Celui qui se souille d’un mensonge,... toutes les eaux de la terre ne le laveront jamais.
Aimer une personne pour son apparence, c'est comme aimer un livre pour sa reliure.
Le sacrifice est au fond de tout devoir bien rempli...
Ainsi je sais qu’à l’approche de son mariage,
quelqu’un s’étant risqué à lui faire des représentations
sur son choix peu avantageux selon le monde, il
répondit, sans s’émouvoir du tout, que sa future avait
les deux ailes dont parle l’Imitation : la simplicité et la
pureté ; et que cela lui suffisait parfaitement.
Quand je vivrais encore longtemps, jamais je ne laisserai ma robe noire, jamais je ne laisserai mon deuil.
Après la mort de ma mère, il m’avait vouée à la Vierge, et d’aussi loin que je me rappelle j’ai toujours porté ses couleurs. Pourrait-elle l’oublier? C’est pour mes voiles d’orpheline que j’ai abandonné sa livrée, que je ne devais quitter qu’à mon mariage. Ces couleurs virginales plaisaient à tout le monde, à mon père surtout. Il me disait qu’il ne laisserait jamais passer un jour sans rappeler à la Sainte Vierge que je lui appartenais.
Vraiment, je ne sais comment je pourrai reprendre la
chaîne de mes mondanités. Vous rappelez-vous nos
préparatifs pour le bal, alors que se bien mettre était la
grande affaire, et que j’aurais tant souhaité avoir une
fée pour marraine, comme Cendrillon ? Sérieusement, il
nous en aurait coûté moins de temps et d’argent pour
tirer de misère quelques familles d’honnêtes gens. Je
vous assure que je suis bien revenue des grands succès
et des petits sentiments. Mais l’amour est une belle
chose... Aimer c’est sortir de soi-même. Je vous avoue
que je ne puis plus me supporter.
Le bonheur est une plante d'ailleurs qui ne s'acclimate jamais sur terre.
Rien n’est petit dans l’amour. Ceux qui attendent les grandes occasions pour prouver leur tendresse ne savent pas aimer.
Après tout, mon ami, en sacrifiant tout, on sacrifie bien peu de chose. Ai-je besoin de vous dire que rien sur la terre, ne nous satisfera jamais! Ah ! soyez-en sûr, en consacrant l'union des époux, le sang du Christ ne leur assure pas l'immortalité de l'amour, et quoiqu'on fasse, la résignation, reste toujours la grande difficulté, comme elle est le grand devoir.
Sans doute, tout cela est triste, et la tristesse a ses dangers. Qui le sait mieux que moi ? Mais, Maurice, pas de lâches faiblesses. O mon ami, épargnez-moi cette suprême douleur ; que je ne rougisse jamais de vous avoir aimé !
Quelle soif de naufragé peut se comparer à mon besoin d'aimer ?