En resserrant délicatement les doigts autour de la petite boîte qu’elle avait dans la poche de sa veste, Livy tendit le cou pour voir à travers la masse des gens qui montaient dans le bus en se bousculant. Elle commença à paniquer quand la mèche noire du garçon disparut en haut de l’escalier qui menait à l’étage. Il fallait absolument qu’elle trouve une place dans ce bus.
Indifférent au sort de la jeune fille, le chauffeur regardait droit devant lui. Il appuya sur le bouton de fermeture des portes. Livy joua des coudes pour avancer.
Ouf ! Elle était montée.
Les portes se fermèrent derrière elle et le bus démarra brusquement.
Avait-elle des hallucinations? La lumière avait une qualité particulière, elle était frémissante et bourdonnante. Les silhouettes n'avaient guère de consistance; elle dut plisser les yeux pour que l'image reste nette...
Elle avait l'impression de se dissoudre. D'être plus légère qu'une plume et en même temps, de faire partie de l'atmosphère. Cette sensation fit palpiter le sang dans ses veines...
Livy éprouva un vif désir d'être sur le toit, loin des appréhensions de la journée. Là-haut, pensa t-elle, elle pourrait poser sa tête sur un nuage, s'étendre comme si elle était encore au lit, et d'une façon ou d'une autre, si elle se concentrait suffisamment fort pour se raccrocher à sa voix, parler avec Mahalia...
Le bon livre au bon moment, c'est un vrai médicament pour l'âme...