Citations sur Rien que du bonheur (10)
Dans ce monde sévère, ils ne s'amusent pas souvent, mais les caricatures du New Yorker les font parfois rire poliment. Ils vivent à côte à côte comme deux glaçons suspendus à une gouttière. On leur a jamais posé la question, mais si ils avaient à y répondre, ils diraient qu'au XXème siècle l'amour n'est plus une question pertinente.
Ils finiront par avoir deux enfants. Leur vie est rangée, satisfaisante et fonctionnelle ; comme l'eau, elle est bonne par elle-même, même si elle n'a pas de goût.
Ils sont en bonne santé, comme le sont les gens secs, bien qu'ils aient souvent l'air patraques, comme s'ils étaient atteints de maux mineurs, douleurs de dos ou chute de cheveux.
Mais ils ne souffrent d'aucun de ces problèmes, ils en ont simplement l'air. p.122
Célèbre femme de lettres française, Sophie Rostopchine, comtesse de Ségur, signe là une des oeuvres maîtresses de sa série d'ouvrages pour enfants. Elle sera aussi l'auteur des Mémoires d'un âne, des Petites Filles modèles où l'on retrouve Sophie, des Vacances, de L'Auberge de l'ange gardien et bien d'autres encore que l'on retrouve pour la plupart dans le premier tome de ses Oeuvres. Outre le soin porté au style, ses ouvrages sont toujours le reflet de valeurs que l'on pourrait croire aujourd'hui dépassées, mais qui, en fait, sont toujours les bases de l'éducation. Parfois empreintes d'une certaine cruauté, les aventures de la petite Sophie restent le témoignage d'une recherche de la vertu, que l'on a plaisir à faire découvrir à ses enfants.
--Xavier Marciniak --Ce texte fait référence à une édition épuisée ou non disponible de ce titre.
Elle savait que se constituer des souvenirs revenait à bâtir son passé. Mais cela n'avait pas d'importance : elle pleurait de toute façon. Un jour, elle le savait, cette pièce, cet instant, Tito et Imelda, elle-même telle qu'elle était en ce moment, tout deviendrait souvenir, et cela l'emplissait de douleur et de tendresse.
Ils restaient assis côte à côte, genou contre genou, dans la bibliothèque, ne relevant la tête de leur livre que pour s’adresser des sourires extasiés.
Les Jacoby, qui inculquaient à leurs enfants l'idée que les domestiques étaient des êtres humains faisaient ce que font tous les parents: ils traitaient leurs domestiques comme des être humains sourds, ou aveugles, ou atteints de quelque infirmité dégradante. Ils avaient traité la vieille Suzie, récemment décédée, comme une gentille grand-mère venue d'une autre planète, dont les coutumes n'étaient pas les leurs, avec la courtoisie qu'ils auraient accordée à un dignitaire envoyé en visite officielle par un pays sous-développé.
Fondamentalement, elle était d'humeur joyeuse, et connue pour son dynamisme. Elle aurait voulu que ses journées se succèdent comme les perles de verre d'un collier multicolore.
Sans le moindre effort, elle avait l'art de renvoyer à ses parents des exemples de ces valeurs qu'ils lui avaient inculquées, comme le dicton selon lequel l'amour comptait plus que le charme. Se sachant adorable, elle ne se donnait pas beaucoup de mal pour être aimable.
A midi, Greenie reparut. De sa voix nasale, elle demanda : « Déjeuner ? »
Sans réfléchir, il répondit : « Si vous déjeunez aussi. »
Elle dit : « Vous me payez mon repas. »
Il dit : « Si vous le prenez avec moi. » Et elle hocha la tête. Benno pensa que c’était l’une des conversations les plus romantiques qu’il ai jamais eues.
Je remplis mon propre espace par une sorte de vacarme inaudible.
Toi, ça ne te suffit pas d'être aimée.