superbe papillon.

J'ai adoré la thématique choisie et mise en scène par Coffee. Je ne suis pas une grande adepte de la danse, étant trop gênée, comme le héros au début, pour danser devant un public. En revanche, j'admire vraiment cet art et la beauté des corps qui s'exprime alors. C'est parfaitement mis en scène ici avec des choix narratifs vraiment judicieux. En effet, Kabo et Wanda vont vite rejoindre le club de danse de leur lycée. On apprend au passage que la danse est dans le corpus des enseignements obligatoires du collège au Japon depuis quelques années. Et dans ce club, avec l'aide de la présidente, nous allons assister pas à pas à la transformation de Kabo et au lien qu'il va nouer en parallèle avec Wanda, sa muse.

J'ai beaucoup aimé la mise en scène de cela. Je ne sais pas si c'est voulu, mais j'ai trouvé l'autrice très inclusive sur ces scènes là, comme si elle nous invitait nous aussi à entrer dans la danse et ce sans le moindre jugement. En effet, la présidente du club est en quelque sorte leur prof et nous allons apprendre à ses côtés quelques mouvements de base du hip hop, le tout en musique, puisque les titres nous sont donnés et qu'on peut les écouter pour s'imprégner de l'ambiance et du rythme, ce que j'ai fait. C'est vraiment entraînant.

J'ai ainsi trouvé magique de voir ce jeune garçon empêtré dans son corps et dans sa langue se révéler à lui-même et prendre peu à peu confiance. La relation qu'il noue avec Wanda est assez atypique, celle-ci étant vraiment la matérialisation d'une muse aussi bien dans son rôle auprès de lui que dans son apparence de nymphette ou petite fée au choix. Elle lui ouvre un tout nouvel univers et il sait s'en saisir. Les valeurs travail, ouverture et bienveillance sont bien sûr au coeur de leurs futures aventures qu'il me tarde de découvrir.

Dernier point, alors que j'avais des réserves dessus, je suis totalement fan du dessin. Il s'en dégage une grande force, mais aussi beaucoup de finesse, de fluidité et même de volupté. C'est superbe de voir Wanda et Kabo danser. J'adore le côté très solaire de celle-ci, on se croirait dans le songe d'une nuit d'été de Shakespeare quand on la voit danser, et pourtant il y a également un côté très street chez elle, tout comme chez les danseuses du club et chez la présidente en particulier. Coffee sait vraiment nous transmettre dans son dessin les caractéristiques de chacune des danseuses et chez Kabo, c'est la force et la puissance brute qu'on ressent, avec ce feu qui couve en lui et ne demande qu'à sortir pour s'exprimer. C'est assez magique.

Alors oui, je partais avec de gros a priori sur WanDance, j'ai même failli ne pas l'acheter. Puis quelques planches sur les réseaux m'ont convaincue et je suis ravie de les avoir écoutés car j'ai vraiment frôlé le coup de coeur avec ce seinen sportif qui reprend tout ce que j'aime et encore plus dans le genre, grâce à des héros sensibles et atypiques, grâce à une manière d'inclure le lecteur vraiment plaisante et grâce à un dessin immersif et pénétrant. Merci pour cette belle découverte !
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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