AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de BillDOE


C'est du Hemingway avant l'heure...
Joseph Conrad fait partie des plus grands auteurs de la littérature anglaise. Né en Ukraine en 1857,il rentre en Pologne avec sa mère alors que son père est condamné à l'exil pour insurrection contre le tsar. Sa mère meurt d'une pneumonie, il a onze ans. Parti pour Marseille, il s'engage comme mousse et quatre plus tard, sa formation terminée, il rentre dans la marine marchande anglaise. En 1896, il met fin à sa carrière maritime, rentre en Angleterre et se consacre à l'écriture. « le nègre du Narcisse » parait en 1897, c'est son troisième roman et le premier récit maritime documenté par son expérience.
Alors que Baker, le second du navire le Narcisse, fait l'appel, il semble qu'il manque un matelot. Pendant que tout le monde part à sa recherche, on voit monter à bord un nègre d'une stature impressionnante : James Wait. Au complet, le bateau prend la mer du port de Bombay où il mouillait pour rentrer en Angleterre. Mais il ne faudra que quelques jours de mer pour que « le nègre du Narcisse » ne tombe malade et que la tension monte entre les marins aguerris...
Si l'histoire est courte, la lecture est dense. On navigue au milieu des plus belles lettres de la littérature anglaise de cette fin de XIXe siècle. L'auteur ne nous ménage pas avec son immense connaissance des termes maritimes et il nous embarque pour une aventure humaine où les caractères sont bien trempés. Conrad raconte ces hommes inspirés par leur courage et une bonne part d'inconscience qui sont prêts à jouer leur vie à pile ou face chaque jour de leur existence. C'est l'appel du large qui les animent.
Il écrit : « Aux hommes qu'a gratifiés d'un répit sa pitié dédaigneuse, l'immortelle mer confère en sa justice le plein et convoité privilège de ne reposer point. L'infinie sagesse de sa grâce leur refuse le loisir de méditer sur l'âcre et compliquée saveur de la vie, de peur qu'ils se rappellent – et regrettent peut-être – l'amertume inspiratrice de la coupe suprême si souvent offerte et si souvent reprise à leurs lèvres déjà roidies mais rebelles toujours. Ils doivent sans trêve justifier leur droit de vivre... » Voilà la parfaite illustration du style de l'auteur et de ses idées quant à son discours humaniste.
Le titre de ce roman n'a pas échappé à la censure odieuse et idiote de la cancel culture et a été changé en 2022 en : « Les enfants de la mer ».
Traduction de Robert D'Humières.
Editions Gallimard, le Livre de Poche, 256 pages.
Commenter  J’apprécie          4412



Ont apprécié cette critique (44)voir plus




{* *}