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Critiques filtrées sur 2 étoiles  
LE VENTRE DU PRODUCTEUR...

Ouvrage lu dans le cadre du Prix du Meilleur Roman Points 2018.

Italie contemporaine...Le cinéma italien n'est plus guère que l'ombre de ce qu'il put être dans les années glorieuses de la fameuse Cinecittà, la "ville du cinéma", qui virent passer les Luchino Visconti, les Roberto Rossellini, les Sergio Leone, les Vittorio de Sica et autres Frederico Fellini. Un homme cependant, producteur en gros sabot, égocentrique et ego-centré, dénué de scrupule ni de morale commune, gourmette en or et femme sublissime (mais au caractère de sud-américaine bien trempé) au bras, rêve de racheter une partie des antiques studios et de leur rendre leur lustre d'antan. Son nom : Oscar Martello. Pour en arriver à ses fins, ses petites affaires, légales depuis qu'il s'adonne à la production cinématographique, mais mieux vaut ne pas trop fouiller dans son passé quelque peu interlope, il ne peut se permettre le moindre échec. Hélas, son dernier film, dans lequel il a investi une petite fortune, est, sans l'ombre d'un doute, loupé. Mal réalisé, mal scénarisé, mal monté, acteurs convenables mais mal dirigés, il est en deçà de toutes les prétentions souhaitées et le bide commercial est au bout de la chaîne. Ce n'est cependant pas à un roublard dénué de conscience que l'on va apprendre à faire des affaires avec un canard boiteux. Aussi va-t-il créer de toute pièce une vague amourette entre la superbe tête d'affiche, Jacaranda Rizzi, étoile montante du show-bizz transalpin mais femme à la trentaine déprimée, sombre et totalement pommée et, comme vedette masculine, celui que Martello considère comme son seul ami (à moins que ce ne soit encore-là que pur faux-semblant utile), le scénariste très demandé, Andrea Serrano, un homme fidèle, un peu effacé, qui traîne sur ses contemporains un regard quelque peu désabusé. Hélas, l'escapade parisienne entre le scénariste et la comédienne ne va pas s'achever exactement comme la chose avait été prévue par le producteur. En effet, l'actrice sera retrouvée morte quelques jours plus tard dans un canal d'Amsterdam et s'il apparaît très vite que c'est un suicide, Martello, qui n'en est plus à une obscénité prêt, va profiter de ce drame pour faire exploser les entrées de son navet et faire fructifier son lourd investissement puisque c'est désormais assurément l'ultime film de la défunte starlette, tandis que l'agence de communication (lire "paparazzi") Guerra & Pace, du nom de ses fondateurs, grassement payée par le même Martello va faire enfler l'ensemble pour obtenir le plus probant des résultats sonnant et trébuchant...

Mais derrière l'apparent succès fondé sur d'innommables arnaques et une absence totale de morale, c'est tout un empire érigé à coup de dessous de table, de mensonges, de tromperies, de fêtes toutes plus invraisemblables et orgiaques les unes que les autres, de coke et de sexe, d'argent apparemment facile, d'arnaques et de sentiments faux qui est sur le point de s'effondrer. Il faudra pour cela que ce pur "mâle dominant" qu'est Oscar Martello, cet homme au ventre (symbolique) énorme (il est plutôt physiquement bel homme), soit poursuivit des assiduités d'un inspecteur milanais spécialiste du blanchiment d'argent, doublées d'une épouse (vaguement) éplorée mais très intéressée par le capital de son futur ex-époux pour que la fin de cet énorme mensonge d'une vie advienne enfin, chaotique et cataclysmique. Sans oublier, pour faire bonne mesure, la sordide affaire de moeurs, vieille de vingt ans, surgissant des placards à la suite de la découverte morbide de la jeune actrice suicidaire.

Indéniablement, "Nous dormirons quand nous serons vieux" se lit vite : style facile, souvent très proche du langage quotidien parlé, quand il n'est pas simplement vulgaire, phrases courtes, vives, rythmées ; histoire plus ou moins cousue de fil blanc ; personnages creusés juste ce qu'il faut pour leur donner un enrobage crédible, mais d'une psychologie primaire et souvent caricaturale ; décors posés à la hâte mais suffisamment évocateur pour se faire une idée des lieux et des atmosphères sans être trop pesant à qui n'apprécie guère les descriptions détaillées... Avec ce premier roman, l'italien Pino Corrias donne donc un texte sans anicroche, sans difficulté majeure mais sans grand relief, malgré le côté volontairement comedia del arte de l'intention et du résultat. Ne sachant définitivement choisir entre comédie de moeurs, histoire d'amour et d'amitié tristes, intrigue vaguement policière, critique sociale d'un certain milieu, aisé et même très riche, souvent parvenu, bien plus malin que réellement intelligent, sans culture ni morale et ou se mêlent sans joie profiteurs, menteurs, arnaqueurs, drogués, alcooliques mondains et dépressifs, l'auteur transalpin finit par faire ressembler son ouvrage à ce qu'il souhaite visiblement peindre : cette Italie d'une certaine classe supérieure - une classe sans "la classe", pourrait-on dire -, digne héritière des années Berlusconi, plus parasite que réellement créatrice ni créative car à force de démonstrations poussives et répétées, à force de mélanger les genres, c'est l'ennui qui s'empare très rapidement du lecteur lequel, même supputant bien des éléments véridiques dans ce qu'il découvre du monde du show-bizz, finit par s'en désintéresser peu à peu, se rassurant du seul fait que l'ouvrage est d'une lecture facile - à défaut d'être réellement agréable - quoi que parfaitement inutile et lassante. Rien de plus détestable que d'éprouver ce sentiment d'avoir perdu quelques heures à lire un récit dont on sait qu'on n'en retirera pas grand chose, à peine quelques moments simplement agréables, une fois définitivement refermé.
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C'est difficile de parler d'un livre que l'on vient de refermer, quand on fait partie du jury Prix du Meilleur Roman Points 2018, et que l'on a pas grand chose à en dire (d'ailleurs c'est un signe). Je pense que le livre ne correspond pas du tout à mon style de littérature et est-ce de la littérature d'ailleurs.

Bon pour l'écriture, pas grand chose à en dire. Cela se lit, il y a une intrigue, légère, qui est censé tenir le lecteur en haleine. L'histoire : on la connaît : le monde des paillettes, du cinéma est artificiel et est rempli que d'hypocrisie, de pouvoir, d'argent, de drogue, de sexe (nous en avons encore la preuve ces derniers mois à Hollywood). Producteur avide de femmes, de jeunesse, usant de leur pouvoir pour abuser de leur naïveté, scénaristes courant le cachet, réalisateurs imbus d'eux-mêmes et actrices, prêtes à tout pour figurer au générique, marionnettes disciplinées et fragiles. Mais le tout est raconter de façon brutale, sûrement comme l'est cet univers et je n'ai eu du tout envie d'y entrer, pas de cette manière.

Traiter comme sujet les coulisses du cinéma italien peut être intéressant, même si l'on se doute, si l'on imagine que tout n'est pas très reluisant, mais tout au long du récit j'ai eu le sentiment de perdre mon temps, d'avoir compris plus ou moins l'intrigue, tous les protagonistes sont fades, tellement englués dans leur petit monde sous les sunlight, se pensant le nombril de l'univers et ne recherchant que le profit (toujours plus) et la gloire (éphémère). J'ai commencé dans la deuxième partie à m'intéressée à Jacaranda pensant qu'elle allait peut être sauver du naufrage le roman, mais elle aussi m'a perdue, très vite, je l'ai abandonnée sans me retourner.

Consciencieuse je suis allée au bout mais pas de surprise, pas de vrai rebondissement. Bon je m'arrête là car je ne veux pas décourager d'éventuels lecteurs, mais aussi vite que je l'ai lu aussi je vais l'oublier. C'est le genre de livre que j'aurai abandonné très vite en temps normal.
Lien : http://mumudanslebocage.word..
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"Dolceroma"...pas vraiment!
"La dolce vita n'était pas douce, elle était horrible." (Dino Risi).
Ce premier roman de Pino Corrias est d'une brutalité tranchante. On embarque dans le monde impitoyable des coulisses du cinéma italien.
La trame suit deux personnages principaux.
D'un côté Oscar Martello, grand producteur de 46 ans, marié à Helga et père de deux petites filles. Homme sans scrupule, détestable et profondément malhonnête.
"Oscar a le visage d'un bandit, creusé par l'insomnie. Il vit à toute vitesse, pense à toute vitesse. Comme tous les puissants, il est malheureux, surtout la nuit, quand les ombres arrivent en voletant. Puis à l'aube, quand il se retrouve seul au réveil."
De l'autre côté, son acolyte, Andrea Serrano, scénariste de 39 ans, timide et introverti.
" Il a trouvé que la vie était une histoire décousue mais qu'il fallait la porter avec élégance. Et en l'étudiant il a commencé à la réécrire. Et en la réécrivant, il en a fait son boulot, un épisode à la fois, en suivant la grille des manuels : le héros défie la vie, descend aux enfers, remonte."
Entre alcool, drogue, sexe, intimidation et corruption, jusqu'où Oscar sera-t'il prêt à aller pour tenter de sauver son dernier film, pourtant voué à l'échec ?
" - Commissaire, sauf votre respect, les chiens pissent pour marquer leur territoire, n'est-ce pas? Eh bien, les actrices, leur territoire, elles le baisent."
A la lecture de ce roman on a la sensation de rentrer dans une dimension parallèle, bien loin du faste et du rêve des succès artistiques romains.
Bien que rythmé par une légère intrigue, celle-ci reste plutôt fade et sans grand rebondissement.
Il aurait, à mon avis, été intéressant de développer le personnage ô combien plus passionnant de Jacaranda, actrice meurtrie et dont le lien avec Oscar est basé sur un traumatisme plus lointain.
Pour ma part, on est très loin de la littérature au sens noble du terme. Les dialogues sont particulièrement insipides et le style d'écriture, vulgaire et provocateur.
Même s'il est vrai qu'il y a un public pour ce style de roman, je n'ai aucunement été conquise. Grande déception.
Lien : https://missbook85.wordpress..
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D'entrée de jeu, Pino Corrias nous présente les trois personnages de son roman : Oscar Martello, producteur de cinéma prêt à tout -vraiment tout-, Andrea Serrano, scénariste un peu naïf et timide qui déguise sa lâcheté en élégance, et Jacaranda Rizzi, actrice très jolie qui a beaucoup souffert pour, peut-être un jour, réaliser son rêve…

Le pitch ? Oscar Martello a produit un film auquel il ne croit pas. Pour éviter la faillite qui le menace, il invente un stratagème destiné à doper les entrées dès que le film sera à l'affiche. Car Oscar Martello ne peut renoncer à son rêve, acheter Cinecittà et en refaire le temple du cinéma d'antan, rien que cela ! Il organise donc la disparition de l'actrice principale du film et l'envoie en compagnie d'Andrea à Paris dans un appartement qu'il vient d'acquérir. L'opération lui permettra, par la même occasion, de transférer discrètement de l'argent à l'étranger.

Mais l'intrigue peine à démarrer, l'auteur préférant nous présenter le « Supermonde », celui du cinéma, de la Jet set, qui se résume à une succession de soirées où règnent en maîtres le luxe, l'alcool et les drogues : une vie frénétique sans but, si ce n'est l'avidité, où chacun est prêt à se vendre pour une photo dans un magazine, pour un rôle dans un film. C'est une « Dolceroma » bien amère qu'il nous présente, symbole de l'ère post-berlusconienne et capitale d'un pays à la dérive.

Si l'on pense très vite au superbe film de Paolo Sorrentino, « La grande bellezza », on évitera de comparer pour ne pas rester sur notre faim. « Nous dormirons quand nous serons vieux » est la chronique amère du lancement d'un film qui nous décrit le cinéma italien contemporain comme un monde décadent et agonisant. Et c'est à peu près tout. Pendant tout le roman, on attend quelque chose qui n'arrivera jamais : tout est prévisible, rien d'original, pas de rebondissements, les personnages correspondent à l'idée que l'on se fait d'eux. Journaliste, producteur pour la télévision, scénariste, Pino Corrias connait bien le milieu qu'il décrit. Peut-être trop ? En tout cas, le roman apporte peu au lecteur, et sera loin de figurer parmi mes favoris de cette sélection !
Lu dans le cadre du Prix du Meilleur roman Points
Lien : https://lelivredapres.wordpr..
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