Quelle soif de naufragé peut se comparer à mon besoin d'aimer ?
Je le sais par coeur, et ce qu'il va se demander, ce n'est pas absolument si tu es amoureux au degré extatique, si tu auras de grands succès, mais si tu es de force à marcher, coûte que coûte, dans le sentier du devoir.
...on ne se donne pas deux fois avec ce qu'il y a de plus tendre et de plus profond dans son âme, ou plutôt quand on s'est donné ainsi, on ne se reprend plus jamais.
Comme le reste, et plus que le reste, la volonté se fortifie par l'exercice : on n'obtient rien sur soi-même que par de pénibles et continuels combats.
Mais on ne touche jamais fortement le coeur sans faire jaillir les larmes.
L'un et l'autre ont la profondeur redoutable, la puissance terrible des orages, et si troublés qu'ils soient...
Qu'est-ce que la tempête arrache aux profondeurs de la mer? qu'est-ce que la passion révèle de notre coeur?
La mer garde ses richesses, et le coeur garde ses trésors. Il ne sait pas dire la parole de la vie; il ne sait pas dire la parole de l'amour, et tous les efforts de la passion sont semblables à ceux de la tempête qui n'arrache à l'abîme, que ces faibles débris, ces algues légères que l'on aperçoit sur les sables et sur les rochers, mêlés avec un peu d'écume.
Mais qu'il est triste d'habiter avec un coeur plein une maison vide.
Rien de la terre n'a jamais crû parmi les cendres... les bords du volcan éteint sont à jamais stériles. Pas une fleur, pas une mousse ne s'y verra jamais. La neige peut voiler l'affreuse nudité de la montagne; mais rien ne saurait embellir la vie qu'une flamme puissante a ravagée. Ces ruines sont tristes : ce que le feu n'y consume pas, il le noircit.
Pourtant, même après la séparation sans retour, quel est celui qui, pour moins souffrir consentirait à avoir moins aimé.
Le sacrifice est au fond de tout devoir bien rempli...