Prendre des figues californiennes, presque à maturité...
Le Jazz, toujours un doigt sur la carotide du temps.
[...] – Thel… Si je te dis qu’on a un macchabée black overdosé, tu restes scotché à ta moleskine. Si je rajoute qu’il a une veste en anaconda digne de Nicolas Cage dans Sailor et Lula, tu ouvres un œil torve. Mais que me répond Sa Seigneurie si je lui dis que notre gars a une prothèse genre bionique à une jambe ?
– Que Steve Austin a fauté ...
[...] Il était temps de quitter notre posture masculine de monolithes d’une île de Pâques de l’amour qui verrait les flottilles de la gent féminine voguer vers le large, les voiles gonflées.
[...] Je m’empressais de rendre service. Le paradoxe ? In fine, je ne sauvais pas grand monde et tous les fuyards du bonheur qui s’étaient collés au pare-brise de ma vie m’en voulaient d’avoir tenté de les sortir de leurs marigots. Mes nouveaux défis : actionner les essuie-glaces et apprendre à dire non.
[...] J’ai croisé beaucoup de soldats estropiés sur différents fronts, ils avaient tous des prothèses de base. C’est d’ailleurs une honte quand on y pense. Et puis ces prothèses modernes ne se trouvent pas dans le commerce.
– Comment un amputé pourrait-il s’en procurer ?
[...] Son parfum la précéda. Puis la fine ligne de soudure de ses bas qui enfermaient des jambes galbées, césure de deux grains de blé blonds émergeant d’escarpins de prix et ne cessant de s’allonger jusqu’à l’ombre d’une jupe bleu marine. Arrivée à la table de conférence, elle posa précautionneusement son manteau et se retourna avec grâce pour contempler l’assistance en majorité masculine.
Hello Sweety, jene te réveille pas ?
Pas en bigoudi et avec les ongles tout juste vernis, me répondit Carol dans bun bâillement exagéré. J'allais t'appeler.
Tu te fais belle pour moi ?
Comment tu as deviné, mon prince charmant ? Note que je ne tel'ai jamais dit, mais tu as beaucoup de charme : ta fossette, ton menton carré, tes yeux bleus, ton sourire, ta dégaine à la Sean Connnery et tes faux airs de Bill Murray...
Tu me dragues là ?
Tu pourrais être mon père ! Ah, si tu avais vingt ans de moins...
Je ne veux pas vous choquer Thel, mais ...arrivés à ce stade de la maladie, les gens en paix avec eux-mêmes laissent leur âme partir. Aidez-là à passer ce cap.
- Nous avons beaucoup parlé de moi, Thel. Qu'en est-il de votre côté ?
Passant sur le cimetière que je trimballais dans la poitrine, j'édulcorai l'essentiel de ma vie, insistant néanmoins sur mon actuel célibat, hameçon malhabile devant une truite pareille.