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Françoise Lantieri (Traducteur)François Livi (Préfacier, etc.)
EAN : 9782825106365
1091 pages
L'Age d'Homme (10/03/1997)
4.26/5   67 notes
Résumé :
Depuis sa publication discrète en 1983, Le Cheval rouge est devenu en Italie un véritable phénomène littéraire et social. Car dès sa parution, et au fil des rééditions qui se sont succédé sans discontinuer, Le cheval rouge, bien qu'ignoré en raison de son anticonformisme idéologique par la critique, a captivé un très large public. Dans une enquête publiée en 1986 sur le plus beau roman italien des dix dernières , Eugenio Corti et "Le Cheval rouge distançait Sciasci... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Une gigantesque fresque historique de mille cinq cent pages. La seconde guerre mondiale vécue par les italiens.
En 1940, la classe 1921 du petit village de Nomana s'apprête à partir en guerre, la majeure partie n'est pas fasciste et certains ne croient pas à cette éventualité, les étudiants partent les derniers. Certains partiront en Afrique et d'autres en Russie qui deviendra la Bérézina des italiens. Nous allons aussi découvrir la guerre en Italie qui va se retrouver divisée avec la fin du fascisme, envahie par les allemands et les alliés.
Ce livre dénonce la guerre, les idéaux politiques : fascisme, nazisme, communisme qui menés par une poignée d'hommes persuadés d'avoir raison ont mis la terre à feu et à sang. Il dénonce le communisme qui petit à petit détruit toutes les couches sociales pour n'en obtenir qu'une.
Eugenio Corti nous livre une immense réflexion sur les hommes qui deviennent pire que des bêtes, torturent, massacrent, deviennent haineux alors que d'autres s'entraident, ont un sens de l'honneur,aident les plus faibles donnant à se demander s'il n'ya pas deux sortes d'hommes. Pour l'auteur la religion est ce qui retient les hommes de toutes ces abominations. Je croyais en avoir vu beaucoup mais non, cette guerre n'a pas fini de me surprendre avec cette surenchère dans l'horreur, indicible, l'inimaginable, personne n'est épargné ni les civils, ni les soldats.
Il faut absolument lire ce roman ne serait-ce que pour réaliser à quel point ce ne fut que de la souffrance de tous côtés. de nos jours la religion a ses failles et ne trouve guère preneurs mais une spiritualité, une éthique ou la volonté de préserver la vie sont indispensables.
Ce qui me restera de la classe 1921, c'est leur désir de reconstruction du pays un peu comme si ils se reconstruisaient eux-mêmes après tout ce qu'ils ont vécus.
Une découverte de la seconde guerre mondiale sur le front est que je ne connais que très peu.

#Le cheval rouge #NetGalleyFrance
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1400 pages! Qu'une fois lues je peux dire: trop c'est trop.

Il y a de tres beaux passages. Nombreux. Beaucoup d'eux poignants, certains ahurissants, qui glacent le sang. Mais tout le dernier tiers m'est devenu pesant.


A travers deux generations de personnages, issus d'un meme village du nord de Milan, c'est l'histoire de l'Italie de 1940 a 1970 que Corti romance.

Cela commence par la vie dans un village qui s'est un peu industrialise et vit encore pour beaucoup de petite agriculture. Les differences de classes n'alterent pas le bon voisinage. Puis l'Italie entre en guerre et les jeunes sont mobilises. Certains partiront pour l'Afrique, d'autres pour la Grece, mais le plus grand nombre rejoindra le front de l'Est, face a la Russie.

Les actions de guerre et les deboires des jeunes soldats sont rendus avec grande virulence, avec toutes les horreurs la ferocite et l'heroisme de la guerre. La campagne de Russie et la debacle de l'hiver 1942-43 surtout, avec l'atrocite de chaque petite bataille pour tenir un village ou pour arriver a sortir d'un encerclement, d'une poche, avec le desespoir qui s'empare des nombreux fuyards qui ne sont plus encadres par un quelconque commandement, mais aussi avec le devouement, la grandeur d'ame de ceux qui se sacrifient consciemment pour permettre la retraite de leurs camarades, avec l'entraide et la fraternite qui se revelent dans les moments les plus durs, tous moments detailles de facon saisissante. Je suis arrive au bas de certaines pages carrement bouleverse, prenant le temps de souffler pour la tourner. Suivent des descriptions de la vie – et la mort – dans les camps russes de prisonniers, non moins horripilantes. Et dans toutes ces situations, a travers toute cette sanguinaire barbarie, percent les essais des heros – a coup sur un hommage a beaucoup de reels veterans de la guerre – de garder un tant soit peu de leur humanite.

On sent que Corti a vecu tout cela. Qu'en fait il romance son temoignage. Comme l'avait fait avant lui Mario Rigoni Stern dans “Le sergent dans la neige". Et c'est puissant et emouvant. Dechirant.

Corti donne ensuite un apercu “relativement court" (pour un livre de plus de 1400 pages) de la guerre interne en Italie entre partisans et armee allemande d'occupation, puis passe a la reconstruction d'apres-guerre.


C'est cette derniere partie que j'ai le moins aime. Je l'ai trouvee poussive, ni les amours et les devenirs des principaux protagonistes, ni les luttes politiques de communistes et de democrates-chretiens ne m'ont interesse. le souffle epique des deux premieres parties s'est envole. Corti s'est essouffle. de plus c'est la partie ou Corti exagere le plus dans son proselytisme chretien. Deja avant cela les bons soldats se reconnaissaient a leurs valeurs chretiennes, mais dans cette partie Corti force la dose. Il presente l'abandon de la pratique religieuse comme une decomposition culturelle et morale de l'Occident. Il n'y a que les catholiques (meme pas les protestants) qui peuvent etre bons. Tous les autres sont consciemment ou inconsciemment mauvais. Une citation? Au hasard: “Pie XII disparu, la culture catholique, au lieu de lutter contre les analyses marxistes, s'était mise à chercher avec insistance des points de convergence avec elles. Il faut dire aussi que, entre-temps, la culture européenne tout entière – à cause, surtout, de la situation analogue qui s'était créée en France, son centre incontesté – avait fait, en quelques années, de grands pas en arrière vers un état de quasi-précivilisation.” Une autre? Allons-y: “Après tout, si dans cette lutte les chrétiens avaient contre eux la bourgeoisie riche, patronne des médias, et les féroces aboiements des marxistes de toutes confessions, ils avaient avec eux la majorité du peuple sain, des personnes propres.” En pays de chretiente ceux qui ne soutiennent pas l'Eglise papale sont des malpropres (il a des mots tres durs, que je ne citerai pas, meme contre les pretres ouvriers francais). C'est enervant. En tous cas, moi ca m'a enerve.


C'est un grand livre, a n'en pas douter. Mais il est inegal, peut-etre parce qu'il est trop long, peut-etre parce que l'auteur se laisse emporter par ses convictions, en fait sa haine, non de tout ce qui n'est pas chretien, mais de tous ceux qui delaissent la chretiente de leurs ancetres. Il a eu un grand succes, tardif, en Italie, mais je ne pourrais pas, moi, le qualifier de chef-d'oeuvre, comme d'aucuns l'ont fait.
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« Mes grands maîtres étaient Homère et encore Homère, ainsi que le plus grand de ses élèves qui était Tolstoï. Dans l'emploi de la langue, je me réfère à Manzoni. Je dois beaucoup au saint François du Cantique des créatures. Mais mon plus grand maître, ce fut avant tout le peuple, la langue de ce peuple auquel j'ai affaire chaque jour. »
 E. Corti
Ce roman historique, qui aura demandé 10 ans de travail à son auteur, est porté par un souffle épique et emporte le lecteur dans un véritable tourbillon tout en suscitant bien des réflexions. Il ne peut s'épuiser en une seule lecture et, comme il comporte 1000 pages d'une écriture serrée, il est impossible d'en montrer toutes les facettes et d'en saisir les symboles en quelques lignes sans risquer d'en affaiblir ou dénaturer la portée. J'espère parvenir quand même à donner envie de le lire.
Placé sous le signe de l'Apocalypse de Jean, il est divisé en trois volumes : le cheval rouge (la guerre) titre de l'ensemble, le cheval livide (la faim, le froid, la mort) et l'arbre de vie .
Le point fixe, dans le déchaînement apocalyptique que vont traverser les protagonistes principaux est le village de Nomana dans la région de la Brianza et ses alentours.

François Livi nous dit dans sa postface au "Cheval rouge" : «Nomana, épicentre du roman auquel les vagues de l'histoire arrachent puis rendent les personnages principaux, n'est pas simplement un lieu permettant au narrateur de relier les événements qui se déroulent en Union soviétique, en Afrique, en Grèce, en Pologne, en Allemagne, en Italie, au monde de la province lombarde. Encore moins un microcosme qui tendrait à rapetisser, en les réécrivant sur l'échelle restreinte des perceptions locales, les drames qui traversent le monde. le petit monde de Nomana, décrit avec un amour et une exactitude qui jaillissent de chaque page, est un gage de vérité. La transition de ce microcosme, débordant de vie, à des horizons plus larges, est naturelle et possible car dans les deux cas l'auteur est en quête d'une vérité humaine.
Ouvriers, petits entrepeneurs, paysans, d'inoubliables silhouettes féminines : tous ces personnages, ruisselants de vérité, sont décrits avec une mesure parfaite.»
Le cheval rouge débute sur une scène paisible balayée par le mouvement régulier de la faux d'un père et de son fils qui réalise qu'il va prendre la suite car le père vieillit. Cet ordre, cette paix, que les jeunes appelés vont quitter, les saisons qui se succèdent, leur famille, leur mère, une jeune femme aimée représenteront le recours vers lequel blessés, mourants ou pris dans la violence des combats ils se tourneront, au milieu des souffrances terribles que tous vont traverser. 

Mais quand les protagonistes de l'histoire retrouvent (quand ils survivent) ce vers quoi était tendue leur pensée, ce qui les a soutenus, ils ne reconnaissent plus ce qu'ils ont quitté, dont ils sont coupés par le souvenir des atrocités vues et vécues. le monde ne sera plus jamais comme avant et le troisième volume «L'arbre de vie», s'il est celui d'une vie renaissante, annonce que même Nomana ne sera plus Nomana. La reconstruction de l'après-guerre va faire advenir un autre monde.
L'accent de vérité de ce roman est dû aussi au fait que la biographie de l'auteur se confond en grande partie avec le contenu du récit où l'on retrouve Eugenio Corti dans le personnage de Michele Tintori qui se sent écrivain mais pas assez mûr pour donner vie à un livre. Souhaitant faire des expériences et voir ce qu'est le communisme sur place, il va faire tout son possible pour aller sur le front russe où l'Italie s'engage au côté de l'Allemagne. Il y sera rudement mis à l'épreuve jusqu'à visiter, prisonnier des soviétiques, le neuvième cercle de l'enfer de Dante, plus particulièrement le XXXIII chant où Ugolin dévore ses propres enfants et où la glace est omniprésente. 

L'auteur transparaît aussi dans le personnage d'Ambrogio, fils de Gerardo Riva ouvrier devenu chef d'entreprise. Ambrogio comme ses amis Michele et Stefano va rejoindre le front russe dont il reviendra blessé.
Sans manichéisme Eugenio corti nous montre ce que les démons du totalitarisme, nazisme et communiste confondus, entraînent par leur mépris de l'homme. L'homme est dépouillé de son âme et alors on peut en faire ce que l'on veut, le tuer sans remords, le réduire en esclavage.... Reste aux victimes, à ceux qui subissent et sont témoins de toutes les exactions commises au nom de ces deux idéologies mensongères et criminelles, à tenter de comprendre et trouver un sens à cette apocalypse. Chacun va tenter de chercher, suivre même à tâtons ce qui lui est demandé ou qui lui sera révélé sans qu'il le veuille, à travers bien des souffrances. Quel sens a un destin particulier au regard de l'universel ?. 
Chacun à son humble place aura son utilité, sera choisi pour remplir une mission consciemment ou non. C'est cette valeur de chaque individu qui domine «Le cheval rouge» et donne un sens même à leur mort. L'auteur se fonde sur sa profonde foi chrétienne qui irradie tout le roman et c'est cette foi qui permet de tenir face au mal absolu qui se déchaîne. La beauté et la portée de ce roman est telle que partageant ou pas la foi de son auteur, il restera inoubliable et intemporel.
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Me voilà à la fin d'un long voyage qui aura duré quelques semaines. Un voyage dans l'Italie des années 1940 à 1970. Dans une Europe dévastée qui nous mène en Russie, en Pologne, en Allemagne et en Grèce, mais aussi sur les côtes nord-africaines de la Méditerranée, en Libye et en Tunisie où se sont propagés les combats.

Un voyage dans une province d'Italie qu'on appelle la Brianza et son village de Nomana proche de Milan. J'y ai découvert une famille chrétienne, les Riva, des ouvriers devenus industriels, leurs enfants et notamment lors fils Ambrogio, son cousin Manno, ses camarades de la classe 21 qui seront amenés à participer à des conflits auxquels ils ne croient guère, un canon dans le dos poussé par des hommes en chemises noires. Les jeunes hommes de Nomana et des villages alentours rejoindront les différents fronts de l'axe, certain reviendrons pour affronter un autre péril, de couleur rouge celui-ci.

Après cette terrible guerre menée par nombre de dictateurs psychopathes, c'est à la lente érosion des valeurs chrétiennes que nous fait assister l'auteur, sur fond de crise économique, dans une Italie jusqu'alors ancrée dans la culture chrétienne et la ferveur religieuse. On découvre une nation qui se délite peu à peu et laisse place à une société troublée, aux courants opposés, en perte de repère et d'identité.

J'ai fait ce voyage en conduisant sur une longue route sinueuse à l'asphalte irrégulier, tour à tour bordée de prairies fertiles, de forêts inquiétantes et de désert bouleversés.

Il y a bien longtemps que je n'avais pas été autant absorbé par un ouvrage. Celui-ci captive tant par son réalisme, parfois à la limite du soutenable, que par le témoignage historique qu'il constitue. Mais aussi par la puissance de ses personnages et des sentiments qui les unissent, magnifiées par de belles histoires d'amour d'un autre temps . J'y ai découvert une nation dont je ne connaissais que peu les faits de participation aux événements tragiques qui nous ont opposés, avant de finir par nous réunir. Une oeuvre empreinte de spiritualité chrétienne sans que cela prenne le pas sur le récit et trouble l'athée que je suis.

Je ne peux que conseiller la lecture de ce formidable récit de 1100 pages qui se tournent sans effort. L'ouvrage n'est plus édité, vous le trouvez sans peine d'occasion, au prix du neuf, ne vous y attardez pas, il le vaut même avec quelques feuillets cornés et une couverture défraîchie.
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1245 pages d'une écriture petite et serrée… La lecture de ce livre m'aura pris très exactement un mois, du 1er au 31 mars. Une lecture au long cours, donc, et il faut y être prêt avant de se lancer dans ce livre. La question est alors, le jeu en vaut-il la chandelle ? L'éditeur présente ce livre comme un nouveau Tolstoï. Moi qui avait adoré Guerre et Paix, je ne pouvais qu'être sensible à ce genre d'argument. Et puis je dois bien avouer que l'implication de l'Italie dans la seconde guerre mondiale m'est particulièrement inconnue, ce livre était donc un bon moyen de remédier un tant soit peu à cette lacune. Je me suis donc lancée, après que l'éditeur m'ait gracieusement envoyé ce livre via netgalley.
Je me suis alors retrouvée dans le village de Nomana, non loin de Milan, en mai 1940, entourée de différents jeunes gens de la classe 21, la première qui allait partir à la guerre. Eugenio Corti nous présente une Italie fasciste par défaut, militariste par ordre. Et les jeunes partent, les uns après les autres. Beaucoup iront sur le front russe, qui fut une déconfiture totale pour l'armée italienne et une hécatombe pour les soldats. C'est en particulier la retraite de l'hiver 1942-1943 qui est décrite en détail, lorsqu'un grande partie des force italiennes lancée dans la bataille se retrouve encerclée dans une poche et ne peut fuir qu'à pied. Beaucoup n'en réchapperont pas, quelques uns pourront rentrer, d'autres seront faits prisonniers et affronteront un nouveau lot de terribles épreuves.
Les épreuves de la captivité, ainsi qu'une incursion sur le front albanais puis sur la reconquête de l'Italie face aux Allemands forment la grande partie de la deuxième partie. D'ailleurs, voir, à partir de l'été 1943, l'Italie changer de camp et voir tout à coup dans l'allié allemand tout puissant un occupant, a quelque chose d'assez fascinant. Si l'Italie est entrée tard dans la guerre, elle signe tôt sa reddition, mais n'en finit pas de sortir de la guerre. C'est aussi le temps de l'attente pour les familles restées au pays, le temps des doutes et de l'angoisse.
Enfin, dans une dernière partie, l'auteur évoque, bien plus rapidement, les premières décennies d'après guerre. Les rescapés de la classe 21 ont mûri et doivent faire face à de nouveaux défis, la reconstruction économique d'abord, politique aussi, puis les changements d'une société qui, comme dans le reste de l'Europe occidentale est en pleine mutation.

Le propos est intéressant, il m'a fait découvrir beaucoup d'aspects de l'histoire italienne moderne que je ne connaissais pas. Mais la lecture fut, je dois l'avouer, assez difficile. J'ai trouvé que l'oeuvre manquait d'unité, avec d'un côté les épisodes de la guerre, décrits avec une minutie presque clinique (mais en même temps avec très peu d'événements tragiques qui se déroulent sous les yeux du lecteur. Pendant une assez longue première partie, les personnages semblent comme arriver après les horreurs, après les morts, et pendant longtemps, la guerre n'est présente que comme en creux). Puis, après la guerre, des événements qui sont survolés, mais cette fois, avec une pesanteur dans l'écriture qui confine à l'obsession.
La première partie est difficile à lire, à moins d'aimer la littérature de guerre dans ce qu'elle a de plus frustre, la seconde partie est un pensum. On comprend très vite la thèse de l'auteur : l'anti-communisme et les valeurs chrétiennes comme rempart absolu contre tous les dévoiements de la société moderne, comme summum de la civilisation. On en arrive à des absurdités, avec les personnages chrétiens qui sont bons et beaux et les autres qui, immanquablement, vieillissent mal et ont des moeurs peu recommandables. Voir dans la morale chrétienne l'alpha et l'oméga de la morale tout court et de la civilisation, c'est vraiment pesant au bout d'un moment et rend le livre plus que répétitif.
A signaler aussi, que ce roman est en fait en grande partie autobiographique. On retrouve beaucoup d'Eugenio Corti dans deux des principaux personnages du roman : le jeune Ambrogio Riva, fils d'un industriel du textile (comme Corti) qui a une conception trèèèès paternaliste de son rôle et son ami Michele Tintori, qui se porte volontaire pour le front russe (comme Corti) et qui devient écrivain au retour de la guerre, basant son oeuvre sur une dénonciation inlassable du communisme et sur une défense incessante des valeurs catholiques. L'épisode sur la pièce de théâtre écrite par Tintori (Eugenio Corti en a écrit une, Procès et mort de Staline) est d'ailleurs intéressante (bien que pesante à lire) pour voir comment cet homme voit le monde ligué contre lui, lui qui a raison contre tous. On dirait un peu la mauvaise foi de Rousseau dans Les Confessions, pas une mauvaise compagnie certes, mais pas pour les bonnes raisons…).

En définitive, je suis contente d'avoir fait cette lecture, d'y avoir appris beaucoup de choses, mais je ne peux pas la recommander, car elle me semble trop pesante (toujours ce mot qui revient), d'une honnêteté intellectuelle discutable et j'espère qu'il existe d'autres livres sur cette période qui sont plus agréables à lire pour le même résultat.
A noter, cependant, que ce livre est un succès de librairie en Italie, et ce depuis sa sortie en 1983. Je pense que des Italiens, ou des personnes connaissant mieux la société italienne que moi, voient peut-être plus dans ce livre que je ne suis capable de le faire. Un livre que je ne peux donc pas déconseiller, mais que j'accompagnerais d'une mise en garde, que l'on sache dans quoi on met les pieds avant de se lancer dans cette course de fond...
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Les deux jeunes gens se scrutèrent mutuellement. Ils n’etaient en apparence que deux soldats mortellement opposés l’un à l’autre : mais c’etaient d’abord deux artistes, chacun avec son immense et différente tradition derrière lui. Le fait d’etre artiste ne différenciait pas l’Italien de son peuple qui, en un certain sens, est tout entier composé d’artistes (même trop, comme on sait). Il différentiait au contraire, et radicalement, le Russe du sien, faisant de lui une sorte d’etre à part. Alors que l’Italien n’eprouvait que de temps à autre le besoin de communiquer avec d’autres artistes, l’isolement du Russe le rendait au contraire toujours attentif à la présence de l’un d’entre eux avec qui communiquer. « Celui-ci, qui me sort Victor Hugo dans un moment pareil, doit forcément être sensible à la poésie... ».
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Ah ! Dans quelle terrible situation se trouvait-on, mon Dieu ! Quel renversement dément ! Et c’etait arrivé en l’espace d’un jour à peine... Stefano cessa de parler, et se levant avec décision, commença à taper dans ses mains, à se frapper le corps et à piétiner : il en éprouvait le besoin invincible parce qu’il continuait à avoir la sensation d’etre sur le point de geler.

Ainsi avait commencé l’attente terrible de quelque chose qui, en tout état de cause, ne pouvait être que la mort.
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-- Qu'est-ce que c'est que ces figures ? s'exclama tout à coup le capitaine Grandi. Allons plutôt, chantez avec moi. Et, avec le peu de voix qui lui restait et qui eût été ridicule dans un moment moins tragique, il entonna la terrible chanson alpine du capitaine moribond qui fait son testament. p 342
(...)
Adieu donc à toi aussi premier amour, adieu pour toujours, ce que nous avions rêvé ne sera jamais... Adieu montagne, patrie, régiment, adieu mère et premier amour, chantaient les chasseurs alpins. Ils chantaient et pleuraient, les chasseurs valeureux, et leur chant patient contenait toute la douleur de notre humaine impuissance. Ils chantèrent encore quand le capitaine ne chantait plus et ne les accompagnait que des yeux. Ils ne cessèrent de chanter que lorsqu'ils se rendirent compte que le capitaine Grandi était mort.
p 343
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" Si vous saviez, mes enfants, quelle saloperie c'est que la guerre", dit-il enfin, et il secoua plusieurs fois la tête, pensif. Des souvenirs lui revenaient en désordre en mémoire, dont un surtout s'imposait : la sensation indiciblement désagréable qu'il avat éprouvée plus de vingt ans auparavant aux paroles lugubres d'un fantassin compagnon de tranchée, alorsqu'ils attendaient de sortir pour l'un de ces horribles assauts, toujours présentés comme déterminants et qui, en fait, ne déterminaient jamais rien. Aujourd'hui, il avait oublié les paroles, mais il se souvenait bien de cette sensation si extraordinairement désagréable.
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Depuis sa tranchée, haute sur la rive du fleuve, Stefano pouvait voir, au-dessous, le bois changer de couleur, de jour en jour. Avant de tomber, les feuilles -- en une sorte de fête d’adieu à leur existence si brêve -- se paraient des teintes les plus belles : l’or et le rouge, ou le jaune délicat, ou le rouille et le brun, chacune selon son espèce. Venant du nord-est, c’est-à-dire de la direction même du vent apparurent et se succédèrent -- haut dans le ciel -- des bandes de canards migrateurs : ils volaient en formation en V ou en simples lignes obliques, avec des cris insistants. Le jeune homme les observait avec le dépit du chasseur contraint malgré lui à ne pas tirer sur la proie (on avait tout de suite diffusé des ordres péremptoires à ce sujet). Ces cris rauques, qui résonnaient à l’improviste de jour et de nuit, lui paraissaient aussi être comme un au revoir : les animaux s’en allaient, abandonnant ces lieux où l’hiver était si inclément... p 194
p196 C’est ainsi que le commencement des ennuis sérieux les prit au dépourvu.
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