Il plaça ses mains en visière pour se protéger de la neige lui brûlant le visage, et secoua sa barbe chargée de stalactites glacées. Ses habits détrempés, recouverts d’une épaisse couche de givre, étaient devenus rugueux, cartonnés par le froid.
Grelottant, il reprit la marche. Ses pas s’enfonçaient dans la neige à hauteur de genou. A bout de forces, il déboucha sur une crevasse large et profonde, dont les parois nues se perdaient dans l’obscurité. Le vent, en s’y engouffrant, prenait une voix plaintive et dérangeante.
Le refuge
L’adolescente se précipita vers la sortie en soutenant sa hanche meurtrie, et se retrouva dans le jardin, uniquement vêtue de mousse collée à sa peau. Dévalant la pente glacée dans la lumière déclinante, elle traversa sans la voir une étendue d’orties et sautilla en gémissant.
Éclosion
La réception était vide. Derrière le comptoir, par la porte entrebâillée, une télévision diffusait les images en noir et blanc d’une lune brumeuse. Une mélopée aigüe rythmait la lente disparition de l’astre sous l’horizon.
Trépignant d’impatience, Théophile fouilla la pièce du regard à la recherche de son hôte. A côté de l’appareil se trouvait un calendrier jauni de l’année 1964. Une croix rouge désignait le 19 juin. Un pied de lit de profilait dans l’encadrement de la porte, au milieu d’un fatras de livres et de boites de conserve.
Hôtel Wolff