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Critique de marina53


Moe a fait beaucoup d'erreurs dans sa vie. Des erreurs et des mauvais choix.
Impatiente de quitter son île natale que bon nombre de touristes convoitent, elle s'est laissée bercer par les mots doux que Rodolphe lui susurrait à l'oreille. Quinze mille kilomètres plus tard, la voilà sur les terres grises de la métropole à tout juste 20 ans. La plupart du temps seule, sans travail, sans amis et méprisée de par sa couleur de peau. Elle passe ses journées à nettoyer, ranger et faire à bouffer à son mari, souvent un verre de trop dans le nez. Et puis il y a eu la vieille, la grand-mère acariâtre et médisante de Rodolphe dont il a fallu s'occuper. Pour se changer les idées, elle sort parfois au bal le samedi soir. Et pour échapper à cette vie désenchantée, elle trouve un travail. Peu payé et ingrat mais qui lui donne l'espoir de rentrer chez elle. Elle et le petit. Un petit du bal sage comme une image. Impensable pour Moe de laisser son enfant grandir dans cette maison, d'autant que Rodolphe a commencé à lever la main sur elle. Réjane, avec qui elle a sympathisé, lui propose de l'héberger quelques jours à Paris. Malheureusement, la cohabitation s'éternise, au grand dam de Réjane qui ne supporte plus l'inactivité et les échecs de Moe. La jeune femme se retrouve alors à la rue et bientôt à La Casse, une ville construite comme ces villages de vacances sauf que les bungalows sont remplacés par des carcasses de voitures et qu'un mur empêche quiconque de sortir...

Le décor est planté : des carcasses de voitures aux sièges éventrés posées sur des cales, des roulottes ou des caravanes pour les plus chanceux, des carrés de 6 ou 8 voitures formant ainsi une sorte de courette, des relents à vous retourner le coeur, des gardiens qui patrouillent. Une ville de miséreux encastrée dans le lit de la rivière surplombée par un barrage hydraulique. La Casse. C'est dans ce bidonville que va atterrir Moe et son fils qui rejoindront pas moins de 8000 personnes enfermées et surveillées. Crise économique oblige, le gouvernement n'a rien trouver de mieux que de parquer les plus malchanceux dans ces Casses. Sandrine Collette fait montre d'une imagination débordante et c'est au coeur de cette Casse que l'on fait la connaissance de la rieuse Marie-Thé, de la rayonnante Nini-peau-de-chien, de la battante Poule, de la guerrière Jaja et de la vieille Ada. Des femmes à la fois déterminées, fortes, et plus que jamais solidaires. Soudées, elle tenteront de survivre dans ce milieu si misérable sans jamais perdre l'espoir d'en sortir. Des portraits de femmes saisissants et magnifiques sur lesquels l'auteur s'attarde, le temps de narrer leurs histoires et leur cheminement respectif. Un roman étonnant d'une force incroyable, oppressant et bouleversant. Un roman à la fois sombre et lumineux porté par une écriture parfaitement maîtrisée.
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