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Critique de Arthore


Moroses en grec, oblivio en latin, al pour Ben, ou encore Alzheimer pour Benjamin lorsqu'il se souvient....
Al qui visite en douce certaines zones du cerveau, "comme un cambrioleur, prend ce qu'il veut et repart en éteignant la lumière, pire e coupant l'électricité"
L'histoire: des voyages incessants pour Benjamin entre la fin de la guerre et aujourd'hui.
Beniek Kijek onze ans devenu benjamin Kaye, c'est inscrit sur les papiers. Un polonais juif qui a émigré en Angleterre.
Benjamin vit avec sa petite fille mais également avec Ben, lui même, sa mémoire de jeunesse, celui qui lui rappelle pourquoi il est tatoué de plusieurs nombres sur son bras, celui qui va l'aider à chercher qui est la femme qui vient le voir tous les jours à l'hôpital, mais aussi quel a été son métier et surtout, surtout, s'il a revu Tuva? Celui qui lui tient compagnie alors qu'il a plus de 70 ans et que son monde disparaît petit à petit.

Devenu Benjamin à la libération grâce aux alliés, il est envoyé par la Royal Air Force en Angleterre avec ses camarades pour tenter de construire une vie après les camps; car Beniek, a vu sa famille éradiquée dans un camp. Son grand frère Sevek, assassiné par un SS sadique qui a demandé à son chien dressé pour tuer "de le faire courir", sa mère Shoshanna, mourir d'épuisement et de faim, tout comme son père 2j après.
Seul Beniek survivra. Il va devoir vivre avec sa colère, car il leur en voudra de l'avoir abandonné, "d'avoir consenti à mourir".
Ce n'est qu'avec le temps, au fil des jours dans les camps, qu'il se dira que c'était peut être mieux ainsi... car ils n'ont pas fini gazés et réduits en cendres.

Et il y a Tuva; une orpheline elle aussi, mais du "mauvais côté" pour ses camarades juifs. Elle est son amour d'enfance, il le sait, il s'en souvient grâce à Ben. Elle est née dans un Lebnsborn norvégien. Elle ne pourra pas aller en Angleterre comme les autres. Mais tout juste ado, ils vont se faire une promesse. S'ils ne trouvent pas de parents en Norvège, pays dans lequel elle va repartir et lui en Angleterre, alors ils se retrouveront.

Nous retrouvons Sarah Cohen-Scali, auteure de Max et orphelins 88, toujours aussi percutante, dure, sans concession, mais aussi sensible sans sensiblerie.
Cette fois-ci, elle va rajouter un ennemi à la liste des bourreaux qu'elle décrit avec tant de lucidité; il s'agit de Al, Alzheimer. Pour autant elle garde bien présents les sujets qui ont été au coeur de ses précédents romans: la 2nde guerre mondiale, les orphelins juifs polonais mais aussi les enfants du Lebensborn.

L'écriture nécessite une adaptation car il convient de comprendre le lien qui unit Ben et Benjamin. Mais le livre est prenant. Et malgré les blancs dans la mémoire de Benjamin, nous allons remonter, petit à petit, les bribes d'une histoire dure mais synonyme de l'après dont le petit Beniek aura pu profiter.
Encore un bon Cohen-Scali
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