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Critique de berni_29


Je referme ce court recueil de nouvelles, La porte condamnée et autres nouvelles, quatre nouvelles extraites d'un autre recueil plus fourni de Julio Cortázar, Fin d'un jeu et je me pose encore cette question lancinante qui me taraudera peut-être le coeur à jamais : qui avait-il au juste derrière la porte condamnée ?
Une invasion de fourmis dont les nids prolifèrent dans les jardins des voisins ? Une mystérieuse jeune femme seule dans sa chambre d'hôtel d'où la nuit viennent les pleurs d'un enfant ? Un orchestre symphonique dont le final se termine en bacchanale ? Un accident de moto qui plonge la victime dans un monde onirique ?
Chaque nouvelle est une histoire ordinaire arrachée à un quotidien désopilant... Mais chacune d'entre elles est une porte qui déchire le réel et s'ouvre brusquement sur le fantastique, mais un fantastique qui dit à peine son nom. Il y émane quelque chose d'étrange, d'inquiétant, d'envoûtant, de presque dérangeant.
Ce sont tour à tour les yeux d'un enfant, ceux d'un insomniaque, d'un mélomane, d'un blessé qui nous invitent à venir au devant de l'imaginaire... La force de chaque récit est de savoir nous plonger en dedans d'un tableau tout en continuant de le contempler comme je devenais à la fois sujet et objet d'une contemplation.
Il y a dans chacune de ces histoires une force d'évocation insoupçonnée qui traverse de manière souterraine les pages qui deviennent sables mouvants, séismes, plongées abyssales en un univers brusquement irrationnel où la raison perd pied peu à peu...
C'est une porte sur l'humanité où les chemins s'égarent pour revenir à la réalité.
J'étais là justement dans cette chambre d'hôtel à tenter d'écrire mon billet sur ce livre qui m'avait envoûté et ému, lorsque les pleurs se firent de nouveau entendre de l'autre côté de la cloison. Je m'approchais de la porte, la porte condamnée, qui me séparait de cette autre chambre de l'autre côté du décor... Elle était verrouillée et quand bien même en aurais-je possédé la clef, je ne suis pas sûr que j'aurais eu le courage de l'ouvrir, franchir le pas.
Le gérant de l'hôtel m'avait affirmé que la jeune femme était seule, qu'aucun enfant ne l'accompagnait. Pourtant, à ce moment-ci j'aurais juré que ce n'était pas vrai...
Nous étions au milieu de la nuit. Un enfant continuait de pleurer de l'autre côté de la porte... Alors je ne sais pas ce qui m'a pris, je décidai brusquement de descendre à la réception, je descendis sur la pointe des pieds, muni d'une lampe-torche. Je balayai du faisceau de ma lampe le comptoir de l'accueil, le mur, le tableau des clefs... Une seule y était encore fixée, comme si elle m'attendait. Il y avait une petite étiquette accrochée à celle-ci. Je savais qu'il était déjà trop tard pour faire machine arrière, mais j'étais comme happé dans un élan vers l'impossible. Sur la petite étiquette étaient écrits ces trois mots : la porte condamnée...
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