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Citations sur L'Iran et la philosophie (26)

L'éthique sohravardienne est rigoureuse: la philosophie est vaine et stérile si elle ne prépare pas et n'aboutit pas à l'expérience mystique; réciproquement, l'expérience mystique sans formation philosophique préalable est en grand péril de s'égarer.
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Le rôle des personnages féminins dans l'hagiographie et dans la théologie du shî'îsme est d'une importance extrême, insolite au regard des conceptions de l'Islam orthodoxe. D'une part, le shî'îsme iranien intègre, par la médiation de sa dernière princesse royale, l'ancien Iran dont le Prophète configura le plus haut symbole de la religion d'amour; d'autre part, grâce à la médiation, cette fois, de la mère du XIIe Imâm, la jeune princesse byzantine Narkès, c'est l'univers spirituel des attentes chrétiennes qu'il intègre au sien, sous une forme qu'un chrétien des temps primitifs, antérieurs aux conciles, eût peut-être bien reconnue comme la sienne. or, si ces deux figures féminines valent principalement comme de hauts symboles émergeant de la transconscience et 'imposant avec prédilection à la dévotion shî'îte, si de leurs vies ne sont surtout connus que leurs rêves et leurs prémonitions, l'apparition qui domine ces rêves et qui fixe leur destin est la figure céleste de Fâtima, la fille du Prophète, elle aussi saluée mystiquement comme la "Vierge-Mère" donnant origine à la lignée des Saints Imâms, les Très-Purs: princesse iranienne et princesse byzantine, mère du IVe Imâm et mère du XIIe Imâm, l'Occultée, l'Attendu, en sont à leur tour une exemplification et une récurrence.

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La figure de Fâtima a été exaltée par les différents courants de la théosophie shî'ite à un rang où l'on peut reconnaître en elle les traits de la Sophia céleste, méditée par toutes les écoles de la gnose. Elle est le "confluent des deux lumières": lumière de la sainteté et lumière de la prophétie. Joignons encore ces deux hadîth: "Celui qui connaît Fâtima telle qu'elle est, celui-là se connaît soi-même. Or, celui qui se connaît soi-même connaît son Dieu."
Le personnage féminin de Fâtima apparaît alors comme le symbole éminent du Soi, et avoir cette connaissance de soi, c'est avoir connaissance de son Dieu. Elle est ainsi au principe d'une sophiologie que nos recherches à venir auront encore à dégager et à formuler et, sans cette sophiologie, toute une région du soufisme, le secret de toute une province des Fidèles d'amour nous seraient inaccessibles.
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Ce que nous apprennent essentiellement les symboles de ces récits, c'est le sens d'un "Orient" métaphysique, que l'on ne peut trouver sur aucune cartes géographiques, et c'est ce que le voyage en lequel consiste l'aventure du philosophe mystique a pour fin d'atteindre à cet "orient".
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En Occident, il est vrai, nous avons longtemps négligé le shî'îsme; nous avons ignoré à peu près complètement ce que signifient les figures des Douzes Imâms. Nous voyons l'Islam comme un monolithe; nous tendrions même à l'identifier, sans plus, avec le monde arabe. Ces ignorances, excusables peut-être, désastreuses en tout cas, nous ont tenus à l'écart d'une spiritualité très riche, très originale à l'égard de la grande majorité islamique.
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L'"Occident, c'est avant tout l'ensemble de l'être et des êtres comportant une matière. Il y a l'"Extrême-Occident" du non-être, de la virtualité pure, perçu comme la mer chaude couverte de Ténèbres jusqu'à laquelle atteignit le roi Alexandre à la quête de la source de la Vie. Il y a l'"Occident terrestre", où les formes émigrées et exilées dans la Matière se livrent d'âpres combats. Il y a l'"Occident céleste" qui comprend tout le système des Sphères, dont la matière, subtile et diaphane, est d'une condition tout autre que celle de l'"Occident terrestre". Quand le migrateur spirituel arrive à sortir de tout cet "Occident", il accède au seuil de l'"Orient", par là-même au seuil de la philosophie "orientale". Au fur et à mesure qu'il s'élève vers cet "orient", il rencontre les génies de l'âme, les Anges terrestres, les Ames célestes (motrices des Sphères), les Archanges ou Intelligences chérubiniques, enfin le Roi retiré en son absolue solitude, à la beauté voilée par sa propre beauté dans toutes les beautés...L'entretien initiatique s'achèvera sur ces mots que Havy ibn Yaqzân adresse au visionnaire: "Maintenant, si tu le veux, suis-moi, viens avec moi vers Lui."
A cette invite va répondre le Récit de l'Oiseau, qu'il convient de lire en ayant à la pensée les symboles platoniciens du Phèdre: "Lorsque l'âme est parfaite et ailée, elle monte allégrement et se meut dans les hauteurs, et gouverne le monde entier."
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C'est le monde intermédiaire du Malakût ou monde de l'âme qui assume la fonction essentielle dans la théorie de la connaissance visionnaire. C'est, en effet, le monde intermédiaire entre celui de la perception sensible, qui est le nôtre, et le monde supérieur du Jabarût, qui est celui des pures Intelligences archangéliques. L'organe de pénétration dans ce monde intermédiaire, ce ne sont ni les facultés de perception sensible ni la virtus intellectualis, mais en propre l'Imagination active. (...)
Ce monde intermédiaire, qui est en propre celui de la conscience visionnaire, Shoravardî le désigne de différents noms. C'est le "huitième climat" par rapport aux sept climats que totalise la géographie classique. C'est le "climat" que désigne le terme persan forgé par Sohravardî: Nâ-kojâ-âbâd, le pays du Non-où, non pas une utopie, mais un pays réel, un espace réel, qui cependant n'a ni lieu ni endroit dans aucun climat du monde perçu par les sens externes. C'est encore le "confluent entre les deux mers" (Qorân 18:60), la mer des sens et la mer de l'intellect. Plus couramment dit encore, c'est le 'alam al-mithal qu'il m'a fallu traduire par le latin mundus imaginalis, afin que sa réalité imaginale ne soit pas confondue avec l'irréalité de l'imaginaire.
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Tandis que la réflexion philosophique a pour organe le seul intellect ('alq) et que la dialectique théologique s'alimente à la tradition (naql), l'organe de la connaissance théosophique est l'intuition intérieure (kashf) qui découvre les horizons des univers spirituel.
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Pour le soufi, la venue du Prophète a pour fin de réaliser cette conjonction que nous trouvons signifiée dans l'amour mystique, comme étant la conjonction et la réciproque transmutation de l'amour spirituel et de l'amour physique. en un mystérieux appel où dans la prééternité le Prophète invoque un Féminin éternel (Esprit Saint ou Mère des Croyants), nous percevons ces paroles: Que je sois ensorcelé par ta Beauté et attiré près de toi, pour que l'ncandescence du pur amour, pénétrant la montagne de mon corps, la métamorphose en pur rubis. Ici, la beauté n'est pas l'instrument d'une tentation; elle est la rédemptrice, car c'est elle qui transfigure toutes choses; elle est la manifestation du Féminin-Créateur.
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"Parce qu'il y avait dans mon coeur des soucis qui l'angoissaient et que je n'ai trouvé personne à qui les confier, j'ai frappé la Terre avec la paume de ma main, et je lui ai confié mes secrets, si bien que, chaque fois que la Terre germe une plante, cette plante est un de mes secrets."
Certes il ne s'agit pas là d'un secret agronomique. La Terre dont il s'agit, ce n'est pas la Terre qui supporte nos pas et qui est aujourd'hui en voie d'être dévastée par les ambitions de nos conquêtes démesurées. c'est la "Terre de Lumière" que l'on ne perçoit qu'avec les yeux du coeur. Mais il dépend de nous, de chacun de nous, de regarder cette Terre avec des yeux capables de la voir et, en la regardant ainsi, de faire que cette Terre de Lumière nous regarde encore, nous concerne, nous aussi. Il dépend de nous que, frappant avec l'Imâm le sol de cette Terre de Lumière, nous en voyions émerger certaines plantes qui nous révèlent à nous-mêmes nos secrets à peine pressenties.
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