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EAN : 9782207135570
336 pages
Denoël (02/02/2017)
  Existe en édition audio
4.03/5   872 notes
Résumé :
Il a suffit d'une fois. Une seule mauvaise décision, partir,suivre un homme à Paris. Moe n'avait que vingt ans. Six ans après, hagarde, épuisée, avec pour unique trésor un nourrisson qui l'accroche à la vie, elle est amenée de force dans un centre d'accueil pour déshérités, surnommé "la Casse".
La Casse, c'est une ville de miséreux logés dans des carcasses de voitures brisées et posées sur cales, dans des rues entières bordées d'automobiles embouties.
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Critiques, Analyses et Avis (252) Voir plus Ajouter une critique
4,03

sur 872 notes
Et bien et bien, quel roman ! J'en reste sans voix. C'est noir terriblement noir mais brillamment écrit, une plume précise, alerte, vivante, immersive à souhait. Un roman dur, cruel, sombre...

Moe a vingt-six ans quand elle décide de quitter son île avec son bébé sous le bras. Elle rêve de liberté la petite Moe, d'espoir, d'une vie meilleure. Mais Moe connaîtra l'enfer et le monde cruel des hommes. Là dans la Casse, les maisons sont remplacées par des voitures-dortoirs-poubelles. Un refuge pour les sans abris et les cas sociaux, Moe et son tout petit s'empaqueteront dans la misère la plus noire. Quand les Hommes sont amputés du coeur, quand la lumière s'éteint la nuit comme le jour, des grilles constamment fermées, ne reste que le demain, le plus tard auquel se raccrocher. La liberté coûte très cher, le bonheur inaccessible, l'espoir introuvable.
Moe se liera néanmoins d'amitié avec un petit groupe de femmes aussi cabossées qu'elle qui traînent leur maigre vie comme un chien en laisse sous la pluie. Seule l'amitié les tiendra debout, la cohésion a un clan, l'humain contre les bêtes...

Un roman très immersif dans lequel je me suis plongée sans relâche malgré sa noirceur. L'histoire tient la route en tous points, les personnages sont attachants et parfaitement travaillés. On ne quitte pas si facilement les larmes noires sur la terre. Très beau titre pour un roman qui semble pleurer des larmes noires ou des larmes de sang de tout son long.

Merci à mes amis Babelio qui m'avaient gentiment recommandé ce roman après ma déception de Juste après la vague.
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Chapeau bas madame Sandrine Collette !

Que dire de plus...
J'en perds mes mots, vraiment !
Cette histoire, c'est juste pas possible de lui trouver un qualificatif pour exprimer combien elle m'a touchée au coeur, combien elle m'a prise aux tripes...

Happée dès les premières pages.
Mon attention n'a pas flanchée un seul instant, tout le long de ma lecture.
J'avais hâte de connaitre l'histoire de Moe, de son petit garçon et de toutes ces femmes que l'on découvre au fil des pages de ce roman.
J'ai dû toutefois entreprendre quelques pauses tant la peur m'a tenaillée par moment...

"Allez ! J'tourne la page ! ... Oh nonnnnn... J'peux pas... Trop peur de la suite ! ... Mais si ! Courage ! Sandrine Collette, elle peut pas être aussi méchante !!! ... Mais, mais, ... et si... Ahhhh !!! Trop dur ! J'veux pas savoir ! ... Enfin... Si ! Mais non.... Trop difficile..."
Un petit exemple de ce que j'ai enduré...

Si peur pour elles, si peur pour lui...
Peur pour leur destin.
L'attachement aux personnages est si fort...
Il est intense, gigantesque, immesurable...
On tremble pour eux, vraiment !
Ils vivent pas si loin de nous !

Qui sait si ce n'est pas ce que nous réserve le futur ?
Un futur très proche.
Ici, Sandrine Collette, par le biais des différents portraits des protagonistes de cette histoire, aborde différentes situations , des faits de sociétés, des catastrophes passées et événements marquants qui ont faits notre actualité et chamboulés notre planète.
Là ! hier... aujourd'hui !
Elle nous projette dans quelques années...
Un monde qui est loin de s'être arrangé.

Difficile pour mon ventre de trouver un peu de répit...
Le noeud qui s'y trouvait, a été présent, toujours bien serré, d'un bout à l'autre...

Sandrine Collette m'a bouleversée !
Par son écriture, son style, unique !
Exceptionnel !

En un rien de temps, elle nous plonge dans l'univers, qu'elle a crée.
Elle nous embarque, littéralement !
Impossible de décrocher.
L'art de nous planter le décor ! D'y être ! En seulement quelques lignes...
D'y vivre... D'y survivre, plutôt !
De longues phrases, comme pour nous empêcher de respirer, tant l'atmosphère est austère, hostile, oppressant...
Une longue peine... sans limite, à perpétuité...
Le temps qui passe, interminable, qui nous broie les entrailles, par sa noirceur...

Je n'ai pas pu retenir mes larmes, face à la destinée de ces femmes et de ce petit bout.
Ce rayon de soleil, seule lumière de cette terre si sombre.

Une lecture qui n'a pas fini de me tourmenter !
Merci pour tout ça, madame Sandrine Collette...




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Moe a fait beaucoup d'erreurs dans sa vie. Des erreurs et des mauvais choix.
Impatiente de quitter son île natale que bon nombre de touristes convoitent, elle s'est laissée bercer par les mots doux que Rodolphe lui susurrait à l'oreille. Quinze mille kilomètres plus tard, la voilà sur les terres grises de la métropole à tout juste 20 ans. La plupart du temps seule, sans travail, sans amis et méprisée de par sa couleur de peau. Elle passe ses journées à nettoyer, ranger et faire à bouffer à son mari, souvent un verre de trop dans le nez. Et puis il y a eu la vieille, la grand-mère acariâtre et médisante de Rodolphe dont il a fallu s'occuper. Pour se changer les idées, elle sort parfois au bal le samedi soir. Et pour échapper à cette vie désenchantée, elle trouve un travail. Peu payé et ingrat mais qui lui donne l'espoir de rentrer chez elle. Elle et le petit. Un petit du bal sage comme une image. Impensable pour Moe de laisser son enfant grandir dans cette maison, d'autant que Rodolphe a commencé à lever la main sur elle. Réjane, avec qui elle a sympathisé, lui propose de l'héberger quelques jours à Paris. Malheureusement, la cohabitation s'éternise, au grand dam de Réjane qui ne supporte plus l'inactivité et les échecs de Moe. La jeune femme se retrouve alors à la rue et bientôt à La Casse, une ville construite comme ces villages de vacances sauf que les bungalows sont remplacés par des carcasses de voitures et qu'un mur empêche quiconque de sortir...

Le décor est planté : des carcasses de voitures aux sièges éventrés posées sur des cales, des roulottes ou des caravanes pour les plus chanceux, des carrés de 6 ou 8 voitures formant ainsi une sorte de courette, des relents à vous retourner le coeur, des gardiens qui patrouillent. Une ville de miséreux encastrée dans le lit de la rivière surplombée par un barrage hydraulique. La Casse. C'est dans ce bidonville que va atterrir Moe et son fils qui rejoindront pas moins de 8000 personnes enfermées et surveillées. Crise économique oblige, le gouvernement n'a rien trouver de mieux que de parquer les plus malchanceux dans ces Casses. Sandrine Collette fait montre d'une imagination débordante et c'est au coeur de cette Casse que l'on fait la connaissance de la rieuse Marie-Thé, de la rayonnante Nini-peau-de-chien, de la battante Poule, de la guerrière Jaja et de la vieille Ada. Des femmes à la fois déterminées, fortes, et plus que jamais solidaires. Soudées, elle tenteront de survivre dans ce milieu si misérable sans jamais perdre l'espoir d'en sortir. Des portraits de femmes saisissants et magnifiques sur lesquels l'auteur s'attarde, le temps de narrer leurs histoires et leur cheminement respectif. Un roman étonnant d'une force incroyable, oppressant et bouleversant. Un roman à la fois sombre et lumineux porté par une écriture parfaitement maîtrisée.
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Sandrine Collette est douée pour traduire les émotions en mots, c'est un fait, elle sait donner une substance à l'expression de la souffrance humaine.
Cela-dit il y a eu dans cette lecture pour ce qui me concerne un trop plein de drames et de malheurs, j'ai eu l'impression de lire un catalogue de misères et de maltraitances, de cynisme et de cruauté, des thèmes actuels depuis que l'homme existe.
En fait ce livre m'a fait penser à certaines émissions TV où des gens viennent raconter leurs malheurs et le drame de leur vie, on peut apprécier ou pas.
L'auteure situe son contexte dans une "casse", un endroit où les "pauvres" sont placés d'office si par malheur ils croisent la route des services sociaux. La casse, un endroit dont on ne sort pas sinon après avoir économisé une somme impossible à gagner avant de très (trop) longues années.
La casse est surtout un endroit dangereux avec ses propres règles, une prison à ciel ouvert où l'on survit plus qu'on ne vit et où l'union fait la force, nous sommes donc dans un récit d'anticipation, dans une France futuriste pas très réjouissante.
Moe est incarcérée avec son nourrisson, elle croisera la route d'Ada, Jaja, Marie-Thé, Poule et Nini qui composeront désormais son nouvel univers, elles ont toutes une histoire à raconter.
Je n'ai pas accroché au scénario bien que je reste admiratif quant au style, l'histoire tient la route, même si cette fois Sandrine Collette va céder à quelques facilités auxquelles elle ne m'avait pas habitué, raisons pour lesquelles je vais donc me situer à contre courant de la majorité des avis.
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Sandrine Collette nous livre une dystopie finalement pas si éloignée de la réalité. Surtout si on pense à l'explosion/implosion d'événements de l'actualité qui démontrent une véritable faille dans le système.

Sa toile de fond c'est la société éclatée et au bord du gouffre, qui n'arrive plus à assurer une vie décente aux plus démunis.
L'auteure construit son histoire comme un orfèvre où chaque détail a son importance, où chaque pièce se trouve exactement là où elle doit être. Elle nous raconte l'ordre d'un monde qui vacille emportant tout à son passage, paradoxalement ce qui anime ce récit c'est surtout la fragile beauté de la vie.

Six femmes, six destins, six mondes si éloignés et pourtant si proches. On découvrira chaque blessure, chaque histoire de ces survivantes qui composent cette tribu devenue le rebut de la société et reléguée à vivre dans une décharge de voitures.

D'une écriture intimiste,Sandrine Collette exploite avec talent les petits riens qui relient les humains dans leurs malheurs. Elle évoque avec précision des sentiments forts tels la douleur et l'espoir grâce à des dialogues bien construits et à des personnages qui dépassent les clichés.

Ce récit, bien tenu, est empreint d'une belle densité émotionnelle.

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critiques presse (1)
Actualitte
22 février 2017
Le nouveau roman de Sandrine Collette, éprouve par sa profonde noirceur, incommode notre conscience, perturbe notre confort, et au-delà du divertissement, déstabilise clairement notre humeur.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (94) Voir plus Ajouter une citation
- Mais il en manque.
- De quoi ?
- De l'argent.
- Allons donc.
Avec ses doigts boudinés, la vieille a éparpillé les billets et les pièces sur la table de la salle à manger.
- Deux heures à 12 €, et tu t'es arrêtée 10 minutes pour prendre un café, ça fait 22 €.
- Mais le café c'est vous qui me l'avez offert.
- Bien sûr. Je ne te le fais pas payer, tu vois. Juste le temps, je vais pas te payer le temps que tu n'as pas travaillé tout de même.
- L'autre jour quand je suis passée prendre votre colis chez l'épicier, je n'ai rien compté moi.
- C'est sur ta route, hein, tu peux y aller quand même.
- Ce n'est pas vrai, ça me fait un détour.
- Un détour ! Alors que tu as la chance d'être en voiture , tu vas pas pleurnicher pour si peu.
- Et les dix minutes du café, ce n'est pas 'si peu' ?
- Dis donc, ma fille, où tu veux en venir ? Il y en a des tas des gens comme toi, qui cherchent du travail.
- Des gens comme moi ?
(p. 23-24)
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Moe ne sait pas encore qu’ici les habitants la haïssent. L’appellent la Chiasse, parce qu’ils racontent qu’un jour elle s’est tant mise en rage contre des nouveaux arrivants qu’elle s’en est fait dessus, rouge et violette et noire de fureur, avec cette méchanceté dans le sang, à ne pas croire, une teigne, une hargneuse, cette femme-là. En réalité, il est assez peu probable que cela soit arrivé comme on le dit; mais ainsi vont les rumeurs - et puis, vrai ou pas, elle le mérite bien, son surnom, cette saleté-là, car Dieu sait qu’elle en a humilié des gens, pour se convaincre qu’il y a pire qu’elle, de plus petites vies, de plus grandes misères.
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[ après les attentats du 13/11 à Paris ]
Elle ignore encore à quel point elle a raison ce jour-là, comment le monde va s'enliser en quelques années dans une haine qui excusera tout, reniant ses dernières valeurs pour se protéger croit-il, fermant les yeux sur des combats absurdes et silencieux, et finalement, au bord de l'implosion, séparant et enfermant, choisissant d'aligner des milliards d'euros et de dollars afin de tenir loin de lui la menace avérée ou fantasmée des exclus, fanatiques ou athées, sans distinction aucune si ce n'est celle de la précarité, il suffit qu'un appel téléphonique les désigne et qu'une patrouille les cueille au coin d'une rue. Dans ces villes 'casses' qui portent si bien leur nom, [elle] sait maintenant qu'il y a 90% de gens comme elle, des ratés, des broyés, un peu mauvais, un peu voleurs, ni plus ni moins que ceux qui restent du bon côté.
(p. 119)
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Alors, il n’y aurait pas l’enfant.
Et il n’y aurait pas cette émotion en le tenant dans ses bras dix fois par jour, ni la joie irrationnelle de le voir sourire ou tendre les mains vers elle, et pousser ce cri émerveillé chaque fois qu’il découvre sa présence ou entend sa voix au retour du travail. Il n’y aurait pas sa respiration apaisante les nuits quand elle n’arrive pas à dormir, le jeu de ses doigts agrippés aux siens, son regard grand ouvert qui lui fait confiance, qui attend tout d’elle, et lui pardonnera tout. Moe le sait, avant l’enfant, elle était une chose morte.
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Et puis c’est le contrecoup, une fatigue immense, la même lassitude que les matins de grand chagrin lorsqu’on espère que les douleurs de la veille sont des rêves, et que la réalité vient taper à la tête et à la conscience – alors on se souvient que tout est vrai même si on essaie de dire le contraire, et les crampes dans le ventre et le halètement du souffle se remettent en place, et les yeux brûlent déjà, à regretter le point qu’on a perdu en s’endormant, où la souffrance est telle qu’elle s’anesthésie elle-même comme une maladie dévorant le corps qui la porte, engourdissement étrange, jusque dans les sanglots et les mots brisés.
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Videos de Sandrine Collette (67) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Sandrine Collette
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