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Critique de Tomabooks


Comment vous parler de cette découverte ? Comment vous faire ressentir ce que j'ai bien pu lire ici ? Comment vous faire ressentir toute la folie qui émane de ces quasi-400 pages qui te vrillent le cerveau ? Comment vous parler de cette oeuvre tellement sombre qu'elle me hante encore ? Comment vous faire comprendre que lire Biotope, c'est plonger dans quelque chose de toujours plus malsain ?

Inutile de vous faire un dessin, je pense que vous avez compris que David Coulon est une révélation pour moi et que je vais vite m'empresser de découvrir ses autres romans. La chronique va être difficile à écrire, tant j'ai peur de trop vous en dire, mais en même temps de ne pas le faire assez… Biotope est un roman étrange, très noir, hors norme par bien des aspects, mais aussi incroyablement prenant.
Avant de vous parler de son fond, je vais vous parler de sa forme. C'est sans doute ce côté qui m'a le plus marqué au fer rouge… L'auteur écrit comme personne, ça je vous le garantis. L'impression de lire des phrases sorties d'un cerveau malade, dérangé était là. David Coulon joue avec des phrases courtes, revient sans cesse à la ligne, use de répétitions en tout genre et tout cela nous donne l'impression de suivre un homme dont l'esprit se joue de lui. le roman devient ainsi aussi hypnotique que profondément perturbant. On ne sait jamais sur quel pied danser et qu'est-ce que c'est bon ! le romancier est comme un forgeron qui tape sans cesse qui tape sans cesse sur son métal pour que le message entre dans ta cervelle. Ici, on ne fait plus qu'un avec le personnage. On entre directement dans ses pensées, dans son bordel, dans ses peurs, ses doutes, son histoire…


Ils sont nombreux les auteurs à jouer sur la forme tout en oubliant le fond, mais ce n'est pas le cas ici. le roman débute par un tragique accident de la route. le genre qui peut nous arriver à tous que l'on soit la victime (je me rappelle encore très bien du capot de cette clio grise) ou l'auteur de ce drame. Normalement, on prévient les secours et les forces de l'ordre pour que tout soit clair dans la situation. Ici, le personnage préfère maquiller ça de la pire des façons. Pas de bol, il y a des caméras dans la ville… La sentence devient ainsi beaucoup plus lourde. Il perd tout contact avec sa famille, son visage deviendra connu de tous, même en prison et son séjour n'en sera que plus douloureux (je pense à toi petite brosse à chiotte).
David Coulon nous met directement dans l'ambiance avec quelques scènes qui mettent mal à l'aise, mais qui allument une case pas nette dans notre cerveau. C'est trash, mais on veut en voir plus… C'est avec ça que le romancier se démarque des autres. Celui-ci ne nous offre pas du gore pour du gore. Il ne nous plonge pas de plus en plus dans le sale, dans le malaise jusqu'à n'en plus finir, mais il nous apporte des scènes chocs par petites touches, histoire que celles-ci nous marquent à tout jamais ! (et ça marche). Notre côté voyeuriste en aura pour son argent, mais c'est sans compter sur les images qui vont nous hanter…

Biotope, c'est LE roman sur la vengeance. Celle qui tâche bien, celle qui hante, celle qui détruit, celle qui change tout dans la vie. Quand la société devient de plus en plus laxiste, quand il n'y a pas de véritables solutions pour ne plus voir la personne qui a brisé nos vies n'existe pas, alors l'idée de se faire justice soi-même est forte. David Coulon nous plonge dans un jeu dangereux, dans une idée qui peut mal tourner, qui peut détruire encore plus, qui change bien des choses. La loi du Talion est complexe et l'auteur l'a bien compris. Celui-ci joue avec cette idée pour la pousser toujours plus loin, pour nous pousser encore plus dans nos retranchements, dans notre réflexion. On plonge dans cette frénésie, on plonge dans l'horreur, on plonge dans quelque chose qui finit par nous dépasser et on ressort transformé…

Parce que c'est avec ça que Biotope réussit à me retourner. Mon peu d'empathie en a pris un coup et en même temps, je n'ai pas pu m'empêcher de me mettre à la place de certaines familles. Les monstres sont partout. Ils dorment au plus profond de nos êtres et il suffit d'un drame pour qu'ils sortent…
Lien : https://tomabooks.com/2021/0..
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