AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Dandine


1400 pages! Qu'une fois lues je peux dire: trop c'est trop.

Il y a de tres beaux passages. Nombreux. Beaucoup d'eux poignants, certains ahurissants, qui glacent le sang. Mais tout le dernier tiers m'est devenu pesant.


A travers deux generations de personnages, issus d'un meme village du nord de Milan, c'est l'histoire de l'Italie de 1940 a 1970 que Corti romance.

Cela commence par la vie dans un village qui s'est un peu industrialise et vit encore pour beaucoup de petite agriculture. Les differences de classes n'alterent pas le bon voisinage. Puis l'Italie entre en guerre et les jeunes sont mobilises. Certains partiront pour l'Afrique, d'autres pour la Grece, mais le plus grand nombre rejoindra le front de l'Est, face a la Russie.

Les actions de guerre et les deboires des jeunes soldats sont rendus avec grande virulence, avec toutes les horreurs la ferocite et l'heroisme de la guerre. La campagne de Russie et la debacle de l'hiver 1942-43 surtout, avec l'atrocite de chaque petite bataille pour tenir un village ou pour arriver a sortir d'un encerclement, d'une poche, avec le desespoir qui s'empare des nombreux fuyards qui ne sont plus encadres par un quelconque commandement, mais aussi avec le devouement, la grandeur d'ame de ceux qui se sacrifient consciemment pour permettre la retraite de leurs camarades, avec l'entraide et la fraternite qui se revelent dans les moments les plus durs, tous moments detailles de facon saisissante. Je suis arrive au bas de certaines pages carrement bouleverse, prenant le temps de souffler pour la tourner. Suivent des descriptions de la vie – et la mort – dans les camps russes de prisonniers, non moins horripilantes. Et dans toutes ces situations, a travers toute cette sanguinaire barbarie, percent les essais des heros – a coup sur un hommage a beaucoup de reels veterans de la guerre – de garder un tant soit peu de leur humanite.

On sent que Corti a vecu tout cela. Qu'en fait il romance son temoignage. Comme l'avait fait avant lui Mario Rigoni Stern dans “Le sergent dans la neige". Et c'est puissant et emouvant. Dechirant.

Corti donne ensuite un apercu “relativement court" (pour un livre de plus de 1400 pages) de la guerre interne en Italie entre partisans et armee allemande d'occupation, puis passe a la reconstruction d'apres-guerre.


C'est cette derniere partie que j'ai le moins aime. Je l'ai trouvee poussive, ni les amours et les devenirs des principaux protagonistes, ni les luttes politiques de communistes et de democrates-chretiens ne m'ont interesse. le souffle epique des deux premieres parties s'est envole. Corti s'est essouffle. de plus c'est la partie ou Corti exagere le plus dans son proselytisme chretien. Deja avant cela les bons soldats se reconnaissaient a leurs valeurs chretiennes, mais dans cette partie Corti force la dose. Il presente l'abandon de la pratique religieuse comme une decomposition culturelle et morale de l'Occident. Il n'y a que les catholiques (meme pas les protestants) qui peuvent etre bons. Tous les autres sont consciemment ou inconsciemment mauvais. Une citation? Au hasard: “Pie XII disparu, la culture catholique, au lieu de lutter contre les analyses marxistes, s'était mise à chercher avec insistance des points de convergence avec elles. Il faut dire aussi que, entre-temps, la culture européenne tout entière – à cause, surtout, de la situation analogue qui s'était créée en France, son centre incontesté – avait fait, en quelques années, de grands pas en arrière vers un état de quasi-précivilisation.” Une autre? Allons-y: “Après tout, si dans cette lutte les chrétiens avaient contre eux la bourgeoisie riche, patronne des médias, et les féroces aboiements des marxistes de toutes confessions, ils avaient avec eux la majorité du peuple sain, des personnes propres.” En pays de chretiente ceux qui ne soutiennent pas l'Eglise papale sont des malpropres (il a des mots tres durs, que je ne citerai pas, meme contre les pretres ouvriers francais). C'est enervant. En tous cas, moi ca m'a enerve.


C'est un grand livre, a n'en pas douter. Mais il est inegal, peut-etre parce qu'il est trop long, peut-etre parce que l'auteur se laisse emporter par ses convictions, en fait sa haine, non de tout ce qui n'est pas chretien, mais de tous ceux qui delaissent la chretiente de leurs ancetres. Il a eu un grand succes, tardif, en Italie, mais je ne pourrais pas, moi, le qualifier de chef-d'oeuvre, comme d'aucuns l'ont fait.
Commenter  J’apprécie          646



Ont apprécié cette critique (62)voir plus




{* *}