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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Alors, cette chronique ne va pas être une sinécure. Pas parce que j'ai rien à dire, ça non. Mais parce que je ne sais pas trop par quoi commencer, ni comment ordonner mes idées pour parler de cet objet étrange.
En résumé, c'est long, c'est – très – original, c'est extrêmement foisonnant, c'est même parfois bien foutraque et ça oscille constamment entre horreur et humour absurde.
Le livre est découpé en deux grandes parties. La première se déroule dans les années 50, et la seconde dans les années 30. Pour ce qui est de la partie « fifties », je ne l'ai pas trouvée particulièrement bien contextualisée, à tel point que c'est seulement lorsque j'en suis parvenu à la fin que je me suis souvenu qu'on était dans les années 50 (l'auteure l'avait peut-être dit au début, mais je l'avais totalement zappé entre temps et je m'étais fait une image mentale quasi contemporaine). En revanche, la période années 30 est très bien retranscrite, en particulier grâce à une maîtrise quasi-érudite des évènements de cette période (j'ai été impressionné… et pour m'impressionner sur l'histoire, il en faut).
Ce parti pris du flashback – du très gros flashback, puisqu'il va durer 300 pages au bas mot, même s'il est difficile de chiffrer avec une liseuse – fonctionne ici très bien, car j'ai apprécié de retrouver progressivement les mêmes personnages 20 ans avant, de faire connaissance avec les personnages dont on parlait dans la première partie juste pour évoquer leur mémoire, et de comprendre progressivement ce qui avait pu mener certains de ces personnages aux violents (et parfois très violents) excès de la première partie.
Pour toutes ces raisons, il m'a été plus facile de lire la deuxième partie, ce qui, rétrospectivement, est bien normal puisque dans la première, on assiste à pas mal d'évènements sans bien comprendre encore leurs tenants et leurs aboutissants. Il a même fallu que je m'accroche un peu au début, car l'auteure donnait parfois l'impression de s'éparpiller et de ne pas trop savoir où elle allait, mais par la suite je n'ai pas regretté de l'avoir fait, car plus j'avançais, plus je me rendais compte qu'en fait, tout cela est diablement bien pensé et construit.
Les qualités intrinsèques du texte sont nombreuses. D'abord, une aisance de style remarquable, parfois même jusqu'aux limites de l'overdose (je me demande si à elle aussi son professeur de 5ème ne lui aurait pas dit : « de la facilité de style, même s'il faut parfois s'en méfier ! ») Entendez par là que parfois elle balance tellement la purée qu'il faut relire la phrase plusieurs fois pour être bien sûr de tout comprendre. Dans la même veine, cela amène également une certaine tendance à la digression… pas toujours désagréable dans l'absolu, mais qui peut parfois ralentir un peu le rythme de l'histoire. Je pense qu'il aurait fallu élaguer certaines zones et qu'à cet égard, mais je me répète souvent, il aurait fallu un travail éditorial sérieux pour aider Melle Cortenbach à tempérer ses excès d'hormones scripturales.
Autre chose à mettre au crédit de l'auteure : les dialogues. Une qualité assez rare, je dois le dire : ses dialogues sont vraiment crédibles et emportent facilement l'adhésion (et le rire, quand ils sont teintés d'absurde, ce qui arrive régulièrement). Il faut souligner que c'est une performance, car l'histoire en elle-même est absolument irréaliste.
J'ai souvent du mal avec les histoires irréalistes, en tout cas lorsqu'elles se déroulent dans un contexte connu et documenté. C'est peut-être aussi ce parti pris personnel qui fait que je n'ai peut-être pas « adoré » ce bouquin… Mais étant donné cette spécificité, le fait de m'avoir autant accroché est déjà en soi une performance. L'irréalisme est voulu et assumé, avec des phénomènes inexpliqués et a priori inexplicables, une île dans la Manche qui a développé des coutumes pour le moins étranges (et pour le moment, inexpliquées), certains personnages d'une telle absurdité qu'on a l'impression d'être dans une pantomime. La deuxième partie, qui se passe tout entière dans un château tenu par une secte meurtrière, accentue cette impression d'une sorte de « monde parallèle. » Des deux ex machina, comme ce brave Peter qui entre et sort du château selon son bon vouloir alors que normalement personne ne peut s'enfuir de cette citadelle, il y en a à la pelle, et finalement, dans ce monde étrange, ils passent comme des lettres à la poste.
Un dernier mot pour les personnages, incontestablement un point fort du roman. Je me suis perdu un moment dans leur foisonnement, au début de la deuxième partie, mélangeant un peu tous ces détraqués, mais je suis retombé sur mes pattes au fur et à mesure. Si l'on excepte quelques seconds rôles qui sont des purs chefs d'oeuvre d'absurdité, comme Barnes par exemple, et qui apportent un peu de frais dans toute cette noirceur, les rôles principaux sont diablement bien construits. Tour à tour désabusés, curieux, jaloux, calculateurs, vicieux, pervers, torturés, ils évoquent le large panel des tourments humains et leurs relations sont souvent riches et retorses… mais ils sont désespérément humains, bien qu'ils évoluent dans une sorte de théâtre. La bougresse réussit quand même à nous arracher quelques élans de sympathie pour un pédophile tueur en série, c'est dire si elle réussit bien son coup. Ces personnages nous vaudront quelques morceaux d'anthologie, comme par exemple les envolées lyriques de Laurent des Roches sur la définition de l'esthétisme.
Je relis ma chronique avant de l'envoyer, puis je vois le titre du bouquin, difficile à décrypter au premier abord, et là je me dis :
En fait, elle a fait exactement ce qu'elle a voulu faire, la taulière.
Rigolez pas, c'est pas si facile que ça en a l'air.
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La première chose qui saute aux yeux avec cette histoire, c'est son originalité. Difficile de comparer cette lecture à une autre, sauf peut-être si on se penche du côté de certains mangas déjantés. Et rien que pour ça, Les pantins marionnettistes vaut le coup.

Le début est excellent, rythmé, intriguant. L'ambiance m'a happé en quelques lignes. J'ai tout de suite adoré les personnages, tous plus improbables les uns que les autres, avec une nette préférence pour le duo de tête (ce qui n'était pourtant pas gagné au début : je pensais découvrir une énième histoire romantique mais j'avais, par chance, tort).

L'humour noir arrive à provoquer le malaise et le rire en même temps. Les dialogues sont supers et la narration plus que travaillée. Là encore, je note la singularité des Pantins : l'histoire est aussi moderne et rythmée que le style "ancien", "classique". Ce qui est pour moi une grande qualité ; si le style moderne est efficace et entrainant, je trouve qu'il tend à se banaliser. J'aime bien revenir à des styles plus personnels de temps en temps, et le style des Pantins est clairement unique. La première partie du livre est donc pour moi une totale réussite.

La suite, en revanche, m'a moins convaincu. Je m'explique : vers le milieu du livre, l'histoire fait un bond en arrière et on découvre ce qui s'est passé des années plus tôt pour en arriver aux événements actuels. Déjà dans l'absolu, j'ai beaucoup de réticence avec cette pratique : les flashbacks, très peu pour moi, surtout s'ils doivent durer la moitié du livre.

Les personnages sont toujours aussi bien traités, l'horreur toujours au rendez-vous, le style toujours impeccable. Mais dès ce moment-là, il me manquait quelque chose. Déjà le personnage d'Andréa, qu'on ne verra plus étant donné que les événements narrés ne la concernent pas à l'époque passée. Une grande perte pour moi puisque, aussi intéressants soient-ils, les autres personnages ne lui arrivent pas à la cheville ; elle est vraiment le moteur de l'histoire. Ajouté à cela que le sort des personnages est bien moins intéressant : on sait déjà qui sera encore vivant des années plus tard et la tension est donc difficile à ressentir. Durant toute cette seconde partie, j'ai donc attendu plus ou moins impatiemment un retour au présent.

Ce qui me mène à ce qui m'a particulièrement frustré dans cette lecture (bien que je le sentais venir) : il n'y aura pas de retour au présent dans ce tome. Il faudra rempiler pour le tome 2 pour ça.

En résumé, Les pantins marionnettistes, premier du nom, propose un univers déjanté et des personnages hauts en couleurs qu'on a plaisir à suivre. L'ambiance globale me fait penser à certains mangas, sans prise de tête, inventifs, jouissifs, qui n'ont pas peur de mélanger les genres (horreur, thriller, comédie). Mon seul bémol reste la seconde partie, trop longue à mon goût, qui ne m'a pas passionné autant que la première, et qui m'a même frustré à un certain niveau. C'est dommage. Affaire à suivre malgré tout avec le deuxième et dernier tome, à l'occasion.
Lien : http://murphypoppy.canalblog..
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Comment vous parler des Pantins marionnettistes…

C'est un ouvrage totalement inclassable, qui oscille entre horreur, humour, littérature, psychologie, histoire, philosophie et j'en oublie certainement.
Mais qu'est-ce que c'est que ce truc ?
Situé dans une période visuelle que je situerais fin Fritz Lang début Jean-Pierre Jeunet, les Pantins nous emmène dans les méandres sombres et glauques d'un château étrange et d'une île qui ne l'est pas moins.
L'écriture de Samantha Cortenbach est riche, très, et dense, parfois trop. Si l'on ne peut lui reprocher ni son orthographe impeccable ni son vocabulaire soutenu, j'aurais, pour ma part, aimé pouvoir souffler de temps en temps quand certaines descriptions me paraissaient superflues mais surtout me faisaient perdre le fil de l'histoire. Il faut beaucoup de concentration pour suivre les personnages principaux et tous les individus qui gravitent autour, car chacun a sa particularité et son importance au cours du récit.
Il faut avoir l'esprit disposé à attaquer ce volume de près de 700 pages , ingurgiter ces atrocités et ces joutes verbales qui se succèdent sans aucun temps mort. Il faut avoir dépassé la lecture de certains écrivains populaires qu'on ne présente plus pour pouvoir apprécier la finesse pernicieuse dont fait preuve Samantha pour nous emmener aux confins du trash, du gore, de l'hémoglobine à tout va, comme s'il s'agissait d'une promenade de santé. Je ne suis pas aficionada de ce type de lecture, mais il y a du Manga dans certaines scènes qui m'ont fait mourir de rire, de cinglants échanges comme des baffes qui se perdent, des monstruosités qui vont crescendo et une causticité qui n'est pas pour me déplaire.
J'ai adoré la première partie qui m'a emmenée dans des recoins sépulcraux, dignes d'un Londres de Jack l'éventreur, entre pavés luisants, lumières vacillantes et brume oppressante.Un peu moins la seconde qui, pourtant, explique bien des choses. Christian, dans toute son horreur est un personnage fascinant, Abel est d'un cynisme décapant, Andrea qui nous mène à eux m'a parfois tapé sur le système mais j'ai presque admiré sa pugnacité. Et le melting-pot des personnages qui les entourent est truculent.
En fait, j'imaginais, en repensant à cette lecture, une Khâgneuse sous speed qui aurait décidé d'écrire un conte sordide, une saga fantastique et rocambolesque, avec quelques retours d'acide qui explosent la tête pour en extraire le sang poisseux qui imprègne quasi chaque page. C'est complètement barré, unique et avec, à mon humble avis, quelques coupes claires dans certains passages, ce serait brillant.
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