Pourquoi tu pleures ?

Thomas et Marie s’étaient connus à l’âge de dix-sept ans et étaient tombés très vite amoureux. Marie n’avait jamais regretté de lui avoir offert sa virginité. C’était un homme particulièrement gentil, doux et prévenant. Ils étaient tellement heureux ensemble et si sûrs de leur amour, qu’à l’âge de vingt ans ils avaient décidé de se marier malgré la réticence des parents de Thomas. Le jeune couple avait prouvé au fil des années que leur amour était sincère et solide.

Il était tombé fou de ce visage d’ange dès la première minute. Aujourd’hui, il n’imaginait plus sa vie sans elle. Il se savait capable de tout pour la garder à ses côtés.

Il l’aimait pourtant, mais jamais elle ne l’embrassait, jamais, elle ne lui témoignait le moindre signe d’affection. Elle était froide comme un glaçon. Les rares fois, où elle était heureuse, c’était quand ils rendaient visite à sa tante dans son Centre. Tout cela était dur à encaisser pour un enfant.

Le jeune homme devait se libérer de ses chaînes invisibles qui lui pourrissaient la vie ! L’amour d’Élisa ne suffisait pas à le rendre heureux. Il avança un peu plus vite et ouvrit la deuxième porte d’un geste sec. Son père sursauta. Gabriel avait les mains liées, attaché comme une bête, comme la bête sauvage qu’il était. Le voir ainsi replongea Paul dans ses souvenirs…

Il fallait qu’elle trouve le moyen de s’enfuir de ce lieu maudit et disparaître le plus loin possible. Elle pénétra dans la chambre de son fils, il se tenait debout dans son lit à barreaux. Les yeux pleins de larmes. Léa ressentit de la peine pour cet enfant qui n’avait rien demandé et qui était lui aussi une victime finalement. Elle prit conscience du mal qu’elle faisait à ce petit bonhomme. Comment allait-il évoluer dans cette famille   ? Quel genre d’adulte deviendrait-il   ? Au bout du rouleau, Léa se laissa glisser sur le parquet de la chambre à la décoration impersonnelle et se mit à hurler comme un animal blessé.

Les viols, les insultes et les violences physiques étaient de plus en plus réguliers. Gabriel n’avait jamais vraiment de raison, c’était bien souvent parce qu’il était frustré et fatigué de sa journée, ou bien parce que d’après lui, la jeune femme ne faisait pas les choses comme il voulait.

Elle ne voulait plus vivre. Aucune personne au monde ne devrait jamais vivre de telles horreurs. Elle avait déjà regardé des reportages à la télé et beaucoup de femmes étaient victimes de viols et de violences conjugales. Certaines avaient le courage de dénoncer leur bourreau, mais Léa, elle, ce courage, elle ne l’avait pas. La peur l’avait toujours empêchée de parler, mais elle s’en voulait à présent. Elle aurait dû, dès les premiers signes, le dire à sa mère et peut-être que tout cela ne serait jamais arrivé…

Elle avait envie de tuer cette ordure et de le faire souffrir comme jamais. Elle ne savait pas encore comment elle allait s’y prendre, mais elle se fit la promesse qu’un jour elle lui ferait la peau.

Il avait pleinement conscience que ce qu’il faisait subir à la jeune fille était mal et qu’il risquait la prison si jamais ça venait à se savoir, mais il ne pouvait pas se raisonner. Il était malade, car il savait qu’il ne pouvait rien contrôler. Son attirance pour les très jeunes filles ne datait pas d’hier. Il avait essayé de lutter contre ses pulsions qui envahissaient sa tête, puis s’était rangé dans le droit chemin le jour où il avait rencontré Marie. Gabriel avait vraiment cru pouvoir enfin se soigner de ce mal qui le rongeait grâce à l’amour de cette femme.

S’occuper d’Emma chaque jour, lui apporter la tendresse dont elle avait besoin avait renforcé leur amour. Pendant longtemps elles avaient été comme des étrangères l’une pour l’autre, mais cette époque était révolue et maintenant elles passaient des super moments ensemble.