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Pour écrire mon billet, je vais vous conter une anecdote en préambule.

Le petit livre que je tiens entre mes mains est d'une facture délicate et poétique, avec en couverture une carte de géographie qui invite au voyage, et une boussole, pour ne pas perdre le nord. Bienvenue au pays de la Schizophrénie.

Seulement voilà, ce petit livre revient de loin. Il a fait un long et mystérieux voyage pour arriver jusqu'à moi, depuis fin août que je l'avais commandé, une véritable histoire de fou ! Un numéro de commande jamais parvenu à l'éditeur, suite à un bug informatique chez ma libraire. Une commande recommencée, un comptable qui a bien fait le nécessaire, on suit l'affaire de près. Toujours rien. Un problème chez l'éditeur, cette fois ? Pour la nième fois, je questionne :
« — Anne, ma soeur Anne, ne vois-tu rien venir ? »
Rien.

J'en ai déduit qu'ils coupaient encore l'arbre d'une essence rare pour fabriquer le papier, puis que l'éditeur l'écrivait à la main, pour un exemplaire spécial. Mi-septembre, j'ai compris qu'ils me l'acheminaient enfin… à pied, et je pense que j'aurais fini par commettre un crime, saccageant tout chez l'éditeur comme chez le libraire si je n'avais enfin reçu le fameux exemplaire le… 11 octobre ! Cela donnera peut-être l'idée à l'auteur d'écrire un thriller, qui sait ? Si une petite voix lui souffle de venir sur babelio lire ceci ; il a beaucoup d'imagination grâce à sa pathologie (c'est lui qui le dit) !

Un livre qui se mérite, donc.
Mais tout le mérite est pour Stéphane Cognon, car son opus est une pépite.
Un cachet effervescent, qui vous guérit direct de vos a priori. Pas d'effet placébo, tout est beau. Le style est fluide, poétique, humoristique. Le témoignage est pudique, sensible, émouvant et drôle à la fois. C'est dans le tram que j'ai terminé cette lecture, n'ayant pu lâcher ce livre malgré mon programme chargé. Non seulement j'ai éclaté de rire en plein wagon, à plusieurs reprises, tant la fin m'a amusée, une histoire de monsieur météo… lisez, vous saurez… mais j'ai versé ma petite larme, surprise par l'émotion que m'a provoquée sa conclusion.

Son livre est comme une exposition, vous visionnez des tableaux, ou vous êtes au cinéma, et les scènes sont très nettes. L'annonce du diagnostic. L'hospitalisation en psychiatrie pour de longs mois, traumatisme de toute une famille. Les pleurs. le vécu. le détachement. La sexualité pour ces jeunes internés dont les hormones bouillonnent à vingt ans. Le désir d'en sortir. La rechute quand on néglige de prendre son traitement. Les leçons à tirer. L'errance. Les questions du lien au cannabis, quand aujourd'hui encore les spécialistes étudient sa part de responsabilité dans l'apparition des troubles. On sait que tout n'est pas perdu, car la plasticité du cerveau est grande à l'adolescence, et tout peut basculer dans un sens comme dans l'autre, mais alors ?


D'où ça vient ? Il ne saura pas. Mais il s'en sortira. Et comme un diabétique prend son insuline à vie, il avalera ses pilules sans se poser plus de questions, car il sait maintenant qu'elles feront à jamais partie de son petit déjeuner, ou repas du soir, garantes de son équilibre. Soigner le corps et l'esprit, voilà le secret du bien-être. Il a construit sa famille, marié et père de 3 enfants, il est aussi artiste, musicien, poète, photographe…

Les fous ne sont pas toujours ceux que l'on croit quand les fous de Dieu tuent à tour de bras. Une petite voix intérieure me souffle que l'auteur est drôlement plus sympa que beaucoup de gens dits « normaux ».

Le monde sans fous ou le monde s'en fout ?

Alors, doucement, les mots sont arrivés dans ma tête.
Avant, j'aurais dit : si t'es schizo, freine !
Maintenant, je dis, si t'es schizo, fonce. Mais n'oublie pas de prendre ton traitement ! Et puis, les schizos, vous êtes tous différents. J'en connais qui sont encore derrière les murs, prisonniers de leur maladie.

Allez-y, Stéphane, vous ne faites de mal à personne avec vos mots ni vos maux. Alors un grand bravo.

J'ai relevé la préface de Béatrice Borrel, présidente de l'UNAFAM, si vous voulez allez plus loin dans le voyage, suivez ce lien :

Lien : http://www.unafam.org/Les-fe..
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Écrire sur la folie, c'est fou !

Je Reviens d'un Long Voyage" de Stéphane Cognon, nous invite à pénétrer dans la géographie complexe d'un malade, et pourquoi ne pas le dire dans la folie d'un jeune de 20 ans.

Puisqu'il utilise souvent ce terme  "le fou" , ainsi, " il partit, dit il, en singeant le fou qu'il n'avait jamais été "p 14, par dérision sans doute, mais le terme dans son livre est une pirouette qui lui évite de parler de schizophrénie.


Stéphane Cognon nous donne accès par ce Judas, cette petite ouverture dans sa porte personnelle, à sa douloureuse aventure humaine celle d'avoir du reconnaître qu'il était en plein délire, qu'il allait être interné. Puis d'entendre le médecin lui dire, " il faudra environ un an pour que tout revienne dans l'ordre, une éternité à 20 ans"p 17 .

Mais tout ne redeviendra jamais comme avant, Stéphane est malade, schizophrène, cette maladie a mauvaise réputation. « Longtemps mon diagnostic : fut bouffées délirantes » .

Entre, t'es pas fou ! Tu délires ! T'es schizo ou quoi! Qui d'entre nous, ne préfère-t-il pas être considéré, comme un peu fou, tels ces 2000 engagés de la traversée de la Réunion, appelée justement la Diagonale des Fous.


La qualité de ce livre, est l'humour qui s'en dégage, "je sommative pas mal, je me crée des maux, comme si je n'en n'avais pas eu assez", ou encore "le jeune médecin plongeait dans les méandres de mes explications, il était bien le seul à trouver cela sensé".  

Stéphane Cognon, n'ouvrira pas toute la boîte de pandore, toutefois il donnera un récit émouvant parfois drôle de son escapade, ou plutôt de sa rechute. Ce balader tout nu en pleine nuit n'est plus une plaisanterie de carabin mais la pénible et angoissante retrouvaille avec la réalité de sa maladie. de cette épreuve il en retirera qu'il ne faut jamais présumer de ses forces.. Je soupçonne Stéphane Cognon d'avoir gardé les épisodes les plus traumatisants pour lui et ses proches.


Son récit se termine comme en apothéose sur le milieu médical face à la schizophrénie, comme un hommage, et pour délivrer aussi quelques messages de discrétion, de pudeur. Parfois ce que je vais dire n'a plus d'importance, mon discours est tronqué, "ma schizophrénie est la cause de tous les maux, P54.
Comment ne pas terminer un livre qui cherche à démystifier, à expliquer, à rendre humain une maladie si mal accueillie, par un chapitre intitulé ; "un certain romantisme de la folie", de quoi vous réconcilier avec les fous et ceux qui ont produit de grandes oeuvres comme Jérôme Bosch ou encore Van Gogh.

Il faut faire connaître ce livre, le diffuser et pour reprendre page 30, cette pensée ; «  parfois il faut se jeter à l'eau », « donc je me jetais à l'eau au sens propre, tout habillé ».
Revenu à une vie normale, à nous maintenant de nous jeter à l'eau en par-courant, Je reviens d'un Long Voyage.
Quel voyage initiatique! C'est fou.
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Stéphane Cognon nous donne à lire un texte court dans lequel il nous parle de sa maladie. Atteint à l'âge de 20 ans l'auteur nous explique avec une gravité teintée d'humour les phases de la schizophrénie.
Depuis les souvenirs douloureux de ses périodes d'internement en hôpital psychiatrique jusqu'aux relations parfois drôles qui se nouent entre patients.

« Je reviens d'un long voyage » est un livre facile à lire, qui certes, ne dit pas l'essentiel mais aide à comprendre la détresse des malades et des familles.

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J'ai échangé avec Stéphane Cognon sur Babelio intéressée par le sujet.

Afin de mieux le connaître, je me suis procurée son livre, « Je reviens d'un long voyage ».

Assurément, Stéphane revient de loin. Il nous livre ici son histoire à postériori.

Quand la vie bascule, les neurones s'entremêlent et que l'on est perdu…

C'est ce qu'à vécu Stéphane Cognon à l'âge de 20 ans. C'est difficile et compliqué. le meilleur allié c'est le temps .
Il y a alors une prise en charge de la maladie psychique, avec une hospitalisation en unité psychiatrique.
La mise à l'écart, les soins, le repos, l'adhésion au traitement sont indispensables pour remettre de l'ordre dans son esprit.

Il nous l'écrit avec sensibilité, humour, recul, vérité, drôlerie, lucidité.

Dans ce court récit, il nous partage son parcours sur le chemin de la reconstruction, avec ses surprises, ses embûches. Il a réussi à apprivoiser sa maladie, d'accepter qu'elle reste là avec des limites. Il l'a domptée.
Ce n'est pas aisé d'arriver jusque là, mais il a réussi, il l'écrit, pour lui, pour moi, pour vous….
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Une critique sur Babelio qui me fait de l'oeil, une idée lecture ajoutée à ma bibliothèque virtuelle, une lecture qui ne se concrétise pas toujours car au détour d'un passage en librairie, ou d'une présentation de la rentrée littéraire, de nouvelles lectures s'ajoutent aux nombreux, très nombreux livres qui me tendent déjà leur bras depuis un moment. Mais ça, c'était sans compter sur Steperco, pour me rappeler que je ne pouvais pas passer à côté de cette lecture, et que rien ne servait de la retarder puisque de toute façon en moins de deux heures, je l'achèverai.

Je te dois un grand MERCI Stéphane, merci pour ce voyage que tu partages avec ton lecteur en toute simplicité, avec humour, pudeur et émotion. Ton voyage, ton récit, ton expérience personnelle, ton aventure douloureuse ... je me suis laissée embarquer, j'ai souri, j'ai ri , j'ai versé des larmes, aussi. Avec justesse, franchise et beaucoup de courage, tu t'empares d'un sujet pas évident, et nous permets, à nous lecteurs, de suivre ton chemin, ton parcours chaotique. J'ai aimé ce détachement, cette légèreté qui donnent tant de force à tes mots, nous révélant tes maux.

C'est au cinéma que je côtoie la schizophrénie : Gollum, Nina Sayers, Teddy Daniels...autant de personnages qui m'atteignent en plein coeur à chaque fois.
Il y a deux ans, j'ai rencontré une maman atteinte de bipolarité. le regard et le jugement des autres, et son dénie aussi je crois, l'ont perdue à jamais. Ton récit prouve que, quand le cerveau déraille, l'issue peut avoir un tout autre goût, avec un traitement, un suivi médical et surtout beaucoup, beaucoup d'amour...l'entourage est précieux.
Quel bel hommage tu rends à tes parents, à ta femme. Ils doivent être fiers de toi. Et bravo à toi. Ton récit, est, je l'imagine, qu'une infime partie de ce par quoi tu as dû passer. Ta retenue rend ton témoignage plus grand encore.

"Un certain romantisme de la folie" (chapitre 17) ou le lien étroit entre le génie et la folie. Lors des deux lectures consécutives de ton histoire, je me suis arrêtée à chaque fois sur ce chapitre, laissant mon esprit divaguer et me remémorer visualiser les oeuvres et les personnes que tu y cites. Derrière la génialité peut se cacher un être en souffrance...oui, en effet.

"L'histoire de l'art ne manque pas de génies qui ont côtoyé la folie… Mais cela ne doit pas faire oublier que la folie est une souffrance. le fou n'est pas marginalisé par choix mais de fait, il ne peut plus vivre comme tout le monde, il n'y arrive plus."

"Un petit bout de livre, qui ne peut laisser indifférent, un petit bijou, à lire, à relire encore et encore, pour changer notre regard, mettre de côté nos à priori, et nous concentrer sur l'essentiel... l'humain, tout simplement.
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Je serais à la médiathèque Marguerite Yourcenar (41 rue d'alleray 75015 Paris) pour une rencontre autour de la santé mentale le 7 février de 19h à 20h30.
Lien : https://quefaire.paris.fr/67..
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En mai 2018, je reçois un message bienveillant de l'auteur, après avoir ajouté " Je reviens d'un long voyage " dans ma liste à lire.
Un an après, je reviens naturellement à ce témoignage et le place en priorité.

Il y a des moments privilégiés pour chaque lecture.
Ce livre est une empreinte. Une marque délicate pour apaiser les souffrances à travers un récit, sensible et drôle.
Un hommage. Celui d'un homme pour sa famille et son combat pour vivre avec la maladie. Des parents persévérants, courageux et attentifs.

J'ai failli commencer par le dernier chapitre, sans avoir lu le titre, je savais qu'il répondrait le plus à l'optimisme et l'élégance que j'attendais. J'ai suivi finalement l'ordre logique, paisiblement.

Je n'ai pas lu cet ouvrage rapidement. J'ai pris le temps. J'ai fait des pauses. J'ai relu des chapitres, des passages.

Je vous invite à le découvrir, à votre rythme.

Je remercie Stéphane Cognon pour sa confiance et sa force. Merci d'avoir consacré l'énergie nécessaire pour partager cette expérience personnelle à travers l'écriture.

Lu en mai 2019.
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Des traits d'humour parsèment ce livre, on est dans une sorte d'auto fiction, qui s'inscrit dans un certain rapport au temps, qui est défini par la relativisation de l'expérience. La souffrance n'a pas été oubliée, elle a été dépassée. L'auteur plus apaisé, peut retranscrire ce qui a constitué son parcours durant une période de sa vie : il a de la chance de pouvoir se démarquer ainsi de son passé ! Mais la capacité à se remémorer, clé de voûte du récit, est intacte, et il livre des scènes qui ne sont pas traumatisantes au contraire, ces tableaux ordonnés thématiquement en chapitres, font souvent sourire. Ou réfléchir. Il parle de la schizophrénie avec recul, et on relève son courage d'être capable de nous livrer un récit optimiste, d'une véritable clarté, sans pour autant être simpliste. Cela fait du bien de mettre des mots sur ça. Autant pour le lecteur que pour l'auteur aussi sans doute.
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Découverte de ce très beau livre après la découverte de son auteur sur Babelio, qui prouve que l'on fait de jolies rencontres sur ce site.
Ce livre tout petit se lit très vite, très facilement, et relate avec un étonnant recul un passage de vie difficile, une maladie méconnue, qui fait peur et qui est tellement encore empreinte de tabous et de fausses idées. Des moments parfois drôles, souvent attachants. Et quel beau témoignage d'amour envers la famille.
Une très belle lecture.
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Des émotions saisissantes confiées au lecteur. Stéphane Cognon est un écrivain qui ne s invente pas une vie mais un texte authentique qui sonne vrai. Un exemple de combat qui méritait d être partagé!
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