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Critique de Melisende


Nadia Coste est une autrice que j'affectionne beaucoup depuis ma découverte de sa série Fedeylins, série qui reste pour moi une des lectures les plus marquantes de ces dix dernières années. La sortie de Rhizome m'intriguait car sa thématique écologique entre dans mes questionnements actuels.
Si l'autrice avait jusque là habitué son lectorat à des incursions dans la fantasy ou dans la littérature contemporaine adolescente, la voilà qui s'essaye ici à la science-fiction. Et le pari est réussi.

Je dois avouer que si le nom de Nadia Coste n'avait pas été inscrit sur cette couverture, je ne me serais sans doute pas penchée sur ce livre et ne serais donc pas aller lire le résumé. Ces illustrations sous forme de portraits en gros plan ne m'attirent que moyennement, quel que soit le personnage mis en avant.
Il s'agit ici du héros – Jaro – et je ne peux que saluer le choix de l'autrice : un personnage principal masculin (les filles ont beaucoup été sur le devant de la scène ces dernières années dans les publications adolescentes et young adult), et qui plus est, un héros noir. Je ne connais pas toutes les productions éditoriales françaises pour la jeunesse mais je crois qu'il y a encore trop peu de héros et héroïnes non-blanc(he)s. Alors pour ça, merci Nadia Coste.

Jaro donc, est un jeune homme brillant, chercheur en biologie. Il étudie ces plantes ramenées d'une autre planète, utilisées sur Terre depuis plusieurs années pour purifier l'air et l'eau. Indispensables à la survie de l'humanité, elles sont pourtant mal aimées, parquées, domptées, incomprises, à la fois adorées et haïes.
Bien qu'il les étudie et ait donc un fort intérêt pour elles, Jaro suit le mouvement et considère les plantes comme tout le monde : faisant partie du décor, utiles mais devant rester à leur place. Pourtant, au fil du roman, il va prendre conscience de ce qui l'entoure véritablement et de la vie qu'il mène un peu trop passivement. Il va évoluer – c'est le cas de le dire ! – et s'affirmer. Humain lambda vivant sa vie sans trop se poser de questions, Jaro va devenir un personnage clef pour le futur de l'humanité.

Le seul petit bémol pour moi réside dans la vitesse d'acceptation de « l'inimaginable ». Oui, Jaro le vit de très près donc on peut comprendre qu'il adhère aussi vite à la situation étrange. Mais ceux qui l'entourent ne sont que spectateurs ; pourtant, ils acceptent très rapidement l'explication qu'on leur offre. Trop rapidement sans doute et quasiment sans hésitation.
C'est un peu trop gros pour être tout à fait crédible mais la brièveté du roman en est sans doute la cause. Difficile de développer dans le détail la psychologie de nombreux personnages sur moins de 400 pages, c'est donc effleuré. Pas maladroitement mais de façon un peu précipitée. Malgré tout, les thématiques qu'aborde Rhizome sont bel et bien là et c'est le principal.

La question de l'écologie est évidemment de première importance mais pas seulement. Derrière cette thématique, Nadia Coste parle également de tolérance et de racisme : les plantes dérangent avant tout parce qu'elles viennent d'ailleurs et envahissent… Comprenez ce que vous voulez.
Tout cela nous est présenté dans un monde futuriste où la technologie a continué à prendre de plus en plus d'importance dans le quotidien de chacun. Plus de smartphone au creux de notre main mais un implant directement relié au cerveau de chacun, par exemple… et ce sont des expériences déjà mises en oeuvre dans notre monde réel et actuel ! Nadia Coste s'est documentée et inspirée des dernières avancées technologiques pour finalement nous proposer quelque chose de très réaliste et de très réfléchi. Et la science-fiction pour moi c'est ça : une réflexion sur un hypothétique futur en partant de réalités actuelles.

D'ailleurs, l'ensemble du roman est dédié à la réflexion et à la communication, jusqu'au message que, personnellement, j'adore et tente d'appliquer au quotidien : respect, équilibre et harmonie. L'action n'est pas au coeur du texte, ce qui pourra peut-être manquer à certains lecteurs. Et pourtant c'est étrange d'écrire ça car justement, la prise de conscience de Jaro amène justement à une action… globale.
Certes la plume de Nadia Coste est fluide, oui il n'y a pas de scènes de violence qui pourraient choquer les plus jeunes lecteurs mais Rhizome n'est à mon avis pas un roman jeunesse pour autant. Les aspects scientifiques, technologiques et éthiques me semblent difficilement abordables pour les plus jeunes lecteurs.
Au début de ma lecture, alors que les scènes d'exposition défilaient sous mes yeux, j'avais l'impression de lire un roman de René Barjavel. Ce qui est un gros compliment pour moi, l'auteur célèbre pour ses romans d'anticipation ayant eu une grosse importance dans ma vie de lectrice. J'imagine donc que Rhizome pourrait convenir à des lecteurs de 15/16 ans et plus ; de toute façon, les héros sont de jeunes adultes terminant leurs études et en passe d'entrer dans le monde du travail.

Rhizome est un roman un peu en dehors de ce que nous propose la production éditoriale ces dernières années, aussi bien en ce qui concerne la construction du récit que le choix du héros, surprenant à plus d'un titre. Si les considérations écologiques, éthiques et technologiques vous intéressent ou si vous souhaitez offrir une réflexion à des adolescents/jeunes adultes dans votre entourage, ce nouveau roman de Nadia Coste devrait vous convaincre.
Lien : http://bazardelalitterature...
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