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Noël Calef (Traducteur)
EAN : 9782264020802
190 pages
10-18 (08/06/1995)
4.25/5   130 notes
Résumé :
Directement inspiré de sa propre expérience, ce premier roman raconte la retraite des Italiens sur le front russe.

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Résumé:
La retraite de Russie - celle de la grande armée " européenne " lancée par Hitler contre l'URSS.
Pas de grands récits de batailles ; pas de thèses politiques, mais quelques soldats italiens perdus dans cette aventure, qui marchent et qui souffrent, q... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (30) Voir plus Ajouter une critique
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Lu en V.O.

Épouvantable fut, début 1943, cette retraite de l'armée italienne en Russie.
J'en fis un jour un exposé lors de mon cours d'italien.
Le corps italien comptait 230.000 hommes dont seuls 20.000 revinrent au pays...

C'est mon second livre relatant cet épisode tragique après le Cheval Rouge d'Eugenio Corti dont je dois toujours faire la critique, suivant en cela les conseils de Nadejda, critique que je remets hélas toujours à plus tard car le livre compte plus de mille pages et a fait l'objet d'une excellente critique de Nadejda..

Le livre est autobiographique, comme dans le Cheval Rouge, il est relaté par un témoin direct, Mario Ringano Stern est en effet le principal protagoniste de ce récit.

L'armée italienne et ici plus particulièrement ses chasseurs alpins est installée dans des tranchées au bord du fleuve Don avec pour but d'empêcher l'armée rouge cantonnée sur l'autre rive de le franchir.
Les premiers moments sont calmes , avec peu d'escarmouches, les hommes effectuent leurs tours de garde et leurs patrouilles, nettoient leurs armes, ils vivent dans ces tranchées avec les rats, cherchent de la nourriture, parlent, pensent à leur femme ou fiancée ...

Mais la situation va se dégrader. Les Russes attaquent et font des ravages dans les rangs italiens. L'auteur, simple sergent major, se retrouve chef de bataillon suite à la mort de son officier.
Pour échapper à l'encerclement, la retraite commence.
Retraite pénible, avec sans cesse des embuscades des Soviétiques et surtout le terrible l'hiver russe... la température est de moins 40 degrés Celsius, ils sont mal équipés, les ordres du Q.G. Italien sont contradictoires, ils doivent marcher dans la neige et le gel.

Ringoni Stern se révèle un excellent chef, courageux, attentif à ses hommes et apprécié par eux.
Il voit cependant son bataillon se réduire de jour en jour, surtout après la bataille de Nikolaevka.
Les hommes marchent, marchent, portent un lourd sac à dos, tombent, gèlent, ont faim, sont épuisés, subissent les attaques des partisans.
Ils cherchent des abris chauffés, sont aidés par les paysannes russes qui leur offrent un quignon de pain.
Ils n'aspirent qu'à une chose, rentrer sains et saufs dans leur village et retrouver les leurs. le sergent est assailli régulièrement de la demande (formulée en dialecte) « Sergent-Major, arriverons-nous à la maison ? »

Il y a un très bel épisode dans ce livre : l'auteur entre dans une isba occupée par des soldats russes en arme, une femme lui apporte à manger, il mange, le temps n'existe plus, les Russes, la femme et les enfants le regardent manger; en sortant il remercie les Russes avec un « spasiba » et reçoit de la paysanne du miel.
Cet épisode est important car il nous montre qu'il reste toujours de l'humanité en l'homme.

Il n'y a aucune animosité contre les Russes chez les Italiens, et ce contrairement à l'armée allemande, ils comprennent que les Russes défendent
leur patrie contre l'envahisseur. ils n'ont pas demandé cette guerre.
Les quelques survivants arriveront finalement à un campement allemand d'où ils pourront rejoindre leur pays.

Le récit nous montre la cruauté de la guerre, qui entraîne malheur et désespoir mais aussi la profonde humanité de l'homme dans cette barbarie, et l'espoir qui les maintient en vie. Très présente également la nostalgie du pays, le désir de retrouver ses proches.

C'est un récit poignant, c'est un livre à lire.
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Très beau plaidoyer contre la guerre écrit, sans fioritures, par Mario Rigoni Stern un homme intègre.
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Pour Leibniz les différentes perspectives sous lesquelles on regarde le monde forment une infinité d'univers parallèles. le roman de Mario Rigoni Stern ouvre l'un de ces univers parallèles sur le front russe, avec le point de vue improbable et « miraculeux » selon le mot de Primo Levi, d'un chasseur alpin italien rescapé. Dans cet univers, Dieu est devenu fou : il a tout mélangé, entraide et violence, beauté et torture. « On aurait dit que les étoiles venaient vous arracher la peau comme des éperons » . Et le temps ne s'écoule plus : demain est un rêve irréalisable, l'incertitude n'est pas l'apanage de l'avenir, mais de l'immédiat. Rigoni Stern raconte les fragments poétiques d'une débâcle, une colonne infinie de soldats couverts de poux, qui zigzaguent dans la steppe en mangeant des poignées de neige, des épluchures, des chèvres, des poules, de l'antigel, tout ce qu'ils trouvent. Et le vide monochrome qui l'envahit. «Tout est de la même couleur. Les paupières se ferment toutes seules, la gorge est pleine de cailloux qui s'entrechoquent. Nous sommes sans jambes, sans bras, sans tête ». Comme Giono, Rigoni Stern se bat avec un fusil sans munitions et un coeur sans haine. Il raconte des bribes de vie dans l'apocalypse, ses rêves de fiancées, de fleurs et de villages de montagne, les paysans russes qui partagent du lait et du miel, les alliés de l'Axe, hongrois, roumains, blessés, gelés, affamés, désarmés, les allemands qui troquent leurs panzers contre des mules des alpes, les soldats de l'armée rouge dont il croise par erreur le regard bleu effaré. « Où étions nous cette nuit là ? Sur une comète ou un océan? Il n'y avait plus de fin à rien ». Cette longue marche vers l'Ukraine, jusqu'au printemps 43, par moins quarante, fit cinq fois plus de victimes que les combats.
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Lu il y a peu « A l'Ouest rien de nouveau ». En lisant les premières pages de « le sergent dans la neige », j'ai l'impression d'entamer le deuxième tome de la même histoire, la suite du premier ouvrage.
Une autre guerre, à peine trente ans plus tard, dans d'autres lieux. A l'Est, pendant l'hiver 1942-1943, la guerre fait autant souffrir les hommes qu'à l'Ouest pendant les années 1914-1918. Rien de nouveau.
Et pourtant le sentiment de découvrir des ravages inédits. Ceux d'une retraite catastrophique, d'une débandade mortifère, dans l'immense hiver russe.
Avant que l'ordre n'en soit donné, Mario Rigoni Stern, qui raconte ses souvenirs, était en avant-poste avec ses hommes, sur le Don, les troupes russes visibles en face, sur l'autre rive. Par touches rapides, Rigoni évoque les lieux occupés, presque vivables, et les soldats autour de lui, chacun son caractère, d'une humanité qui déborde les pages du livre. Celui qui jurait et blasphémait pour un oui pour un non, celui qui se taisait, le jeunot qui recevait des lettres de sa « moureuse », celui qui demandait dix fois par jour : « Chef, on la reverra-t-y, la maison ?».
Mais qui à eux tous, formaient une formidable équipe de camaraderie, de solidarité et de courage, sous la responsabilité de Rigoni qui s'inquiétait de leur moral et de leur résistance, à en perdre son propre sommeil.
Et puis, les avant-postes étant presque encerclés par Russes, l'ordre du repli a été donné. Rigoni en a pleuré, ses hommes en ont été aussi déchirés que lui.
Cela contrarie un peu ce que j'avais entendu de la piètre réputation des troupes italiennes…

Commence alors une marche (à pied, faut-il le préciser ?) interminable, de jour et de nuit, dans un froid polaire, de la neige, souvent jusqu'aux genoux, avec des escarmouches et des affrontements contre les Russes, qui blessent et qui tuent. Une colonne dont Rigoni parfois ne voit plus la fin sur la neige de la steppe, des hommes qui progressent sans ordre, s'égarent, se retrouvent, cherchent un peu de chaleur et de repos dans les isbas de rencontre, de la nourriture aussi puisque le ravitaillement est devenu sporadique, aléatoire.
Et arrive la journée du 26 janvier 1943 dont la violence va anéantir chez Rigoni toute volonté autre que celle de marcher encore, toujours.

Ils seront peu nombreux, parmi les Alpini engagés sur le front russe, à « revoir la maison ».

Un livre indispensable, pour l'histoire – on nous apprend bien peu ce qu'ont vécu « nos ennemis » pendant les guerres – pour l'humanité dont un homme est capable au milieu des tueries, pour le savoir de ce qu'il peut endurer avant de renoncer à lui-même.

Et j'allais oublier de remercier Florence qui m'a fait découvrir l'auteur et ce titre en particulier.
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Dans ce livre, on suit, pas à pas l'auteur tout au long de la retraite des soldats italiens face aux Russes. Il nous raconte les faits comme il les a vécus, le froid, la faim, les stratégies des gradés et leurs lots de bêtises les ordres contradictoires et la fraternité existant entre lui et ses hommes et parfois même avec « l'ennemi ».

L'auteur nous donne des détails sur son ressenti par rapport à l'absurdité de la guerre et aussi la façon dont il se comporte avec ses hommes.

Il ne nous fait pas de révélations fracassantes, mais raconte sa vie et son ressenti au jour le jour. C'est son premier livre, écrit dans un style narratif simple, sans fioritures avec beaucoup de descriptions, mais de façon très émouvante car sincère. « Les doigts n'obéissaient plus au cerveau ; je les regardais comme s'ils ne m'appartenaient plus et j‘avais envie de pleurer sur mes propres mains qui ne voulaient plus être à moi. » P 78

Il parle avec son coeur de sa guerre et il sait nous toucher. « Nous avions l'impression que d'un moment à l'autre, nous allions nous abattre comme de jeunes sapins ployant sous le poids de la neige. » P 73. On marche avec lui dans la neige.

Donc une écriture simple mais belle, on n'est pas dans l'exercice de style car l'auteur est toujours au plus près de la réalité, du quotidien des soldats.

J'ai donc lu ce livre grâce à une amie que je remercie vivement car je ne connaissais absolument pas l'auteur et j'ai passé un bon moment.

Note : 7,3/10
Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
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Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
L'endroit avait été rendu célèbre par les partisans. Même les Allemands n'osaient y aller. C'est nous qu'on y envoya. Le starosta du village nous prévint qu'il devait nous répartir entre les familles afin que la charge ne fût pas trop lourde pour la population.. L'isba où l'on m'accepta était vaste et propre. Des gens, jeunes et simples, y habitaient. Je préparai ma couche dans un coin, sous la fenêtre. Tout le temps que je restai dans cette cabane, je le passai étendu sur un peu de paille. Toujours là, allongé des heures et des heures, à regarder le plafond. Dans l'après-midi, il n'y avait dans l'isba qu'une fillette et un nouveau-né. La fillette s'asseyait près du berceau. Le berceau était suspendu au plafond par des cordes et se balançait comme une barque, chaque fois que le bébé bougeait. La fillette s'installait à côté avec son rouet à pédale et filait du chanvre. Toute l'après-midi, les yeux fixés au plafond ; le bruit du rouet me remplissait tout entier comme celui d'une cascade énorme.
Quelque fois, j'observais la fillette. Le soleil de mars se glissait entre les rideaux ; le chanvre devenait de l'or et la roue étincelait de mille lueurs. De temps en temps, le bébé pleurait. Alors, la petite poussait doucement le berceau et chantait. J'écoutais sans jamais dire un mot. Certaines après-midi, de petites amies venaient lui rendre visite. Elles apportaient leurs rouets et filaient, elles aussi, parlant entre elles d'une voix douce, tout bas, comme si elles avaient craint de me déranger. C'était un murmure harmonieux et le bruissement des rouets rendait leurs voix plus douces encore. C'est ce qui m'a guéri. Elles chantaient aussi. Leurs vieilles chansons de toujours : Stienka Rasin, Natalka Poltawka et les anciennes danses populaires.
Des heures et des heures, je regardais le plafond et écoutais…..
Le bébé dormant dans son berceau de bois qui se balançait légèrement, suspendu au plafond. Le soleil entrant par la fenêtre et le chanvre qui devenait de l'or. Le rouet qui renvoyait mille lueurs, faisant un bruit de cascade. Et la voix de la fillette, chaude et douce, au milieu de ce bruissement...
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C'est comme ça que ça s'est passé. A y réfléchir, maintenant, je ne trouve pas que la chose ait été étrange, mais naturelle, de ce naturel qui a dû autrefois exister entre les hommes. La première surprise passée, tous mes gestes ont été naturels; je n'éprouvais aucune crainte, ne sentais aucun désir de me défendre ou d'attaquer. C'était tellement simple. Et les Russes étaient comme moi, je le sentais. Dans cette isba venait de se créer entre les soldats russes, les femmes, les enfants et moi, une harmonie qui n'avait rien d'un armistice. C'était quelque chose qui allait au delà du respect que les animaux de la forêt ont les uns pour les autres. Pour une fois les circonstances avaient amené des hommes à savoir rester des hommes. Qui sait où se trouvent à présent ces hommes, ces femmes, ces enfants. J'espère que la guerre les a tous épargnés. Tant que nous vivrons, nous nous souviendrons, tous tant que nous étions, de notre façon de nous comporter. Surtout les enfants. Si cela s'est produit une fois, ça peut se reproduire. Je veux dire que cela peut se reproduire pour d'innombrables autres hommes et devenir une habitude, une façon de vivre.
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Apprenant que Rino est dans une isba tout près, je vais le retrouver. J'ai envie de l'avoir à mes côtés, cette nuit. Je fais rôtir un morceau de porc sur les braises et nous mangeons tous les deux. Enfin, nous nous étendons sous les couvertures et les capotes. Le chaleur d'un corps réchauffe l'autre. L'haleine de l'un réchauffe le visage de l'autre. Nous entrouvons les yeux par instant, pour nous regarder. Que de souvenirs se nouent dans la gorge. Je voudrais parler de notre maison, de nos proches, des filles que nous aimons, de nos montagnes, de nos amis. Tu te rappelles, Rino, la foi où le professeur de français a dit :"Une pomme pourrie peut pourrir une pomme saine, mais une pomme saine ne peut pas guérir une pomme pourrie" ? La pomme pourrie, c'était moi ; toi, tu étais la pomme saine. Tu t'en souviens, Rino ? Moi, j'avais toujours de mauvaises notes. J'ai tant de choses à te dire et je ne suis même pas capable de te souhaiter une bonne nuit.
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Il y a là des soldats russes. Prisonniers ? Non. Ils sont armés. Et ils ont l'étoile rouge sur leurs bonnets ! Moi, je tiens mon fusils. Pétrifié, je les regarde. Assis autour d'une table, ils mangent. Ils se servent en puisant dans une soupière commune, avec une cuiller en bois. Et ils me regardent, la cuiller immobilisée à mi-chemin de la soupière. Je dis : « Mnié khocetsia iestj. » Il y a aussi des femmes. L'une d'elle prend une assiette, la remplit de lait et de millet à la soupière commune, avec une louche et me la tend. Je fais un pas en avant, j'accroche mon fusil à l'épaule et je mange. Et le temps n'existe plus. Les soldats russes me regardent. Les femmes me regardent. Personne ne souffle. Il n'y a que le bruit de ma cuiller dans l'assiette. Et de chacune de mes bouchées.
- Spaziba, je dis en finissant.
- La femme reprend l'assiette vide que je lui rends et répond simplement :
- Pasa usta.
Les soldats russes me regardent sortir sans bouger.
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Je ne restais pas longtemps dans la tanière à présent. J'étais tout le temps dans les tranchées, sur le talus descendant jusqu'au fleuve, avec des grenades et mon mousqueton. Un tas d'images me passaient par la tête, je revoyais des moments indéfinis du passé et le souvenir de ces heures-là m'est demeuré cher. Il y avait la guerre, cette guerre au milieu de laquelle je me trouvais, mais je ne vivais pas la guerre, je vivais intensément les choses à quoi je rêvais, dont je me souvenais, qui devenaient plus réelles que la guerre. Le fleuve était gelé, les étoiles glacées, la neige, du verre, la mort attendait sur le fleuve, mais j'avais en moi une chaleur qui faisait fondre tout ça.
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"Altipiano ou cheminer avec Mario Rigoni Stern", Loïc Seron, éd. Rue d'ULM EDS
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Entretien mené à l'Abbaye de Jumièges. (Département de la Seine-Maritime)
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