Après quelques siècles de présence, [les Génois] ont laissé une image déplorable, qui dure encore : Gênes, entend-on, n'a rien fait en Corse, et n'a envoyé dans l'île que des fonctionnaires incompétents et rapaces... « Qui sont nos ennemis ? faisait-on apprendre aux enfants. — Peste, fame, guerre et Ghjenovesi ("la peste, la famine, la guerre et les Génois")... » Ou bien, si le coucou se faisait entendre avec quelque retard, un dicton rappelait que "u cucu vene u 7 d'aprile. Si un'e vinutu, o e malatu, o e mortu, o si li so furatu i Ghjenovesi" (« le coucou arrive le 7 avril. S'il n'est pas là ce jour-là, il est malade, ou mort. Ou bien les Génois l'ont piqué. ») Puisqu'ils raflaient tout, pourquoi n'auraient-ils pas embarqué ce volatile ponctuel, et avec lui le printemps qu'il annonce ? Dans l'ordre de la détestation, seuls les « Sarrasins », violents et incendiaires, ont fait pire.
La souplesse d'échine des gens confrontés à l'Histoire inspire ensuite des réflexions sur la versatilité et la duplicité corse. Dans ses mémoires, Gio Lorenzo de Petriconi, officier de Pascal Paoli, rapporte que, à la veille de la bataille de Ponte-Novo, il suggéra à son chef, pour battre les Français, d'attaquer de nuit. « Mauvaise idée, rétorqua Paoli, je connais les Corses : en plein jour, sous le regard des amis et des parents, soucieux de paraître, ils peuvent faire des merveilles de bravoure, la nuit, quand personne ne les voit, on peut craindre le pire ... »