Nous sommes comme les noix. Nous devons être brisés pour être découverts.
Khalil Gibran
Couper les liens , c'est se donner une liberté nouvelle .
Noémie remarque quelques nouveaux cheveux blancs sur ses tempes . ´ Cela doit être ça , veillir au côté d'un être aimé . Remarquer ce qui dysfonctionne et être profondément touchée ´ , réalise - t -elle soudain .
C’est trop étroit, une page blanche, pour y dévoiler une enfance. Même compactés, les souvenirs pèsent lourd.
Après son divorce , elle avait connu des hommes , aimé leur corps ou leur esprit , mais jamais les deux à la fois .
Julie s’était rassise, les joues plus rosées qu’à l’ordinaire, mise à nu par quelques tirades bien senties. La pudeur pour seul paravent, l’humour et la dérision pour seuls fards.
Les mots comme les hommes, manquent parfois de courage.
En gommant mon plaisir, j'ai oublié la femme en moi. Je l'ai niée, je suis devenue anonyme. Presque invisible.
Et puis, il y a l'Homme. Ses étreintes, son odeur, sa salive, sa langue chaude, sa peau, le goût de son sexe. Celui qui rend un corps joli et fait oublier le temps qui passe. Celui qui prend, s'offre avec talent, ou sait juste recevoir. Celui qui butine, dévore, pénètre, engloutit sa partenaire dans une vague de plaisir et la fait renaître à chaque fois. Celui qui baise ou fait l'amour, fait durer le plaisir ou s'éclipse avant d'en avoir donné. L'homme du désir, le mâle? Celui des adjectifs crus et des caresses libertines. Celui dont il est si difficile de parler. A son sujet, les mots deviennent mièvres ou teintés de laideur, jamais à la bonne température.
Noémie l'avait examiné en douce. Des épaules carrées sous un survêtement gris à capuche. Les mêmes yeux rieurs et des yaourts entiers dans son panier. Le destin est malicieux et gourmand. Un dessert peut suffire à le faire dévier de trajectoire.