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Critique de lebelier


Publié un an après "Claudine à l'école", ce volume "à Paris" peut être considéré comme une suite logique. On y retrouve la jeune fille de Montigny dans un appartement parisien où elle étouffe entre son père de plus en plus étourdi et plongé dans d'improbables recherches malacologiques, sa servante Mélie dont l'accent et le parler rude lui rappellent le pays, et sa chatte Fanchette, blanche de surcroît , qui va traîner avec le premier matou venu et se retrouve vite pleine, allégorie naturelle de l'érotisme latent de sa maîtresse dont la langueur et le mal du pays n'apparaissent que comme une quête d'une nature endormie qui ne demande qu'à renaître.

Colette et Willy étoffent leur galerie de personnages; le frêle Marcel (on songe à Proust), homosexuel amoureux de Charlie (Proust encore : le baron de Charlus); Maugis, double de Willy critique musical, à la plume assassine et au verbe tempétueux comme un opéra de Wagner qu'il admire; Renaud, enfin, autre double de Willy en quadragénaire désabusé qui retrouve en sa petite cousine, la fraîcheur qu'il avait perdue et son coeur de collégien, malgré le lieu commun de ces personnages haut en couleurs, Claudine apparaît à la fin du volume comme l'initiatrice de Renaud qui, en retour lui livre un Paris d'apparences et de convenances. le thé servi chez la tante Wilhelmine e les soirs à l'opéra avec passage obligé dans les brasseries de "gensdelettreux" en sont quelques exemples bien sentis. Il ne reste plus grand' chose de Montigny et de ses grands bois si ce n'est l'apparition de Luce en fille entretenue par un vieux barbon et qui dégoûte Claudine.

«Claudine à Paris» est le roman de transition dans lequel "l'ingénue libertine" devient femme et au début duquel un mal étrange la retient alitée, où les émotions se traduisent vite en réactions physiques et naturelles :

"Oh Claudine, Claudine comme tu redeviens enfant en te sentant devenir femme! J'ai évoqué sa bouche, l'affolement de ses yeux assombris, et une détresse délicieuse m'a fait joindre les mains."

Outre les calembours et les clins d'oeil de Willy à l'opéra, on retient quelques phrases sublimes, avec adjectif en apposition et glissement vers le naturel :

"Docile, elle se laisse baiser la main longtemps, respire pendant qu'il est penché, l'odeur légère de tabac blond qu'il porte avec lui monte, rêveuse éveillée, les trois étages, et se couche, la folle Claudine, rejointe -il est bien temps - par la sage Claudine dans son lit-bateau."
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