Citations sur L'impossible amour de Katie Mulholland (30)
La conscience de Catherine ne lui laissait guère de paix depuis ces huit années. Jamais elle n'avait confessé ce péché, qu'elle jugeait trop minime ou trop grave selon les jours. Évidemment, elle avait agi pour le mieux, mais quel était le résultat ?
Son bonheur actuel était le justification de ses souffrances, et celles-ci la mystérieuse raison d''être d'Andy?
L'unique moyen de surmonter la peur était la puissance, et le seul moyen d'acquérir la puissance, c'était la propriété.
Ainsi se déroulaient les journées de Katie. Une suite de corvées épuisantes jusqu'à neuf heures du soir, moment où elle prenait sa chandelle pour aller se coucher. En hiver, elle avait droit à deux chandelles par semaine, en été une chandelle seulement, et, bien qu'elle ne les terminât jamais, car elle tombait de sommeil en arrivant dans sa mansarde, il n'y avait aucune chance d'en rapporter le moindre bout chez elle; on devait montrer les bouts de chandelles pour en recevoir une nouvelle.
Il aimait la jeune fille de tout son cœur, mais il sentait bien qu’elle n’était pas de lui. C’était Catherine, son amour, et il survivait à tout parce qu’il avait Catherine dans sa vie. Seulement, pour le bonheur de celle qu’il adorait toujours, il fallait encore Katie et Bridget. La douleur qu’il masquait depuis tant d’années derrière un rire ou une plaisanterie faillit cette fois lui arracher des larmes.
Quelle comédie depuis tant d’années ! La dame inaccessible, la femme fidèle ! Vous, la crème des putains ! Et ce bon père qui rencontre soi-disant une jeune fille mourant de faim et vertueuse ! Vertueuse sauf avec lui, naturellement. Que c’est romanesque ! Vous n’aviez vraiment pas besoin de lui pour vous acheter une maison ! Dites-moi, combien d’hommes avez-vous eus en tout ? Rosier, Bunting, le mari, ce cher père, et puis Hewitt sans doute, et combien d’autres ?
Il songeait au plaisir qu’il éprouverait à serrer son cou entre ses mains, à l’étrangler lentement comme elle l’étranglait, elle, ces vingt dernières années. La vengeance qu’il était sur le point de prendre lui semblait peu de chose en regard de ce qu’il aurait désiré faire, mais il se vengerait tout de même ! Ah ! elle s’intéressait encore à son enfant ? Elle souffrait de son abandon ! Que d’histoires parce que cette bâtarde faisait les yeux doux à son fils ! Et ces deux vieilles pimbêches qui se conduisaient comme des chattes en chaleur ! Tout ça lui semblait si drôle !
Les années épargnaient la beauté de cette femme qui avait défiguré son maître – cette femme dont le souvenir obsédait Bernard, l’avait conduit à boire et à devenir un démon. Kennard savait que son maître haïssait cette femme autant que lui-même haïssait le jeune Rosier, et tandis qu’il contemplait Katie, il se disait qu’une vie aussi scandaleuse n’avait guère laissé de traces. Bien qu’elle fût blême, elle restait belle, et soudain il eut pitié d’elle.
Je dois ajouter un autre avertissement : à aucun prix ne mettez vos doigts dans votre nez ou dans vos oreilles. C’est la malhonnêteté la plus choquante qui soit. Elle fait vomir de dégoût, et quant à moi, j’aimerais mieux les doigts d’un homme dans sa culotte que dans son nez ! Mouchez-vous dans votre mouchoir mais sans y jeter un coup d’œil. Tout honnête homme doit posséder dans les moindres détails les manières nobles (en français dans le texte)… Regardez celles du vulgaire pour les éviter ; la manière en est toujours différente… »
Que la vie était étrange ! L’éducation, les traditions, les valeurs spirituelles d’êtres « normaux » avaient donné à cette femme anormale la force de cacher sa douleur, et voilà que la douleur avait fait place à la paix. Theresa vivait auprès de Katie en refoulant son amour, mais elle vivait aussi près d’Andy, et si le capitaine ne revenait pas, Theresa savait bien que ce serait la fin de leurs deux vies.