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Critique de Dez54


Avec Marelle (transcrit de l'espagnol Rayuela), l'écrivain argentin Julio Cortázar signe en 1963 un roman expérimental, singulier et surréaliste, qui apparait comme une tentative de déconstruire le roman traditionnel.

L'auteur nous propose deux sens de lecture, un premier qui reprend dans un ordre linéaire les 56 chapitres qui composent une grosse moitié du livre, un deuxième qui nous proposent d'alterner entre ceux-ci et les chapitres composant la seconde partie du livre (on y retrouvera d'autres fragments de l'histoire principale mais aussi des critiques, des réflexions, des articles etc.). Ce « choix » laissé au lecteur est finalement assez factice, la première option revenant à s'asseoir sur plus de 200 pages et sur la principale particularité du livre. La seconde solution a en outre son originalité, l'avantage de faire perdre ses repères au lecteur, à le pousser à s'égarer dans le livre.

Sur le fond de l'histoire, on remarquera un travail brillant sur la construction des personnages, notamment ceux de la Sybille et d'Horacio ainsi que sur la folie douceâtre qui s'empare peu à peu de ce dernier. Brillant également le jeu de miroir entre les différents protagonistes (La Sybille / Talita – Horacio / Traveler).

Autre point fort du roman, l'ambiance du Paris des années 1950 où se déroule la majorité du roman, est très prégnante : On y retrouve le jazz, les réunions enfumées d'intellectuels (les fameuses réunions du Club qui occupent une bonne partie du roman), les idées foisonnantes et ses personnages pittoresques. Ajoutons à cela l'humour fin et absurde de Julio Cortázar, très appréciable, qu'on retrouve saupoudré tout au long de l'ouvrage.

L'intrigue principale, elle, est assez mince pour un roman de cette taille, le plus souvent on suit simplement le personnage d'Horacio Oliveira, immigré argentin à Paris : sa romance avec la Sybille, femme aussi mystérieuse qu'attachante, les réunions et débats intellectuels avec les membres du Club puis sa fuite (ou sa dérive) en Argentine.

Principal point noir, un manque de fluidité de la lecture et des longueurs qui pèsent sur l'intérêt du lecteur : il faut avouer que l'intrigue minimale, le manque d'enjeux palpables, le découpage singulier évoqué plus haut, tout comme les méditations très abstraites (parfois accompagnées d'un style volontairement pédant) des personnages m'ont procuré un certain ennui qui n'est que trop rarement tempéré par quelques fulgurances jubilatoires issues de l'esprit d'Horacio.

C'est un livre hors norme, qui apparait comme une transposition littéraire de la Nouvelle Vague du cinéma français au travers duquel on sent nettement l'ambition de Julio Cortázar de déconstruire la littérature traditionnelle. C'est une belle ambition mais qui produit, au final, une expérience de lecture très exigeante et qui ne fut pas à mon gout.
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