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Citations sur L'île paradis (1)

ONZIÈME ÉPISODE
Scène 88
Le même jour vers le soir. Le soleil décline. Dans les cabanes, les femmes sont en train de préparer le repas du soir; de temps à autre l'une d’elles se montre à la porte ou sur la véranda, parfois appelle un enfant. Tout est paisible. ,
Devant la maison de Christian va bientôt avoir lieu l'assemblée. A l'exception de McCoy et de Williams, tous les marins sont arrivés, ainsi que tous les Polynésiens mâles, et les femmes de ces deniers: Tinafornea, Vahineatua et Tufaiti (seule manque Mareva); aux côtés de Young, il y a aussi Suzanna. Quelques uns des participants sont assis sur le rebord de la terrasse de Christian, d'autres sur des billots, des bancs, etc., d'autres encore sont debout; ils forment approximativement un cercle. Les six Polynésiens se tiennent groupés, soupçonneux. Young respire par moments avec peine, son asthme le fait visiblement souffrir.
Suzanna, à Young: Je vais te chercher un peu d’eau, Neddy?
Young, bien qu’il ait de la difficulté à respirer fait non de la tête. C’est inutile Suzanna.
Enfin arrivent McCoy et Williams.
CHRISTIAN, assis au centre de la terrasse: Ah, voici Williams et Mc Coy. Bon, tout le monde est là.
Un temps. Williams et McCoy prennent place.
WILLIAMS: Salut.
Quelques uns des présents répondent à son salut.
Scène 89
CHRISTIAN: Nous pouvons commencer. Un temps. Nous devons prendre des décisions à propos des semailles, vous le savez. Cette année, nous avons cultivé plus de terre qu’il n’était nécessaire, et..
McCoy, levant le bras, l'interrompt: Un moment.
CHRISTIAN: Qu’y at-il, Mac?
MC COY: Un moment.
CHRISTIAN: Alors?
MCCOY, d'un air buté: Avant de parler de la terre, il y a autre chose dont nous devons parler; quelque chose de plus urgent.
CHRISTIAN: Mais... en voilà des manières.
MC COY: C’est Williams, ici, qui doit en parler.
YOUNG: Qu’il attende son tour. Il a une longue quinte de toux. McCoy, s’entête: Non, Neddy, non. Williams doit parler tout de suite. Pas vrai, Williams? WILLIAMS: Oui, c’est exact. D'un ton embarrassé. C’est à propos de... de mon... de mon mariage. Je veux me remarier. C’est tout.
CHRISTIAN: Comment, c’est tout? Qu’est-ce que c’est que cette histoire que tu nous sors?
MCCOY: C’est une histoire très claire. Sa femme Fahotu est morte, non? Et maintenant il veut se remarier. Rien de plus clair.
CHRISTIAN: Mais... Un temps. Écoutez, essayons de raisonner avec notre tête.
MC COY: Certainement.
CHRISTIAN: C’est une nouvelle si extravagante que... En tout cas le sujet n’est pas à l’ordre du jour.
MC COY: Sil n’était pas à l’ordre du jour, nous, on y met maintenant. Un temps. Est ce qu’on est au Parlement de Londres, ici? Williams veut se remarier. Plus précisément, inutile de perdre notre temps, il veut Tufaiti. Nous devons décider si on la lui donne ou non. Voilà, je demande qu’on vote là dessus.
TUFAITI: Il me veut, moi? A Williams: Tu me veux? Sur le moment, elle paraît plus surprise qu’autre chose.
WILLIAMS, hoche la tête: Oui.
Tararo: Eh là, mais... Tufaiti est mon épouse .Tararo avance résolument de quelques pas, prend Tufaiti par un bras et la place derrière lui: toi, reste ici, derrière moi.
CHRISTIAN, se lève: Holà, un moment, qu’est-ce que c’est que cette histoire? Mac, Williams, vous êtes devenus fous? Comment l’assemblée pourrait-elle enlever son épouse à un homme pour la donner à un autre? Vous avez perdu la tête ?
Tararo, avec colère, à McCoy et Williams: Misérables!
MC COY: Fais attention à ce que tu dis, macaque. Il fait le geste de se jeter sur Tararo; Smith, qui est près de lui, le bloque vivement en l'entourant des deux bras.
SMITH: Du calme, Mac, du calme.
MC COY: Je suis calme, n’aie pas peur. C’est lui qui. .. allez, lâche-moi.
Smith le lâche.
OHU, faisant quelques pas en avant, à Christian; il montre Mc Coy: Il a passé toute la journée à monter les autres. Tout le temps de la pêche il n’a fait ça. Il m’a même insulté. J’ai dû quitter la yole et partir à la nage.
MC COY, d’un air torve: Encore toi, Ohu; cochon d’espion.
CHRISTIAN: Mais... Mc Coy!
OHU : Voilà, vous le voyez? À Mc Coy: Vous auriez plutôt dû penser à la pêche. Peut-être même que vous auriez pris quelques poissons, vous aussi.
MC COY, furieux: Espèce de satané merdeux.
Les Polynésiens tressaillent de colère.
MILLS: Du calme, Mac, du calme, vous autres. Mac, qu’est-ce que tu crois pouvoir faire, avec ces manières? Si tu agis comme ça. . .
WILLIAMS, à Mc Coy: Oui, n’exagère pas.
MINARI, très inquiet: Tararo, Ohu, calmez-vous, vous aussi.
Tararo: Mais. . .
MINARI, l interrompant: Calmez—vous!
CHRISTIAN: Jusqu’à aujourd’hui, nous nous sommes tous bien entendus sur cette île. Pourquoi tout d’un coup devrions—nous tout gâter?
TUFAITI: Monsieur Christian a bien parlé.
CHRISTIAN: Essayons donc de raisonner. Un temps. Il ne faut pas de malentendu: le mariage est une chose qui regarde les deux intéressés et eux seuls.Si deux personnes veulent vivre ensemble, se marier, l’assemblée ne peut pas les en
empêcher. Et de même s’ils veulent se séparer, divorcer: c’est une affaire privée.
MC COY: C’est vous qui le dites.
YOUNG: Bien sûr qu’il le dit. Et je le dis moi aussi; n’importe qui avec un atome de cervelle le dit. Si Tararo et Tufaiti se trouvent bien ensemble...
Parce que vous vous entendez bien, n’est-ce pas? Il a de nouveau de la peine à respirer. ’
Tararo: Ah, mais ça va de soi!
YOUNG: Voilà. Tu es aussi d’accord, Tufaiti?
TUFAITI, hésitante: Oui, nous sommes bien ensemble. Pourquoi ne devrions-nous pas être bien? Mais....
YOUNG, essayant de poursuivre: Par conséquent....
WILLIAMS, l’interrompt. Elle dit « mais ». Laissez-la finir, Neddy.
Silence. Tous regarde la femme.
TUFAITI, montre Williams: Je voulais dire que lui aussi me plaît. Alors si vraiment il veut coucher avec moi....Pourquoi Tararo devrait l’empêcher?
MC COY : Bien dit, Tufaiti. Aux autres. Vous avez entendu?
CHRISTIAN: Tufaiti, ici nous ne sommes pas à Tahiti, où... Ici le mariage n’est pas un jeu.
TUFAITI: Alors je ne peux pas?
CHRISTIAN: Je ne dis pas que tu ne peux pas, mais. . . En tout cas la question n’est pas là. La question est: est-ce que tu veux rester l’épouse de Tararo, ou
quitter Tararo pour le prendre, lui. Il montre “Williams.
TUFAITI: Je les veux tous les deux.
MC COY, éclate d’un rire gras: Elle est bien bonne, celle-là.
Plusieurs autres rient.
WILLIAMS: Tufaiti. Là-dessus je ne suis pas d’accord. Je ne veux pas partager ma femme avec un autre.
Tararo, très en colère. Moi non plus je ne veux pas.
OHU: Alors, vous les Blancs, vous n’en avez pas encore assez, de toutes les femmes que vous avez prises pour vous?
MINARI: Du calme. À Tufaiti. Tufaiti, essaie de réfléchir. C’est très sérieux. Avant tout: tu veux ou non rester l’épouse de Tararo?
TUFAITI: Je peux parler?
MINARI: Certainement.
TUFAITI: Librement?
MINARI: Bien sûr, librement. Mais réfléchis bien, tu ne joues pas.
TUFAITI: Moi, pour cette saison, ça me plairait d’être la femme de Williams.
YOUNG: Pour cette saison?
MC COY: Et voilà. Comme ça, tout juste. Et puis elle y repensera. Et pourquoi pas, elle pourra se séparer à nouveau et redevenir la femme de Tararo, ou de qui elle voudra. Aussi simple que ça. Voilà la vraie liberté.
WILLIAMS, à Mc Coy: Eh là, s’il te plaît, pas de blague.
OHU, à Tararo: Attention, une fois qu’ils l’auront prise pour eux, les Blancs ne la lâcheront plus.
Tararo, avec colère: Tufaiti, maudite chienne. Tourné vers Christian et les Blancs: À Tahiti, dans mon clan, ce n’est pas permis. Chez nous... Il s’interrompt; long silence. Il se tourne, tremblant d’indignation, vers les autres Polynésiens:
Mais nous, ici, nous ne pouvons pas discuter. . . Vous le voyez, non.Ca suffit, allons nous en.
Il part sans plus attendre. Seul Ohu le suit.

Sur le village s’est abattue l’inquiétude....






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