Quand le bonheur s'en mêle

Je découvrais, pour la première fois de ma vie, la joie que peut apporter l’amitié
et l’ivresse qui accompagne l’amour, et ces découvertes faisaient redoubler mes larmes, parce que je pleurais autant de tristesse que de bonheur. De bonheur parce qu’il n’y avait rien de plus merveilleux, de tristesse de ne pas avoir connu cela plus tôt et aussi parce que je n’entrevoyais pas d’avenir pour un tel amour.

Ce qui fait la beauté de l’amour, c’est justement cette folie, cette démesure, l’écart infime qui sépare le ciel et l’enfer.

Peu importe finalement qu’on soit muet, sourd ou aveugle. L’amour nous rend au centuple ce que la vie a omis de nous donner.

Tant de gestes avaient compté dans ma vie, des gestes qui m’avaient réduite au silence bien plus sûrement que le fait d’être muette. Aujourd’hui, le silence de ma vie avait pris fin. Don, Chloé, Julie, Charles et toute ma nouvelle famille m’avaient redonné la parole.

La vie nous apporte des bonheurs aussi grands que les malheurs dont elle nous a affligés.

Nécessité fait loi.

On est triste quand on doit renoncer à un rêve. On pleure quand on perd quelque chose ou quelqu’un qui nous a appartenu ou qu’on a connu.

L’amour s’était révélé à moi avec l’intensité d’un feu d’artifice, mais j’avais toutefois pris conscience que rien de tangible n’avait changé dans ma vie.

Le malheur est un concept relatif; ce qui nous semble intolérable un jour peut prendre une dimension moins vive à la lumière d’un autre événement.

Ma vie était aussi réglée qu’une horloge, parfaitement prévisible, et il n’arrivait jamais rien que je n’aie prévu. Et ça me convenait totalement.