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Citations sur L'Iran et la philosophie (26)

"Parce qu'il y avait dans mon coeur des soucis qui l'angoissaient et que je n'ai trouvé personne à qui les confier, j'ai frappé la Terre avec la paume de ma main, et je lui ai confié mes secrets, si bien que, chaque fois que la Terre germe une plante, cette plante est un de mes secrets."
Certes il ne s'agit pas là d'un secret agronomique. La Terre dont il s'agit, ce n'est pas la Terre qui supporte nos pas et qui est aujourd'hui en voie d'être dévastée par les ambitions de nos conquêtes démesurées. c'est la "Terre de Lumière" que l'on ne perçoit qu'avec les yeux du coeur. Mais il dépend de nous, de chacun de nous, de regarder cette Terre avec des yeux capables de la voir et, en la regardant ainsi, de faire que cette Terre de Lumière nous regarde encore, nous concerne, nous aussi. Il dépend de nous que, frappant avec l'Imâm le sol de cette Terre de Lumière, nous en voyions émerger certaines plantes qui nous révèlent à nous-mêmes nos secrets à peine pressenties.
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Dans l'âme mystique comme en Maryam s'exemplifie l'archétype symbolisé par excellence en la personne de Fâtima, lorsqu'elle est saluée comme mère de son père.(....). Archétype aux variantes et précurrences inépuisables, et toujours reconnaissables.(...)
Une même nécessité visionnaire conduisit ces avicenniens d'Iran à reconnaître en l'Intelligence agente la théophanie de l'Esprit saint, c'est-à-dire Gabriel, l'Ange de la Révélation et de l'Annonciation, comme elle conduisit les compagnons de Dante à reconnaître en elle la Sophia qu'ils appelèrent Madonna Intelligenza - comme sous le nom persan de l'Ange de la connaissance, chez Sohravardî, se peuvent deviner les traits de la "Vierge de Lumière" du manichéisme.
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Quand, devant l'apparition d'une surhumaine beauté, Maryam tout d'abord cherche refuge en la protection divine, l'Ange de lui dire:

"Devant ma Forme visible tu fuis dans l'invisible...
En vérité mon foyer et ma demeure à moi sont dans cet invisible...
O Maryam! regarde bien, car je suis une Forme difficile à percevoir.
Je suis nouvelle lune et je suis Image dans le coeur. (...)
Je suis pareil à la nouvelle aurore, je suis la lumière de ton Seigneur,
Car aucune nuit ne rôde autour de mon jour...
Tu prends refuge contre moi en Dieu,
Je suis de toute éternité l'Image du seul Refuge.
Je suis le Refuge qui fut souvent ta délivrance,
Tu prends refuge contre moi, et c'est moi qui suis le Refuge.

Chercher refuge contre ce Soi-même: mouvement instinctif du novice (...), peur que subit quiconque ne s'est pas rendu capable de reconnaître l'Ange.
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Dessinant le schéma d'une quaternité, Ibn'Arabî oppose le couple Adam-Eve au couple Maryam-Jésus (Sophia-Christos): au Féminin issu et dépendant du seul Masculin répond et se substitue un Masculin issu du seul Féminin. (...)
Lorsqu'Ibn'Arabî et Jalâloddîn Rûmî invitent le mystique à contempler Dieu dans la Femme, parce qu'étant la théophanie de la Beauté, elle est la théophanie par excellence, ce n'est certes pas à la fonction physique de la Femme qu'il est pensé, mais à la qualité spirituelle et essentiellement divine en elle, à l'Etre féminin qui crée l'amour dans l'homme, et qui le guide au-delà d'elle-même, vers ce qu'elle est seule à manifester et à pouvoir lui montrer. C'est cela l'idée du Féminin-Créateur qui, modelant alors son Fidèle d'amour à son image divine, le rend capable de donner naissance à son enfant spirituel, de s'enfanter à soi-même ou à son Ange (....). Et c'est pourquoi Jalâloddîn Rûmî typifie dans la scène de l'Annonciation et dans le personnage de Maryam la situation vécue par le mystique.
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Pour le soufi, la venue du Prophète a pour fin de réaliser cette conjonction que nous trouvons signifiée dans l'amour mystique, comme étant la conjonction et la réciproque transmutation de l'amour spirituel et de l'amour physique. en un mystérieux appel où dans la prééternité le Prophète invoque un Féminin éternel (Esprit Saint ou Mère des Croyants), nous percevons ces paroles: Que je sois ensorcelé par ta Beauté et attiré près de toi, pour que l'ncandescence du pur amour, pénétrant la montagne de mon corps, la métamorphose en pur rubis. Ici, la beauté n'est pas l'instrument d'une tentation; elle est la rédemptrice, car c'est elle qui transfigure toutes choses; elle est la manifestation du Féminin-Créateur.
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La figure de Fâtima a été exaltée par les différents courants de la théosophie shî'ite à un rang où l'on peut reconnaître en elle les traits de la Sophia céleste, méditée par toutes les écoles de la gnose. Elle est le "confluent des deux lumières": lumière de la sainteté et lumière de la prophétie. Joignons encore ces deux hadîth: "Celui qui connaît Fâtima telle qu'elle est, celui-là se connaît soi-même. Or, celui qui se connaît soi-même connaît son Dieu."
Le personnage féminin de Fâtima apparaît alors comme le symbole éminent du Soi, et avoir cette connaissance de soi, c'est avoir connaissance de son Dieu. Elle est ainsi au principe d'une sophiologie que nos recherches à venir auront encore à dégager et à formuler et, sans cette sophiologie, toute une région du soufisme, le secret de toute une province des Fidèles d'amour nous seraient inaccessibles.
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Le rôle des personnages féminins dans l'hagiographie et dans la théologie du shî'îsme est d'une importance extrême, insolite au regard des conceptions de l'Islam orthodoxe. D'une part, le shî'îsme iranien intègre, par la médiation de sa dernière princesse royale, l'ancien Iran dont le Prophète configura le plus haut symbole de la religion d'amour; d'autre part, grâce à la médiation, cette fois, de la mère du XIIe Imâm, la jeune princesse byzantine Narkès, c'est l'univers spirituel des attentes chrétiennes qu'il intègre au sien, sous une forme qu'un chrétien des temps primitifs, antérieurs aux conciles, eût peut-être bien reconnue comme la sienne. or, si ces deux figures féminines valent principalement comme de hauts symboles émergeant de la transconscience et 'imposant avec prédilection à la dévotion shî'îte, si de leurs vies ne sont surtout connus que leurs rêves et leurs prémonitions, l'apparition qui domine ces rêves et qui fixe leur destin est la figure céleste de Fâtima, la fille du Prophète, elle aussi saluée mystiquement comme la "Vierge-Mère" donnant origine à la lignée des Saints Imâms, les Très-Purs: princesse iranienne et princesse byzantine, mère du IVe Imâm et mère du XIIe Imâm, l'Occultée, l'Attendu, en sont à leur tour une exemplification et une récurrence.

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En Occident, il est vrai, nous avons longtemps négligé le shî'îsme; nous avons ignoré à peu près complètement ce que signifient les figures des Douzes Imâms. Nous voyons l'Islam comme un monolithe; nous tendrions même à l'identifier, sans plus, avec le monde arabe. Ces ignorances, excusables peut-être, désastreuses en tout cas, nous ont tenus à l'écart d'une spiritualité très riche, très originale à l'égard de la grande majorité islamique.
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L'"Occident, c'est avant tout l'ensemble de l'être et des êtres comportant une matière. Il y a l'"Extrême-Occident" du non-être, de la virtualité pure, perçu comme la mer chaude couverte de Ténèbres jusqu'à laquelle atteignit le roi Alexandre à la quête de la source de la Vie. Il y a l'"Occident terrestre", où les formes émigrées et exilées dans la Matière se livrent d'âpres combats. Il y a l'"Occident céleste" qui comprend tout le système des Sphères, dont la matière, subtile et diaphane, est d'une condition tout autre que celle de l'"Occident terrestre". Quand le migrateur spirituel arrive à sortir de tout cet "Occident", il accède au seuil de l'"Orient", par là-même au seuil de la philosophie "orientale". Au fur et à mesure qu'il s'élève vers cet "orient", il rencontre les génies de l'âme, les Anges terrestres, les Ames célestes (motrices des Sphères), les Archanges ou Intelligences chérubiniques, enfin le Roi retiré en son absolue solitude, à la beauté voilée par sa propre beauté dans toutes les beautés...L'entretien initiatique s'achèvera sur ces mots que Havy ibn Yaqzân adresse au visionnaire: "Maintenant, si tu le veux, suis-moi, viens avec moi vers Lui."
A cette invite va répondre le Récit de l'Oiseau, qu'il convient de lire en ayant à la pensée les symboles platoniciens du Phèdre: "Lorsque l'âme est parfaite et ailée, elle monte allégrement et se meut dans les hauteurs, et gouverne le monde entier."
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Ces poignées de ciel, constituant les cieux de l'Imagination, sont autant de supports pour les opérations de l'âme et son action illuminative. Il se produit une ascension de ciel en ciel intérieur, au sommet de laquelle peut éclore l'expérience visionnaire, la perception de formes apparitionnelles manifestant les êtres invisibles du Malakût.
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